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Ancien pensionnat et chapelle Notre-Dame-des-Anges


En 1870, les Filles de la Sagesse, congrégation religieuse féminine enseignante et hospitalière, font construire une maison de retraite et d’instruction sur un terrain dépendant de la tenue de la Bouteillerie (angle actuel des rues Frédéric Cailliaud et d’Allonville). Placé sous le vocable de Notre-Dame-des-Anges, le nouvel établissement se voit accompagné d’une chapelle, transformée aujourd’hui en hôtel.

La fondation et l’installation nantaise

La congrégation religieuse des Filles de la Sagesse est créée en 1703 à Poitiers par le prêtre Louis-Marie Grignion de Montfort et la religieuse Marie-Louise Trichet. Cette institution féminine se consacre à l’enseignement et à l’assistance des malades et des pauvres. Après le décès de Louis-Marie Grignion de Montfort à Saint-Laurent-sur-Sèvres en Vendée, la bienheureuse « Marie-Louise de Jésus » y établit la congrégation, lieu du décès du Père de Montfort.

Le premier objectif de cette fondation est de disposer d’un plus grand espace pour les retraites annuelles réunissant les sœurs de la congrégation. La sœur Sainte-Camille, Supérieure de l’Hôtel-Dieu de Nantes, est chargée d’acquérir un terrain. Dépendant de la tenue de la Bouteillerie qui appartient à Louis Cottineau, une parcelle de 3000 mètres carré est achetée le 2 janvier 1870 pour une somme de 25 000 francs. Le reste de la propriété est achetée six mois plus tard et la congrégation acquiert donc 3 675 mètres carrés supplémentaires. C’est l’architecte Mathurin Fraboulet qui dessine les plans du bâtiment ; une petite maison déjà présente sur la propriété est conservée et sert d’habitation aux Pères, pendant les retraites, et au jardinier.

Les sœurs Marie-Joséphine, Sainte-Thiburce et Rosalie y entrent le 9 août 1871, et un appartement utilisé comme chapelle est bénite le lendemain. 
 

L’instruction

Peu après, la congrégation souhaite y installer des classes et un pensionnat pouvant accueillir 100 élèves, mais Monseigneur Fournier, évêque de Nantes, s’oppose à l’ouverture de ces classes « les croyant préjudiciables aux communautés enseignantes des environs », selon les archives de la congrégation. Cependant le curé de Saint-Donatien, l’abbé Bernard, obtient l’autorisation de l’évêque d’ouvrir des classes externes à Notre-Dame-des-Anges, elles commencent le 2 octobre 1871.

En 1874, l’évêque Fournier autorise finalement les Filles de la Sagesse à accueillir des élèves. Quinze pensionnaires font ainsi leur rentrée des classes au pensionnat Notre-Dame-des-Anges.

Vers 1890, une chapelle est construite dans la continuité du corps de bâtiments existant ; l’édifice religieux prend le nom de chapelle Notre-Dame-des-Anges.

En 1895, à la demande du curé de Saint-Donatien, deux nouvelles classes sont construites pour accueillir gratuitement une centaine d’enfants pauvres. Deux nouvelles sœurs sont en charge de la gestion de ces classes. Cependant, la loi Combes du 7 juillet 1904 interdit l’enseignement congréganiste. La décision ministérielle du 29 juin 1910 entérine la fermeture des classes du pensionnat de Notre-Dame-des-Anges à partir du 1er septembre 1910. Le local des classes gratuites est loué à un comité pour y ouvrir des classes libres, gratuites et laïques. Les jeunes filles qui suivent des cours en ville, peut-être dans d’autres établissements publics, sont reçues par les sœurs dans le local du pensionnat et y prennent leur logement et leur nourriture, cependant la pension ferme après un arrêté ministériel de juillet 1912 et les jeunes filles sont rendues à leurs parents. 

L’année suivante, ce sont les « sourdes et muettes adultes de Doulon » qui sont transférées à Notre-Dame-des-Anges.

Pendant les terribles inondations de 1910-1911, les religieuses auraient reçu deux fois par jour 600 sinistrés qui seraient venus pour recevoir « leur portion ». De 1914 à 1919, la maison accueille des réfugiés, puis un bureau militaire s’installe à Notre-Dame des Anges. 

Construction

Le nord de la parcelle a été aménagé en un jardin à la française quadrillé de grandes allées comme l’allée du Sacré-Cœur, l’allée principale et l’allée Saint-Joseph. Ces allées bordées de cèdres, de noisetiers et de statues blanches se croisent au centre du jardin autour d’un parterre circulaire qui est supprimé dans les années 1930/1940 pour l’aménagement d’un terrain de sport. Dans une cour voisine au jardin, sont adossés au mur  mitoyen avec le cimetière de la Bouteillerie une serre et une volière.

En 1921, un petit bâtiment déjà existant est agrandi et surélevé afin d’y accueillir des classes supplémentaires. Les plans sont dessinés par l’architecte Louis Liberge ; le bâtiment est situé à l’angle des rues Frédéric-Cailliaud et d’Allonville. En 1932 , un nouveau bâtiment est construit «afin d’installer convenablement une école ménagère et de se procurer des classes ainsi que des locaux pour cours de sténo-dactylo, dessin». 

Le 3 septembre 1940, la loi Combes relative à la suppression de l’enseignement congréganiste est abrogée. Après que le pensionnat ait servi de centre d’évacuation pendant la Seconde Guerre mondiale, les classes primaires fusionnent avec l’école paroissiale Sainte-Elisabeth à la fin des années 1950. Après le départ de Sœur Louis-de-la-Divine-Sagesse qui dirige l’établissement, le pensionnat ferme en 1967 et l’institution cesse l’instruction en 1968, date à laquelle la classe de 3e ferme. Les locaux sont mis à disposition d’autres établissements scolaires tels que le cours secondaire Saint-Ambroise jusque dans les années 1970. À partir de 1974, la grande maison de Notre-Dame des Anges devient « Maison d'accueil » au service du diocèse.

Démolition et restructuration

En 2004, les grands bâtiments de 1870 sont démolis pour faire place à un immeuble d’habitations. L’année suivante, le diocèse cède la chapelle à un promoteur immobilier, elle est alors désacralisée. 

En 2009 un promoteur privé acquiert l’ancienne chapelle, suite à la publication de l’annonce, insolite, chez une agence immobilière : « À vendre chapelle du 19e siècle. Magnifique volume de 630 m² avec stationnement. Exceptionnel. ». Un important chantier débute afin de donner une nouvelle vie à ce lieu de culte. Il s'agit de conserver les extérieurs et d'imaginer un mode de construction et un design intérieur qui respecteraient l'architecture initiale. Le but ? Jouer avec la structure existante, pour garder tout le gigantisme et le caractère atypique du bâtiment. Les travaux prennent fin en avril 2012, pour laisser place au SOZO Hotel****. L’établissement propose différentes chambres, où l’on dort sous des voûtes et se réveille à la lumière des vitraux. Le mobilier de l’hôtel conjugue créations sur-mesure et classiques du design. 

Du jardin des religieuses, il subsiste encore de hauts cèdres. Le passant, flânant dans les rues nantaises, remarquera sans doute le vieux mur du 102 rue d’Allonville et devinera qu’autrefois on y instruisait les jeunes filles tant la cour encore ombragée de tilleuls a gardé son aspect de cour de récréation.

Kevin Morice / Archives de Nantes
L’équipe du Sozo Hotel****
2025

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En savoir plus

Ressources Archives de Nantes

1O271

2M41

1O2667

1O9828

Ressources Archives de la Congrégation des Filles de la Sagesse

FDLS FA15

FDLS HC6

FDLS HF4

Webographie

Tags

Reconversion Chapelle Coulmiers - Jardin des Plantes

Contributeurs

Rédaction d'article :

Kevin Morice et l'équipe du Sozo Hotel****

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