Ancienne féculerie Levesque
Dans la seconde moitié du 19e siècle, une usine est construite à proximité du quai du Cordon-Bleu afin de traiter la mélasse, un sirop obtenu grâce au processus de fabrication du sucre, produite par les raffineries nantaises. Suite à la fermeture de la mélasserie, plusieurs industries se sont succédé sur ce site, à présent investi par la compagnie de théâtre de rue Royal de Luxe.
Une mélasserie au service des raffineries nantaises
Au cours du premier trimestre de l'année 1865, Eugène Bertholomey, ingénieur civil, et Paul Ladmirault, négociant, constituaient pour quinze ans la société Clarification des sirops des Grandes Raffineries de Nantes, commanditée par les Massion-Rozier (rue Richebourg), Gustave Étienne (raffinerie des Ponts) et la société des Raffineries Nantaises (raffineries de Launay et des Récollets) pour travailler exclusivement leurs mélasses. Avant avril 1866, l'usine était construite ex nihilo sur un terrain loué le 1er décembre 1865 au général de Goyon, puis acheté en 1870 par la société. Conçue pour traiter huit millions de tonnes mélasses, l'usine en manqua rapidement et la fermeture des raffineries de la plupart de ses commanditaires entraîna la sienne entre 1872 et 1876.
Ensemble des bâtiments de l’ancienne féculerie Levesque vus de la cour sud
Date du document : 1989
Des usages industriels à l’entrepôt des géants
En 1881, le terrain et les bâtiments étaient partagés entre les commanditaires. Après un projet de transformation en raffinerie (1885-1886) sans suite, Gustave Massion-Rozier et Henri Rougier-Laganne constituaient une société civile immobilière dont, en 1892, Louis Lévesque était le principal actionnaire et la société Louis Lévesque et compagnie le locataire. Une partie de l'usine était louée en 1901 à Émile Gicquiau et Gabriel (?) Fonteneau, qui y créaient sous le nom de Raffinerie de l'Abbaye, une usine d'agglomérés de sucre, transférée quai Magellan en 1902. L'ancienne mélasserie était aménagée en féculerie à une date indéterminée, peut-être avant 1918, date de son acquisition par la société Louis Lévesque et compagnie qui possédait la rizerie du boulevard Jules-Launay. Les locaux auraient servi à la fabrication d'obus pour la société Dion-Bouton durant la Première Guerre mondiale.
En 1943, la société anonyme Wesafic y produisait des aliments pour bétail et de l'engrais. Elle appartenait avant 1981 à la société Wessanen-France SA (filiale de Wessanen, Amsterdam, distribution de produits alimentaires bio), de 1981 à 1994 à la Société d'équipement de Loire-Atlantique (SELA). Elle appartient depuis 1994 à la Ville de Nantes qui l'a fait restaurer. Les locaux sont aujourd’hui occupés par les ateliers de la compagnie de théâtre Royal de Luxe.
Façade est du bâtiment central de l’ancienne féculerie Levesque vue du nord de l'allée entre les bâtiments ouest et central
Date du document : 1989
Il subsiste aujourd'hui l'essentiel de l'ancienne mélasserie construite en 1866 : les trois halles parallèles en moellons, à chaînes d'angle, bandeaux et chambranles des baies en brique ou brique et pierre, le mur de clôture et le portail d'entrée sur la rue Réaumur. La tour a été construite pour la société Louis Lévesque et compagnie à une date indéterminée, possiblement entre 1892 et 1918. Implantée au milieu de la parcelle, la mélasserie d'origine comporte trois bâtiments allongés parallèles à la rue Réaumur, d'une superficie au sol d'environ 1140 mètres carrés chacun. Les bâtiments ouest et est sont des halles sous charpente, à deux niveaux de fenêtres et ouvertures régulières. Le bâtiment central comporte un corps central à quatre étages. Les chaînes d'angle en pierre de taille du corps G pourraient être une reprise datant de la construction de la tour.
Évelyne Robineau
Région Pays de la Loire, Inventaire général ; Direction du Patrimoine et de l'Archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole
2005
Album « Ancienne féculerie Levesque »
En bref...
Localisation : Cordon-Bleu (quai du) 1, 2, NANTES
Date de construction : 1866
Typologie : architecture industrielle
En savoir plus
Bibliographie
Fiérain Jacques, « L'armement Viot et le déclin de l'économie de plantation, Nantes, 1880-1921 » in Enquêtes et documents, 1987, XIII, p. 50-51
Fiérain Jacques, Les raffineries de ports en France, Lille : Atelier de reproduction des thèses, Université de Lille III, 1976
« Raffineries » in L'Industrie nantaise, 15 mars 1886, n° 2, p. 3
Webographie
Notice de l'inventaire par la Région Pays de Loire
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Rédaction d'article :
Évelyne Robineau
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