Bandeau
Interview imaginaire de Jules Verne Anciens Chantiers Dubigeon

5895

Nantes, ville compagnon de la Libération


L'appel du 18 juin et la création de l'ordre de la Libération sont deux éléments intimement liés. En effet, par son discours, le général de Gaulle fait appel aux volontaires pour refuser à ses côtés la défaite face à l'Allemagne et poursuivre les combats. Lorsque le général de Gaulle décide ensuite de créer l’ordre de la Libération en novembre 1940, il institue un hommage national aux actions de résistance exceptionnelles. Entre le 16 novembre 1940 et le 23 janvier 1946 – date de la forclusion de l’ordre – ce sont au total 1036 personnes qui ont reçu le titre de compagnons de la Libération, 18 unités combattantes et 5 villes françaises. La ville de Nantes a elle reçu ce titre le 11 novembre 1941.

Le 18 juin 1940, depuis les locaux de la BBC à Londres, le général de Gaulle invite les Français à le rejoindre sur le territoire britannique, qu'ils soient officiers et soldats de l'armée, ingénieurs et ouvriers de l'industrie d'armement. Cet appel est la réponse de De Gaulle au discours fait la veille par le maréchal Pétain annonçant sa disposition à signer l'armistice avec l'Allemagne.

La création de l'ordre de la Libération

Le 16 novembre 1940, pour rendre hommage à ceux qui s’engagent héroïquement dans la lutte contre les forces d’occupation, le général de Gaulle, alors chef des Français Libres à Brazzaville, créé l’ordre de la Libération. Cette distinction est destinée « à récompenser les personnes et les collectivités militaires et civiles qui se seront signalées d'une manière exceptionnelle dans l’œuvre de la Libération de la France et de son Empire ».

Nantes sous l'occupation

Nantes est la première ville à recevoir cette décoration. Occupée par les troupes allemandes depuis le 19 juin 1940, la ville subit l’autorité des vainqueurs de la guerre-éclair : liberté de circuler supprimée, couvre-feu, censure, réquisitions… Le maire Auguste Pageot, poussé à la démission, est remplacé par Gaëtan Rondeau nommé par Vichy. Aussi, comme dans d’autres villes de France, les forces d’occupation maintiennent l'ordre en pratiquant une politique d’otages ; ainsi 20 notables – 10 à partir de novembre 1940 – sont à tour de rôle désignés comme tels pour une durée de 24 heures.

Malgré cela des signes de résistance existent dès 1940 : fils électriques coupés, affiches lacérées… Des actions structurées sont également organisées : évasion de prisonniers de guerre menée par Léon Jost, destruction de quarante camions allemands par le réseau Bocq-Adam, grenade lancée dans le foyer du soldat allemand par Marin Poirier… Les rapports de la Préfecture constatent malgré tout une attitude correcte de la population nantaise vis-à-vis de l’occupant et un soutien constant à Pétain.

L'exécution des 50 otages

La rupture a lieu en octobre 1941, avec l’exécution des 48 otages, représailles incompréhensibles pour la population nantaise qui avait largement désapprouvé le geste des militants communistes ayant exécuté le FeldKommandant Hotz. L’exécution des otages provoque un retentissement international et le 11 novembre 1941, le général de Gaulle décerne depuis Londres la croix de la Libération à la ville.

« Ville héroïque qui depuis le crime de la capitulation a opposé une résistance acharnée à toute forme de collaboration avec l’ennemi. Occupée par les troupes allemandes et soumise aux plus dures mesures d’oppression, a donné aux Français, par des nombreuses actions, individuelles et collectives, un magnifique exemple de courage et de fidélité. Par le sang de ses enfants martyrs, vient attester devant le monde entier la volonté française de libération nationale. » (Décret du 11 novembre 1941). 

Les villes Compagnon de la Libération au lendemain de la guerre

Dès le 3 décembre 1981, les cinq communes compagnon de la Libération (Nantes, Grenoble, Paris, Vassieux-en-Vercours, Île de Sein), conscientes d'être à terme les seules capables de pérenniser la mémoire de l'Ordre et de diffuser ses valeurs, se lient par un pacte d’amitié. En 1998, une loi anticipe la disparition du conseil de l'Ordre de la Libération en proposant la création du conseil national des cinq communes compagnon de la Libération qui lui succédera. Son installation est prévue lorsque l'Ordre comptera moins de 15 compagnons survivants.

Lors du conseil municipal du 3 février 2006, la Ville de Nantes a choisi de rendre hommage aux cinq communes qui ont été décorées de l'ordre de la Libération  en attribuant le nom « Cinq Communes Compagnon de la Libération » à l'esplanade jouxtant la place du Pont-Morand à l'extrémité du cours des 50 otages. La statue du général de Gaulle inaugurée le 18 juin 2010, a été réalisée par l'artiste Françoise Boudier. Le socle presque plat confère une proximité à cette œuvre de 2,20 mètres de hauteur, présentant le général marchant en tenue de campagne, le képi sous le bras.  Les cérémonies célébrant l'appel du général de Gaulle du 18 juin 1940, jusqu'alors organisées au-devant de la statue du général Leclerc dans le square Amiral Halgand, prennent désormais place sur cette esplanade à proximité du monument des 50 otages.

Perpétuer la mémoire et les valeurs de la Résistance

Coprésidé par un délégué national et à tour de rôle chaque année par une des cinq communes compagnon de la Libération, le conseil national est installé le 16 novembre 2012 à l'Hôtel des Invalides à Paris. En 2013, les conseils municipaux des cinq communes s'engagent par un serment commun à « conserver le souvenir et l’héritage de ceux qui se sont battus pour que triomphent les valeurs de la Résistance, qui sont aussi celles de la République. »

Le conseil national des cinq communes compagnon est en charge de l'organisation des cérémonies commémoratives de l'Appel du 18 juin, de la mise en place d'initiatives pédagogiques, culturelles... il assure également la gestion du musée de l'Ordre de la Libération, institution crée en 1971, le musée qui conserve notamment le collier de l'Ordre fut entièrement rénové en 2016.

Delphine Gillardin
Archives de Nantes
2020

Aucune proposition d'enrichissement pour l'article n'a été validée pour l'instant.

Vous aimerez aussi

Ancien domaine de Grillaud

Architecture et urbanisme

Au cours des siècles, le domaine de Grillaud fut la propriété de familles issues de la noblesse bretonne, puis de la bourgeoisie nantaise. Au 19e siècle, le terrain est morcelé pour...

Contributeur(s) :Philippe Bouglé

Date de publication : 05/01/2022

1877

Ancien pont des Petits-Murs

Architecture et urbanisme

Si le pont des Petits-Murs était toujours en élévation, il relierait l’actuelle place des Petits-Murs à la rue Beaurepaire. Cet édifice doit son nom au fait qu’il était une partie de...

Contributeur(s) :Antoine Pouponneau

Date de publication : 20/02/2023

505

Palais de Justice de Nantes

Architecture et urbanisme/ Les incontournables

Choisi en 1993 lors d’un concours d’Architecture, le projet du Palais de Justice conçu par l’architecte Jean Nouvel a été livré en 2000. Toute l’architecture de cette imposant parallélépipède...

Contributeur(s) :Maison régionale de l'architecture des Pays de la Loire

Date de publication : 07/10/2020

5243