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Piscine Léo-Lagrange Vincent Gâche (1803 – 1884)

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Francis Chaptois (1885-1968)


Resté peu connu, Francis Chaptois a travaillé pendant l’entre-deux -guerres pour des grands chantiers, où il s’est illustré avec succès tant dans les bateaux de plaisance que les racers de course à moteur, alors très en vogue.

Une tradition familiale

Francis Chaptois, né en 1885, est le second d’une modeste famille de cinq enfants, habitant une petite maison de la rue Courtil-Brisset à Trentemoult. Son père, son grand-père et tous ses oncles sont charpentiers de marine.

Après des études à l’École Nationale Professionnelle de Nantes, il apprend le modelage sur bois auprès d’un artisan de Chantenay.

L’attrait du dessin

À 20 ans, Francis Chaptois entre comme dessinateur au bureau d’étude des chantiers Pitre – devenus ensuite de Coninck – à Maisons-Laffitte (Yvelines). Il y découvre une production très variée, avec notamment une spécialité de canots de course à moteur.

De retour à Nantes en 1908, il s’installe comme constructeur à l’île de Versailles, en association avec Auguste Raguenault. C’est là qu’il a l’occasion de fréquenter Talma Bertrand, pour qui il construit cinq de ses voiliers.

Retour en Seine

En 1912, Francis Chaptois retourne chez de Coninck comme chef du bureau d’études. C’est le vrai début de sa carrière qui s’interrompt à cause de la guerre, pendant laquelle il supervise la fabrication d’hydravions pour la Défense Nationale.

La paix revenue, il reprend son activité d’architecte naval en dirigeant à l’Île de la Jatte (près de Neuilly), puis à Argenteuil, une usine du département maritime de la société Nieuport. Il y dessine bien sûr des yachts, des canots à moteur – dont plusieurs remportent des prix à Monaco – mais aussi  des bateaux de service et un curieux hydroglisseur à hélice aérienne. Et c’est à La Jatte, à la fin de l’année 1919, qu’il accueille en formation un jeune homme de 16 ans : Eugène Cornu.

Un homme discret

Francis Chaptois est peu connu car il travaille essentiellement pour des chantiers navals, qui préfèrent ne pas mettre en avant leurs collaborateurs de talent. Lorsque Nieuport cesse son activité maritime, en 1925, il rejoint le très réputé chantier Jouët à Sartrouville, en tant que chef du bureau d’études et d’approvisionnement. Son arrivée correspond à une période de grand développement du chantier où se construisent des bateaux d’exception.

Ainsi, il conçoit en 1927 deux racers de course pour le Dr Etchegoin : Sadi IV – catégorie 1,5 litres de cylindrée  – et Sadi V / Sadi VI – catégorie 12 litres – qui battent tous deux des records internationaux de vitesse et remportent de nombreux prix. Puis, en 1930, c’est bien Francis Chaptois qui dessine l’Alain Gerbault pour le célèbre écrivain et navigateur solitaire. Certains ont attribué ce bateau à Eugène Cornu, car il est vrai que le style de ce dernier s’inspire fortement de celui de son mentor.

Toujours plus vite

En 1933 Francis Chaptois quitte Jouët pour développer la branche maritime des automobiles Delage, mais l’activité s’arrête au bout d’un an, à cause de la crise économique sévissant à cette époque. Laissant la région parisienne, il retrouve du travail au service des vedettes des chantiers navals de Saint-Nazaire.

Par ailleurs, ayant une expertise reconnue dans les hélices à haut rendement destinées aux courses motonautiques, il rencontre plusieurs succès à titre personnel. D’abord avec l’hélice qu’il dessine pour le racer de course Yzmona V qui, à 125 kilomètres par heure, remporte le record mondial de vitesse en 1933. Puis, deux ans plus tard, en réalisant celles de deux autres bolides : Aurora et Piva (futurs Rafale V et VI), construits par les les Établissements Chauvière à Vitry-sur-Seine.

Une autre carrière

Afin de pouvoir retrouver sa famille restée en région parisienne, Francis Chaptois accepte cependant en 1935 un poste d’ingénieur dans une société industrielle dont l’activité est sans rapport avec la navigation. Comme Talma Bertrand, il continue alors l’architecture navale à titre personnel. Tout comme celui-ci, il dessine bien après sa retraite professionnelle, avant de mourir à l’âge de 83 ans. Il laisse comme témoins de sa carrière plusieurs centaines de plans et projets de sa main, pour des bateaux de toutes sortes, en majorité de plaisance.

Gérard Krebs
2023
              

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En savoir plus

Bibliographie

Auzépy-Brenneur Georges, « Francis Chaptois, le mentor d’Eugène Cornu », Le Chasse-Marée, N°284, mars 2017

Gilles Daniel, « Le chantier Jouët de Sartrouville », Le Chasse-Marée, N° 159, avril 2003

Pages liées

Chantier naval Raguenault et Chaptois

Eugène Cornu

Talma Bertrand

Tags

Architecte et urbaniste Bateau

Contributeurs

Rédaction d'article :

Gérard Krebs

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