Talma Bertrand (1872-1954)
Un peu oublié aujourd’hui, Talma Bertrand est passionné par les régates. Il réussit à mener de front sa carrière d’ingénieur et une longue activité d’architecte naval. Dès le début du 20e siècle, ses voiliers remportent de nombreuses compétitions.
Un travailleur acharné
Né à Trentemoult en 1872, Talma Bertrand aurait souhaité devenir capitaine au long cours, comme son père. Malheureusement, sa mauvaise vue lui interdit cette voie. Il suit alors des études d’ingénieur qui lui ouvrent une carrière dans les Travaux Publics. Passionné de régates, il se forme lui-même à la construction de bateaux. En plus de sa carrière professionnelle et de son activité d’architecte naval amateur, il trouve encore le temps de s’investir dans la vie politique et sociale locale. Installé après la Première Guerre mondiale dans le village de la Martinière, en aval de Nantes, il sera maire de la commune voisine du Pellerin de 1919 à 1925.
Succès immédiats
Son premier voilier connu, un yacht de course nommé Marjolaine, gagne le deuxième prix du concours de plans de la revue Le Yacht à la fin de l’année 1900. Il est construit l’hiver suivant par le chantier Desveaux à Nantes. Tout de suite, il remporte les régates auxquelles il participe, contribuant à la renommée de son concepteur. Les commandes affluent aussi bien pour des bateaux de plaisance, de pêche ou de service. Cependant, c’est un succès bien plus important qui va rendre célèbre Talma Bertrand dans toute l’Europe.
Kolossal !
Dans le milieu des courses nautiques, la grande affaire pour 1907 est de reprendre la coupe de France à l’Allemagne. Un concours est lancé dans ce but : Talma Bertrand l’emporte avec le voilier Ar Men, qui est construit au Havre. Et c’est à Kiel, sous les yeux mêmes du Kaiser Guillaume II que ce voilier remporte une victoire éclatante. L’empereur est tellement impressionné qu’il décore son créateur et lui remet un diplôme reconnaissant les qualités de son bateau ! Le retentissement de cette victoire fait de Talma Bertrand un architecte très demandé, dont les bateaux se construisent dans de nombreux chantiers français : Le Havre, Brest, Boulogne, Quimper, etc.
Dix tonneaux « Ar-Men » dessiné par Talma Bertand
Date du document : 28/09/1907
Des plans en or
Grand régatier lui-même, Talma Bertrand se spécialise dans les voiliers répondant à la « Jauge Internationale » (JI) établie en 1906, qui définit les critères permettant de faire concourir des bateaux ayant des caractéristiques semblables.
Il dessine avec bonheur des unités de 6 mètres JI, 8 mètres JI et 10 mètres JI. L’une de ses plus remarquables créations est un 6 mètres JI, construit à Nantes pour Gaston Thubé, président du Sport Nautique de l’Ouest : Mac Miche. C’est le seul voilier français participant aux Jeux Olympiques de Stockholm en 1912, alors que beaucoup d’autres nations en présentent au moins deux. Avec un équipage de marins nantais, mené par les frères Thubé, il décroche la médaille d’or de sa catégorie, devançant tous ses concurrents de plus de 3 minutes ! Les plans originaux de Mac Miche sont conservés au musée des ducs de Bretagne à Nantes.
Toutes voiles dehors
Dans l’entre-deux-guerres, le palmarès de Talma Bertrand s’enrichit de victoires remportées localement ou internationalement par de nouveaux bateaux. Ainsi, Nanouk, un voilier de 6,50 mètres de la « Série Internationale », remporte les régates d’Arcachon en 1923. Son Aile III, dessiné pour Virginie Hériot, gagne l’année suivante, à Saint-Sébastien, la coupe d’or du roi Alphonse XIII.
Talma Bertrand dessine aussi de nombreux voiliers de croisière. L’un d’eux, Anahita, fait parler de lui à partir de 1936 lorsque son propriétaire, le commandant Louis Bernicot, entreprend à son bord un tour du monde en solitaire.
Cotre « Anahita », dessiné par Talma Betrand
Date du document : 01-26-1939
Un métier dont on ne se lasse pas
Si la guerre limite les commandes à de petites unités, dès 1945, Talma Bertrand conçoit pour le chantier Jouët à Sartrouville un ketch de grande croisière de 12,15 mètres : Moby-Dick. À cette occasion, il retrouve Eugène Cornu qu’il connaît bien et apprécie, au point de l’instituer plus tard dépositaire de tous ses plans après son décès.
À l’issue d’une carrière très bien remplie – il dessine encore à plus de 80 ans – il s’éteint à son domicile de la Martinière en 1954.
Gérard Krebs
2023
Album « Voiliers dessinés par Talma Bertrand »
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Bibliographie
Auzépy-Brenneur Georges, « Talma Bertrand (1872-1954), architecte naval », Le Chasse-Marée, N°221, février 2010
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Rédaction d'article :
Gérard Krebs
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