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1542

Étienne Étiennez (1832 – 1908)


Le républicain Étienne Étiennez est maire de Nantes de 1896 à 1899. Pendant son court mandat, les questions sanitaires et sociales agitent le conseil municipal.

Né le 14 novembre 1832, il habite à Paris avec sa mère, Marie-Joséphine Blin, quand elle rencontre le nantais Hippolyte-Jean Étiennez qui propose de l’épouser et d’adopter son fils alors âgé de 12 ans. Le père adoptif d’Étiennez, qui a obtenu sa licence de droit à Paris en 1837 et collaboré à plusieurs revues parisiennes, est nommé archiviste-historiographe de la ville de Nantes en 1848, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort en 1871. Son grand-père adoptif, Charles-Maurice, secrétaire en chef de la mairie de Nantes de 1813 à 1836, devient commissaire délégué pour remplir provisoirement les fonctions de maire en juillet 1815 et août 1830. Étiennez est élève au Lycée de Nantes, l’actuel lycée Clemenceau, à la même période que Jules Vallès, né la même année. Lors de sa dernière année d’étude en 1856, il participe à des agitations d’étudiants républicains contre un professeur de la Sorbonne et du Collège de France, Nisard, élu à l’Académie française contre Musset et réputé pour son conservatisme. Arrêté par la police impériale de Napoléon III, il est emprisonné une semaine à la Conciergerie.

Portrait en buste d'Hyppolyte-Etienne Etiennez, maire de Nantes

Portrait en buste d'Hyppolyte-Etienne Etiennez, maire de Nantes

Date du document : 19e siècle

Profession : avoué

Étiennez débute dans le cabinet d’avoué nantais Pacquetau comme principal clerc en janvier 1855, obtient sa licence de droit en mai 1856 puis devient en septembre premier clerc dans l’étude de maître Pyeneaume. En février 1860, il achète sa charge d’avoué pour un montant d’environ 36 000 F, somme importante à l’époque, et obtient son « certificat de moralité et de capacité » d’exercer. La Chambre des avoués, rattachée auprès du tribunal civil de première instance de Nantes, est dirigée par une chambre de discipline composée de quatre membres élus par leurs pairs pour trois années. Étiennez y est admis pour la première fois en 1874 et y reviendra à trois reprises en y occupant la fonction de président jusqu’en 1896, date à laquelle il démissionne après son élection au poste de maire.

Façade du Palais de justice, place Aristide Briand

Façade du Palais de justice, place Aristide Briand

Date du document : 1878

Des mandats de conseiller municipal

Étiennez entre en politique à Nantes au début de la IIIe République. Auparavant, il a exercé un premier mandat en 1860 à Rouans dans l’arrondissement de Paimboeuf où il possède une métairie. En août 1870, il est élu à Nantes sur la liste d’opposition à l’Empire aux côtés de René Waldeck-Rousseau, nommé maire, et d’Émile Sarradin, nommé adjoint quelques mois plus tard. Après la proclamation de la IIIe République le 4 septembre 1870, Étiennez devient membre du Comité républicain Nantais. Il conserve son siège aux élections d’avril 1871 puis, suite à la démission de Waldeck-Rousseau, Arsène Leloup est nommé maire en juillet 1871 et Étiennez adjoint en septembre. Mais il démissionne à son tour après la révocation de Leloup en décembre 1872. Il retrouve son siège aux élections partielles d’avril 1873 alors qu’un nouveau conseiller entre au conseil municipal, Alfred Riom. Les deux hommes sont réélus en novembre 1874, janvier 1878 et janvier 1881 sous les mandats du maire Charles Lechat (1874 - 1881). Nommé adjoint en mars 1881, Étiennez démissionne à nouveau en septembre en raison de la division entre les républicains modérés et radicaux. Il ne retrouve son siège qu’une dizaine d’années plus tard lorsque la municipalité nantaise repasse aux mains des républicains suite au seul mandat conservateur sous la Troisième République à Nantes d’Ernest Guibourd (1888 - 1892). Après les élections de mai 1892, remportées par les républicains avec 29 sièges sur 36, Étiennez est élu 6e adjoint aux théâtres et au conservatoire de musique du maire Alfred Riom.

La nouvelle division des républicains et des scandales financiers locaux (autours de déficits pour le déplacement de la prise d’eau, la construction du nouveau musée des Beaux-arts ou celle d’un réseau d’égouts par une entreprise « étrangère », la Société de Marseille) provoquent l’échec de Riom en mai 1896 et l’élection d’Étiennez à la fonction de maire.

Election d’Étiennez à la fonction de maire

Election d’Étiennez à la fonction de maire

Date du document : 12-05-1896

Les questions sanitaires au cœur du mandat

Comme son prédécesseur, Étiennez est confronté à d’importants et récurrents problèmes sanitaires que les élus peinent à solutionner. Pour exemple, la prise d’eau qui alimente la Ville est encore située à cette époque entre deux égouts, et la question de son déplacement, décidé en 1892, n’est résolu qu’après six années de polémiques techniques et financières. Bien avant qu'une épidémie de choléra fasse près de 600 morts à Nantes en 1892, la question de l'absence d'eau potable est aussi l’un des sujets principaux que doivent résoudre les conseillers municipaux. Mais le conseil hésite depuis 1884, date de l’avant dernière épidémie de choléra, entre trouver de l’eau de source en quantité suffisante ou sélectionner un système efficace de filtration d’eau de la Loire. Ils choisiront finalement les deux solutions en 1898 mais comprendront que le seul moyen valable est la filtration. Nantes disposera d’eau potable en 1904 soit 20 ans après la prise de conscience des élus.

Travaux du canal de l'Erdre sous le quai Richebourg

Travaux du canal de l'Erdre sous le quai Richebourg

Date du document : 10-05-1930

Par ailleurs Étiennez instaure l’utilisation des « poubelles » à Nantes en 1896, déjà mise en place dans plusieurs grandes villes de France comme à  Paris douze ans plus tôt. Cette mesure, tentée sans succès par son prédécesseur Riom, est cependant contestée par les trois socialistes qui demandent que les récipients soient financés par les propriétaires et non les ouvriers, ce qu’ils obtiendront au bout de trois années de réclamations.

Service de nettoiement

Service de nettoiement

Date du document : sans date

Des débats autour des questions sociales

La présence de ces trois républicains socialistes, dont l’armateur Charles Brunellière est le chef de file à Nantes, entraîne l’accroissement des sujets débattus autour des questions sociales au sein du conseil. Ils sont le plus souvent évoqués en début de séance de manière polémiques par les socialistes, ce qui provoque des altercations ou incidents que le maire, républicain modéré, peine parfois à réguler. Ces élus, qui pourtant ont déclaré lors de la séance d’installation du conseil en mai 1896 être républicains, n’hésitent pas à critiquer leur politique et réclamer des avancées sociales. Ils demandent des secours et des salaires plus importants pour les ouvriers et employés, de meilleures conditions de travail dans les entreprises comme les chantiers navals ou la manufacture de tabacs qui emploient plusieurs milliers de salariés, la création de cantines scolaires et la lutte contre les logements insalubres.

D’autres thèmes sont également étudiés au sein du Conseil. La fin de la construction du musée des Beaux-arts provoque encore des tensions entre les élus jusqu’à son inauguration en avril 1900.

Enfin, l'affaire Dreyfus est à peine évoquée et de manière indirecte par les conseillers, malgré plusieurs soirées de manifestations antisémites rassemblant des milliers de personnes, qui ont lieu en centre ville en janvier 1898 suite à la publication de l’article « J’accuse » d’Émile Zola. Ce n’est qu’au détour d'une réclamation d’un marchand qui s’est fait détruire son étalage, demandant des dédommagements à la Ville, que les élus abordent le sujet. Pour autant, ils ne citent pas le nom du capitaine et évoquent à peine le caractère antisémite des manifestations.

Une fin de vie à Rouans dans la précarité

Etiennez donne sa démission pour des raisons de santé en avril 1899 et son premier adjoint, Paul-Emile Sarradin, termine son mandat en poursuivant sa politique jusqu’en mai 1900. Il se retire de la vie politique près de Paimboeuf à Rouans, là où sa carrière avait débuté comme conseiller municipal. On sait peu de chose sur les dernières années de sa vie, excepté que sa situation financière se révèle très précaire, sûrement due à la séparation des époux Étiennez. Décédé à l’âge de 76 ans, le 22 novembre 1908 à la Roustière à Rouans, sa succession déclarée vacante donc sans descendance, indique qu’il est veuf de Madame Nay (ou May) mais qu’il lui avait cédé ses biens lors de leur séparation trois ans plus tôt ce qui poussa la ville de Nantes à lui verser une pension.

Michaël Cattiau
2020

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En savoir plus

Bibliographie

Ravilly Étienne, Sallier Dupin, Jacques-Yves de, « Hippolyte-Étienne Étiennez, 115e maire. Un maire contraint d’interrompre son mandat », dans La Ville de Nantes de la monarchie de Juillet à nos jours, tome 1, Reflets du passé, Nantes, 1985, p. 209-223

Richomme Claude, Nantes et sa conquête de l’eau : une histoire… des hommes… un service…, Opéra, Nantes, 1997

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Maires

Alfred Riom (Nantes, 1842 – Saint-Herblain, 1908)

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Rédaction d'article :

Michaël Cattiau

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