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Maryse Guerlais (1952-2007)


Militante féministe, Maryse Guerlais a participé à la création de l’Espace Simone de Beauvoir. Ce collectif, actif depuis 1992, réunit des associations, organismes et militant.e.s individuelles engagés pour la défense des droits des femmes.

Les premiers engagements

Née le 17 mars 1952 à Nantes, Maryse Guerlais passe son enfance à Casson où sa mère est institutrice dans une école privée et son père commerçant. Dotée d’une forte personnalité, ses proches lui donnent affectueusement le surnom de « La Rebelle ». Lycéenne en 1968, elle étudie en interne au lycée Guist’hau.

En 1970, alors qu’elle étudie à la faculté de Lettres, elle s’engage dans la lutte pour la reconnaissance du droit à l’avortement et dans le Mouvement de Libération des Femmes (MLF) dont elle devient une des figures nantaises. Militante féministe, elle prend la parole dans les amphithéâtres et elle est de tous les combats : en faveur de l’avortement, contre les violences psychologiques, physiques et sexuelles, la prostitution, le travail domestique, l’inégalité parentale, la discrimination dans la formation et l’emploi, le silence et l’infériorisation des femmes dans les savoirs académiques, le sexisme ordinaire dans les médias et la publicité, l’absence des femmes dans les lieux de pouvoir, etc. Elle écrit des articles pour des revues féministes telles que Les Nouvelles Questions Féministes fondée par Simone de Beauvoir et Christine Delphy, et pour l’hebdomadaire local La Tribune.

Une carrière dédiée aux lettres et au féminisme

Pendant ses études, elle exerce comme surveillante en lycée puis comme professeure de français durant son doctorat qu’elle obtient en 1982. Ses convictions féministes déterminent le sujet de sa thèse qui porte sur le « Discours médical et la spécification des femmes dans l’Encyclopédie ». Elle y démontre que les discours portés par les auteurs de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert tendent à justifier rationnellement la domination masculine. Titulaire du CAPES de Lettres modernes, elle enseigne dans un premier temps comme professeure de lettres dans le secondaire. En 1986, elle obtient un DEA de Sciences de l’éducation afin de perfectionner ses compétences. L’année suivante, elle est affectée à l’École Nationale d’instituteurs du Maine-et-Loire puis devient formatrice en lettres à l’Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) des Pays de la Loire. Elle porte un intérêt particulier à la littérature et la presse jeunesse qu’elle s’attache à faire découvrir aux étudiants et aux professeurs stagiaires de l’IUFM. Toujours active dans les mouvements de défense des droits des femmes, elles les sensibilisent à cette cause en leur apprenant à exercer leur esprit critique pour repérer les stéréotypes et biais genrés et sexistes que l’on peut y lire. Elle est notamment amenée à participer à des conférences dans ce but. Syndiquée à la Fédération syndicale unitaire (FSU), elle est pleinement engagée pour la défense des droits du personnel de l’Éducation nationale.

La création de l’Espace Simone de Beauvoir

Au cours des années 1970, Maryse Guerlais rencontre Renée Broustal, une militante féministe ayant fait le choix de poursuivre son combat pour l’émancipation des femmes dans la sphère politique. Cette dernière deviendra d’ailleurs la première déléguée régionale aux Droits des femmes de la région des Pays de la Loire. Maryse  Guerlais appartient au « groupe de parole » dit de la Galissonnière, qu'elle représentait aux réunions des groupes féministes dans les années 1970-1980. Convaincue de la nécessité d’une Maison des Femmes, Maryse Guerlais saisit l’occasion de l’élection du socialiste Alain Chenard à la mairie de Nantes en 1977. Renée Broustal devient adjointe au maire et se mobilise avec Maryse Guerlais pour obtenir des locaux en capacité d’accueillir les associations féministes nantaises. Leurs demandes sont en partie entendues et la municipalité met à leur disposition un local qui s’avère être vétuste et voué à la démolition. La Maison des Femmes ne peut perdurer dans ce lieu, et elle est contrainte de déménager à Rezé. En 1988, Maryse Guerlais cofonde l’association Espace femmes qui préfigure le futur Espace Simone de Beauvoir.

Forte de la pression qu’exercent les militantes du mouvement féministe nantais et les associations de défense des droits des femmes, l’Espace Simone de Beauvoir est finalement inauguré en mars 1992 par le maire de Nantes Jean-Marc Ayrault et Véronique Neiertz, la secrétaire d’État au droit des femmes, à l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes. Les locaux se situent au rez-de-chaussée de l’ancien immeuble Neptune, à la pointe est de Feydeau, un endroit accessible aux femmes de tous horizons. Ce centre se veut être un espace ressources pour tous et pour toutes, un laboratoire d’idées et d’actions féministes en faveur de l’égalité femmes-hommes dans tous les domaines. Lors de l’ouverture du site, Maryse Guerlais explicite l’un des objectifs de ce projet : « Les femmes qui ont besoin d’aide, souvent, ne savent pas où s’adresser. Il y a un problème d’accessibilité car les associations sont assez dispersées. Cet espace permettra d’aiguiller les femmes en difficulté vers les organismes qui peuvent les aider ». Renée Broustal devient la première présidente du collectif. Maryse Guerlais est membre du bureau.

Présidence et reconnaissance

En 1995, Maryse Guerlais se rend à Pékin pour la quatrième conférence internationale sur les femmes en tant que déléguée de l’Espace Simone de Beauvoir. Accompagnée d’autres représentantes d’associations féministes de toute la France, elle voyage en train jusqu’à la capitale chinoise dans l’optique de faire entendre leurs revendications et de renforcer la coopération internationale sur la question des droits des femmes.

En 2001, Maryse Guerlais reçoit la médaille de Chevalier de l’ordre national du Mérite des mains de son amie Renée Broustal. Dans son discours, la militante déclare à propos de son engagement : « Parmi tous les scandales que sont les différents modes d’oppression, de violences, de ségrégation, de discrimination dont l’humanité est porteuse, s’est imposé à moi celui de l’inégalité entre les femmes et les hommes. »

De 2001 à 2004 elle est élue présidente de l’Espace Simone de Beauvoir pour trois ans. Elle engage de nouvelles luttes pour la parité intégrale, contre les violences faites aux femmes, etc. Maryse Guerlais décède le 27 octobre 2007 à 55 ans. Une rue de Nantes porte son nom, entre la rue d’Allonville et la rue de la Mitrie.

Marie-Françoise Gonin, Johane Guerlais, Noémie Boulay
Espace Simone de Beauvoir / Direction du patrimoine et de l’archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2022



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En savoir plus

Bibliographie

Guerlais Maryse, Discours médical et spécification des femmes dans l’Encyclopédie (XVIIIe siècle), Université de Nantes, 1982

Pages liées

Dossier Femmes nantaises

Dossier Histoire des solidarité à Nantes

Féminisme

Tags

Association Femme célèbre Militant Nom de rue Solidarité

Contributeurs

Rédaction d'article :

Marie-Françoise Gonin, Johane Guerlais, Noémie Boulay

Témoignage :

Renée Broustal

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