Habitat de la Prairie-au-Duc
Dès 1841, la nouvelle paroisse des ponts est créée sur la Prairie-au-Duc par ordonnance royale et la construction d’une église est entreprise. Toutefois, l’île n’est pas pour autant investie par les habitants. Ceux-ci sont encore concentrés autour de la ligne de ponts où les habitats souvent insalubres mêlent petites boutiques, ateliers, magasins ou arrière-cours pour loger une population ouvrière.
Les lotissements Pelloutier
Le premier essai d’implantation d’un habitat est le fait d’une entreprise privée menée par la famille Pelloutier sur les terrains qu’elle possède (île Videment, lots en amont et en aval de la rue Alain Barbe Torte). La rue Alain Barbe Torte divise en deux le lotissement. Les propriétaires ouvrent deux rues complémentaires, celles de La Tour d’Auvergne et Michel Columb. En échange de l’ouverture de ces rues et de leur entretien pendant dix ans, la Ville rétrocède aux investisseurs la lisière du terrain communal bordant leur propriété à l’est. Le projet donne une fonction uniquement industrielle aux terrains occidentaux et une fonction mixte – industrie et habitat – aux terrains orientaux. La vente des terrains commence en 1842, et les premiers acheteurs sont des industriels (Voruz, Jollet, Chérot, etc.) ou des artisans (marchands de bois, gabarier, etc.).
Des terrains occupés essentiellement par l’industrie
C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre la donation du terrain de la « rue du nouveau pont », actuelle rue Louis Blanc, à la Ville de Nantes. Cette demande illustre la nécessité d’un projet urbain pour réussir à véritablement valoriser les terrains de la Prairie-au-Duc : les acheteurs potentiels du lotissement de la famille Pelloutier ont besoin de savoir qu’un accès au centre-ville va être créé et que le ravitaillement du quartier sera possible. Malgré tout, la promesse d’une nouvelle rue ne provoque pas d’engouement pour les terrains : vingt-sept ans plus tard, la majeure partie appartient toujours aux Pelloutier et le site est essentiellement industriel.
Détail du plan de Nantes par Louis Amouroux, quartier de la Prairie-au-Duc
Date du document : 1849
Un désenclavement bénéfique au développement de l’habitat
Ce n’est qu’avec la construction du pont Haudaudine et l’agrandissement de la gare de l’État que l’habitat résidentiel s’implante sur le secteur de la place de la République au boulevard Victor Hugo. Les demandes d’alignement et d’autorisation de construction affluent pour la rue du nouveau pont, nommé dès 1884, rue Louis Blanc. Le même phénomène est vérifiable sur l’ancien lotissement Pelloutier : sur les rues Lanoue Bras de fer ou La Tour d’Auvergne, ce n’est qu’à partir de 1883 que la construction de logements s’intensifie.
Travaux d’asphaltage place de la République
Date du document : 02-06-1947
Dans le dernier quart du 19e siècle, le quartier acquiert donc une fonction mixe – industrielle et résidentielle. Cette mixité va de pair avec la disparité du parcellaire et des gabarits des constructions, toujours visible aujourd’hui.
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole ; Service du Patrimoine, Inventaire général, Région Pays de la Loire
Inventaire du patrimoine des Rives de Loire
2021
En savoir plus
Bibliographie
Lelièvre, Françoise, « Une île en six tableaux », dans Place publique, n°4, 2007
Lelièvre, Françoise, « De l’industrie sur la prairie », dans L’archéologie industrielle en France, CILAC, n°41, décembre 2002, pp. 6-13
Lelièvre, Françoise, « Entre deux rives et entre deux eaux, l’invention d’un territoire : l’île de Nantes », dans Estuaire, 2015
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Rédaction d'article :
Julie Aycard
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