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Heures (livres d') Juin 1940-mai 1941 : la municipalité de Nantes sous l’occupation allemande

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Ancienne église Saint-Cyr et Sainte-Julitte


Il existait autrefois, dans le quartier de la Préfecture, une église placée sous le vocable de Saint-Cyr et de Sainte-Julitte. À l’extérieur de la première enceinte fortifiée, accompagné d’un cimetière, cet édifice religieux qui datait probablement du 5e siècle a été démolie en 1226 pour l’agrandissement des fortifications de la ville.

Le martyr de Saint-Cyr et Sainte-Julitte

L’histoire de Saint-Cyr et sa mère Sainte-Julitte remonte au 4e siècle. Vers 304, dans le contexte de persécutions contre les chrétiens décrétées par l’empereur romain Dioclétien, le très jeune Cyr de Tarse âgé de trois ou quatre ans est tué par le gouverneur Alexandre en Cilicie (actuelle Turquie). Julitte, sa mère, est suppliciée par la suite. La paroisse et l’ancien faubourg Saint-Cyr correspond aujourd’hui au territoire allant des environs de la rue du Cheval-Blanc à l’actuel cours Saint-André.

Devant d'autel : le martyre de saint Cyr et sainte Julitte

Devant d'autel : le martyre de saint Cyr et sainte Julitte

Date du document : 1150

Un édifice paléochrétien ?

C’est aux environs de l’angle de la rue d’Argentré et de la place Roger-Salengro que l’église semblait se situer. Elle était très probablement accessible par une ancienne voie romaine aujourd’hui disparue qui reliait l’actuelle rue Préfet-Bonnefoy à une porte de ville située dans la muraille antique, aux environs de la rue du Refuge. 

Dans un article publié en 1899, le chanoine Georges Durville semble émettre des réserves concernant la date d’édification de la première église bien qu’il ne trouve pas « invraisemblable qu’elle ait été construite au 5e siècle » en raison de la nature des tombes trouvées à proximité. Un auteur du 17e siècle, Albert le Grand, mentionnait que l’évêque Eusèbe de Nantes, décédé en 464, aurait été « ensevely en l’Église de S.Cire […] fondée par luy », mais malheureusement sans citer de source. 

Une église dévastée et reconstruite

Au cours des 9e et 10e siècles, la ville de Nantes subit plusieurs raids normands (vikings). Lors d’une première attaque en 843, les Normands remontent la Loire sur des navires et saccagent la cité fortifiée. Après ces invasions, le premier duc de Bretagne Alain Barbe Torte fait don de l’église Saint-Cyr et Sainte-Julitte à l’abbaye de Landévennec en 952. Pour des raisons inconnues cette donation est restée sans effet. L’antique église Saint-Cyr est abandonnée comme l’indique le comte de Nantes, Budic, « par suite de la dévastation des païens ou des Normands, et aussi par suite de la vétusté et d’une très longue continuation de dommages ». Ainsi, le comte et son épouse Adois (ou Havoise) font reconstruire l’église à leurs frais en 1038 et désirent que viennent s’y établir des religieuses qui pourront « y servir Dieu sous la règle de Saint-Benoît ». Le couple décède avant de voir leurs souhaits se réaliser. C’est leur fils le comte Mathias qui, s’inspirant des intentions de ses parents, donne le monastère de Saint-Cyr aux religieuses bénédictines de Notre-Dame du Ronceray d’Angers. Concernant le cimetière Saint-Cyr, un miracle qui aurait eu lieu au cours du 10e ou 11e siècle est évoqué dans « La Chronique de Nantes ». Celle-ci mentionne le « cimiterium ecclesiae Sabcti Cyrici martiris, quae prope moenia hujus urbis sita est, transiit », le cimetière de l'église de Saint-Cyr martyr, qui est situé près des murs de cette ville.
En mars 1128, la charte du comte de Bretagne Conan III mentionne qu’il a restitué à l’abbesse Ildeburge la cure de l’église Saint-Cyr et Sainte-Julitte. Ce document est rédigé en la présence de l’archevêque de Tours et de plusieurs prélats dont le célèbre Pierre Abélard, abbé de Saint-Gildas de Rhuys.

Charte du comte de Bretagne Conan III

Charte du comte de Bretagne Conan III

Date du document : 1128

Détruite de nouveau, reconstruite ailleurs

En 1207, le vicomte Guy de Thouars, baillistre de Bretagne, initie la construction d’une nouvelle enceinte fortifiée autour de la ville. C’est son successeur Pierre de Dreux qui achève en 1226 les nouveaux remparts qui englobent à l’ouest le faubourg Saint-Nicolas et au nord le faubourg Saint-Cyr. Pour cela, les faubourgs à l’est de l’enceinte sont bouleversés et de nombreuses maisons sont démolies pour creuser des fossés et édifier les nouvelles murailles. Les églises Saint-Clément et Saint-Cyr sont détruites et reconstruites plus loin de la ville close. Les religieux sont dédommagés, recevant des compensations.

Plan enceinte de Pierre de Dreux

Plan enceinte de Pierre de Dreux

Date du document : 2016

De Saint-Cyr à Saint-Léonard

En 1246, la nouvelle église Saint-Cyr est reconstruite à l’angle des rues Garde-Dieu et de l’Echellerie, sur un terrain appartenant aux moines de Redon. Pierre de Dreux cède ensuite l’édifice aux religieuses de Notre-Dame du Ronceray pour qu’elles puissent y établir leur nouveau prieuré. Un acte de 1329 mentionne que l’hébergement des « nonains de Saint-Cyr est aussi appelé publiquement la Garde-Dieu ». À partir du 14e siècle, l’église Saint-Cyr prend le nom de Saint-Léonard, le nom actuel de la rue de l’Echellerie.

Si aujourd’hui les noms de Saint-Cyr et Sainte-Julitte ont totalement disparu du paysage nantais, le prieuré était toujours mentionné dans de nombreux documents jusqu’au 18e siècle. Cependant, le souvenir du jeune martyr subsiste encore dans le diocèse de Nantes, comme en témoigne la commune de Saint-Cyr-en-Retz.

Kevin Morice
Archives de Nantes
2024

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En savoir plus

Bibliographie

Durville Georges, « Église Saint-Léonard », Bulletin de la Société archéologique de Nantes et du département de la Loire-inférieure, Nantes, 1900

Lacoste Nicolas, Mercier Frédéric, Square du Maquis de Saffré, rapport de diagnostic archéologique, Nantes, Direction du patrimoine et de l'archéologie de la Ville de Nantes/Nantes Métropole, 2012

Le Grand Albert, Les vies des Saints de la Bretagne Armorique, 1901

Merlet René, La Chronique de Nantes (570 environ – 1049), Picard et fils, Paris, 1896

Ressources Archives départementales de Loire-Atlantique

H 351/1 : Répertoire du fonds de l'abbaye des Bénédictines de Notre-Dame du Ronceray d'Angers – Prieuré de Saint-Cyr et Sainte-Julitte de Nantes

G 211 : Titres de propriété du chapitre de la cathédrale de Nantes – Domaines de la ville de Nantes

Tags

Monument historique Antique Église

Contributeurs

Rédaction d'article :

Kevin Morice

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