
Manoir de Ranzay (dit Château de Clermont)
Avant d’être amputé de ses terres et de devenir la mairie annexe du quartier du Ranzay, le manoir de Ranzay a longtemps fait partie d’un grand domaine foncier dont l’origine remonte au 12e siècle. Aujourd’hui il est bordé par le périphérique au nord, par la route de Saint-Joseph à l’est et par la ligne de tramway n°1 au sud.
La succession de propriétaires pendant plusieurs siècles
Le manoir de Ranzay, aussi appelé château de Clermont-Ranzay et parfois orthographié Ranzai, est cité dès le 12e siècle dans la charte du roi Louis VI le Gros sous le nom latin Rantiacum. D’après des témoignages ou observations passés qui mentionnent des déblais de tuiles anciennes à rebords, il aurait même été érigé à l’emplacement d’une ancienne villa romaine.
Jusqu’au milieu du 18e siècle, le manoir de Ranzay appartient à la petite noblesse terrienne. En 1469, le duc François II récompense son secrétaire Jacques Raboceau en exemptant à jamais d’impôts sa « maison et métairie nommée et vulgairement appelée Ranzay ». A partir du 16e siècle, il appartient à différents écuyers ou conseillers du Roi ou à leurs descendants.
Au 18e siècle, le manoir passe entre les mains de propriétaires privés tels que Michel Leclerc, commissaire de la marine au Croisic, puis son frère Pierre Leclerc, marchand de draps et soie. Il appartient ensuite à leur sœur Thérèse, épouse de René Lelasseur, et est alors intégré aux propriétés de la famille Lelasseur.
Un témoignage de l’architecture médiévale
L’édifice date du 15e siècle, même s’il a connu des remaniements ultérieurs. Il est représentatif des constructions seigneuriales de la fin du Moyen Age, dans les campagnes.
Le manoir se caractérise par son corps de logis principal en granit avec ses deux tours d’escalier hors œuvre et d’une aile en retour avec sa petite tourelle d’angle en encorbellement. Les encadrements des baies sont en tuffeau, pierre calcaire de la région angevine, et la toiture haute est en ardoise

Manoir du Ranzay ou château de Clermont-Ranzay
Date du document : 10-08-2020
Le temps de l’urbanisation
Le quartier de l’Erdre reste à dominante rurale jusqu’au 20e siècle et comporte jusqu’alors de grands domaines fonciers. A l’origine, le manoir de Ranzay possédait une vingtaine d’hectares de terres.

Photographie aérienne du manoir du Ranzay ou château de Clermont-Ranzay
Date du document : 1956
Le cadastre de Nantes de 1843 montre que la majeure partie de ces terres était autrefois plantée de vignes.
Aujourd’hui, le manoir s’inscrit dans un paysage urbain hétérogène. Ses annexes et son domaine foncier, qui s’étendait sur une vingtaine d’hectares, ont été démantelés au cours de la seconde moitié du 20e siècle, comme d’autres manoirs du quartier. L’axe du périphérique actuel, situé à 100 mètres plus au nord, coupe le manoir de ses anciennes terres et sur lesquelles a été construit en partie le parc des expositions de la Beaujoire en 1970.
Le dernier propriétaire privé du manoir, M. Yves Abguillerm, cède le manoir à la Ville lors de la création de la ZAC et de l’aménagement de la Beaujoire. Sauvé de la destruction, il est inauguré en tant que mairie annexe le 27 janvier 1977 par M. André Morice, alors Sénateur-Maire de Nantes.
Amélie Decaux, Chloé Rouillon
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2021
En savoir plus
Bibliographie
Collectif d'auteurs, Dictionnaire de Nantes, Presses Universitaires de Rennes, hors collection, 2013
Le Bail Louis, « Histoire de Saint-Joseph de Porterie », les Annales de Nantes et du Pays Nantais, revue de la société académique de Nantes et de la Loire-Atlantique, n°292, 2ème trimestre 2004, p. 1-9
Michault Raphaël ; Peyon Jean-Pierre, Les micro-quartiers nantais : Beaujoire, Ranzay, Éraudière, De la croissance urbaine au développement urbain, maîtrise de géographie, Nantes, 1999
Pellerin Lyonel, « Antenne administrative du Ranzay », les Annales de Nantes et du Pays Nantais, revue de la société académique de Nantes et de la Loire-Atlantique, n°226, 4e trimestre 1987, p. 8
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Rédaction d'article :
Amélie Decaux, Chloé Rouillon
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