
Heures (livres d')
Livre de prière des laïcs, le livre d’heures emprunte son nom aux heures canoniales (matines, laudes, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies) qui, depuis le 8e siècle, rythment la vie des clercs, et se structure autour du calendrier, des offices de la Vierge et des morts, des psaumes pénitentiels, des litanies et des suffrages des saints.
La personnalité des possesseurs s’exprime à travers l’ordre des textes, les prières ajoutées et les choix ornementaux et picturaux, où figurent les armes et emblèmes des commanditaires. On trouve leur portrait dans les grandes peintures qui accompagnent les offices et prières, aux côtés de leurs saints de prédilection. Ceux qui figurent au calendrier et dans les suffrages et litanies permettent de localiser les livres d’heures, en fonction de l’usage des différents diocèses. Souverains, familles aristocratiques, bourgeois fortunés, ecclésiastiques… souhaitent posséder des livres d’heures qui deviennent l’élément central des bibliothèques de la fin du Moyen Âge. Ils sont en outre régulièrement utilisés pour consigner les événements marquants de la famille ou du temps. Objets de dévotion, de distinction sociale, de création et de mécénat artistiques, compagnons des destinées humaines, ils sont produits en très grand nombre, manuscrits puis imprimés, entre le 13e et le 16e siècle.

Livre d'heures
Date du document : vers 1420
Résidence d’une puissante famille princière, Nantes n’échappe évidemment pas à la règle. Si l’on n’a pas pu y localiser de manière formelle un atelier de production, les catalogues des collections françaises et étrangères permettent de dresser l’inventaire des livres d’heures manuscrits à l’usage de Nantes ou exécutés à la demande de familles nantaises. En raison de leur valeur bibliophilique, on retrouve les prestigieux manuscrits des ducs dans les collections impériales russes comme dans les grandes bibliothèques anglo-saxonnes. En France, ils sont principalement détenus par la Bibliothèque nationale, héritière de la Bibliothèque royale et de la bibliothèque d’Anne de Bretagne : ses Grandes Heures, décorées par Jean Bourdichon, Petites Heures et Très Petites Heures font partie des chefs-d’œuvre du genre. Un quatrième livre, légué en 1859 à la Bibliothèque municipale de Nantes par le bibliophile Armand Cigongne, lui est attribué en raison de sa décoration et de ses peintures bien que ses armes n’y figurent pas. Il côtoie deux remarquables livres d’heures à l’usage de Nantes, acquis en 1966 et 1996 : les Heures de Montberon (vers 1420), du plus grand intérêt esthétique et historique ; un second, datant des années 1460 et présentant vingt-cinq grandes peintures de première qualité. Le Musée Dobrée conserve un exemplaire d’un livre d’heures incunable nantais imprimé par Étienne Larcher en 1499.

Incunable, Livre d'heures
Date du document : 1499
Les deux établissements conservent en outre une dizaine d’autres livres manuscrits, d’importance moindre de par leur facture ou leur provenance, issus des confiscations révolutionnaires ou de l’activité de collectionneur de Thomas Dobrée.
Agnès Marcetteau-Paul
Extrait du Dictionnaire de Nantes
(droits d'auteur réservés)
2018
En savoir plus
Bibliographie
Bourdichon Jean, Mâle, Émile (éd.), Pognon Edmond (éd.), Les heures d'Anne de Bretagne, Verve, Paris, 1946
Lalande Claire de, « Un inédit "Livre d'heures à l'usage de Nantes" conservé au musée départemental Dobrée », dans Nantes religieuse, de l'antiquité chrétienne à nos jours, Société Archéologique et Historique de Nantes et de Loire-Atlantique, Nantes, 2008, p. 99-119
Raynaud Christiane (éd.), Des heures pour prier : les livres d'heures en Europe méridionale : du Moyen âge à la Renaissance, Le Léopard d’or, Paris, 2014 (Cahiers du Léopard d'or ; 17)
Thoby Paul, Les Heures à l'usage de Nantes, Impr. moderne, Fontenay-le-Comte, 1939
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Agnès Marcetteau-Paul
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