Jean Sarment (1897 – 1976) et Le Groupe de Nantes
Membre du groupe de Nantes, Jean Sarment témoigne de l’engagement de ses camarades dans ce qui est vu comme le premier acte du mouvement surréaliste.
Photographie de Jean Sarment, Pierre Bisserié, et Jacques Vaché
Date du document : 1912-1913
La formation du groupe de Nantes
Avec Eugène Hublet, Pierre Bisserié et Jacques Vaché, Jean Bellemère, dit Jean Sarment, est l’un des membres du « Groupe de Nantes », aussi connu sous le nom de « Groupe de Sârs », qui se forme lors de l’année scolaire 1910-1911 au Grand Lycée de Nantes (aujourd’hui appelé lycée Clemenceau). Ils font paraître plusieurs revues qui véhiculent les valeurs qui seront celles du surréalisme : une liberté de critique, une haine des conventions, et une remise en question du langage.
Des publications artistiques et littéraires
La première revue paraît en 1913 et a pour titre En route mauvaise troupe, en hommage à Paul Verlaine et au poème du même nom paru dans le recueil Jadis et Naguère en 1884. Le premier numéro est tiré à vingt-cinq exemplaires et déclenche un scandale, à cause d’un article d’un certain Ursus (le pseudonyme de Pierre Riveau) intitulé « Anarchie ». Un autre article intitulé « Nous les passants » écrit par Jean Sarment, décrit un spectacle théâtral et tourne en ridicule les Prussiens et surtout la foule des patriotes qui l’acclame.
"En route, mauvaise troupe..."
Date du document : 1913
Ils déclenchent des remous au sein du lycée et aussi dans les journaux locaux, au point que ces actions sont même relatées dans des quotidiens parisiens dont L’Écho de Paris, un journal de la presse de droite. Ces deux articles suscitent notamment l’indignation des élèves de la classe préparatoire à l’école de Saint-Cyr, qui les voient comme antimilitaristes et antipatriotiques.
De août 1913 à janvier 1914, ils font paraître ensuite une autre revue intitulée Canard sauvage, sous-titrée « revue libre de critique et de littérature » qui connaît quatre numéros, puis de l’été 1913 à l’été 1914, Ce que les Sârs ont dit… prend la relève des précédentes.
Portrait de Jean Sarment
Date du document : 1917
Jean Sarment, la voix du groupe de Sârs
De son vrai nom Jean Bellemère, Jean Sarment vient d’une famille de la petite bourgeoisie nantaise. Il est le fils de Marguerite Loyac et de Gaston Bellemère, courtier dans le grand Ouest pour une maison de café du Havre. En 1913, parallèlement à son engagement dans le groupe de Sârs, il entre au Conservatoire d’art dramatique de Nantes. En 1915, il monte dans la capitale pour commencer sa carrière d’acteur, et entre au Conservatoire national d’art dramatique de Paris.
En 1916, il entre au théâtre de l’Odéon, puis devient l’élève de Jacques Copeau au théâtre du Vieux Colombier. Il côtoie d’autres acteurs devenus célèbres comme Réjane, Charles Dullin et Louis Jouvet.
Lors de sa tournée avec la troupe, il écrit La Couronne de Carton, une pièce de théâtre que Lugné Poe fait représenter au théâtre de l’Oeuvre. Après le succès de la pièce, la reconnaissance du public se confirme avec Le Pêcheur d’ombres quelques années plus tard sur la même scène.
Il fait ensuite une longue carrière d'acteur et d'auteur dramatique à succès. Ses romans Jean-Jacques de Nantes (1922) et Cavalcadour (1977) évoquent sous la forme d'une nostalgique biographie légèrement romancée sa jeunesse et le « Groupe de Nantes » dont il est alors le seul survivant. Une de ses pièces, Léopold le bien-aimé, est adaptée pour la télévision par avec Georges Wilson dans le rôle principal.
Chloé Voirin
Bibliothèque municipale
2019
En savoir plus
Bibliographie
« Jean Sarment : correspondances à l’aube du surréalisme », La Nouvelle revue nantaise, n°4, 2004
Carassou Michel, Jacques Vaché et le groupe de Nantes, J. M. Place, 1986
Webographie
Le Groupe de Nantes à la Bibliothèque municipale
Jean Sarment à la Bibliothèque municipale
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Chloé Voirin
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