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Compagnonnages
Issus des sociabilités corporatives médiévales, les compagnonnages (ou Devoirs) sont un mode d’organisation professionnelle ayant eu pour but d’assurer aux « œuvriers » des métiers de la construction (charpentiers, tailleurs de pierre, puis menuisiers et serruriers-forgerons) formation, secours mutuels et embauche.
Interdits ou surveillés, ils évoluent en plusieurs groupes, parfois rivaux, après les guerres de Religion, et s’étendent à d’autres métiers, notamment les chapeliers, couvreurs, charrons, bourreliers, plâtriers, sabotiers, etc. Les Devoirs préfigurent les syndicats mais conservent leur culture avec leurs usages propres, leurs modes de reconnaissance et leur fameux Tour de France.
Nantes est depuis le 15e siècle une « cayenne » (centre compagnonnique) importante entre Poitiers, Rouen et Orléans. À partir du 17e siècle, les sources témoignent de l’importance et de la diversification croissante des compagnonnages. Passé la Révolution, les Compagnons du Devoir font de la ville un bastion face aux Devoirs de Liberté. Dans un contexte d’industrialisation et d’influence plus progressiste chez les seconds, issus de la sensibilité réformée lors de la révocation de l’édit de Nantes en 1685, de nombreux incidents émaillent la rivalité entre les deux groupes : en 1825, un forgeron est tué dans une lutte contre des serruriers du Devoir de Liberté ; en 1845, les compagnons locaux refusent le Devoir aux boulangers et les troubles qui s’ensuivent provoquent 19 arrestations.
![Gravure sur cuivre de  <i>La grande victoire des compagnons cordonniers sur les garçons tailleurs</i> ](https://patrimonia.nantes.fr/media/a7d8b611-6fe3-433e-b541-5fe99caf6c53/picture:views/8/content/Small_327DICOcompagnonnages.jpg)
Gravure sur cuivre de  La grande victoire des compagnons cordonniers sur les garçons tailleurs 
Date du document : 1699
Habitués à voyager et à comparer les conditions de travail et les rémunérations, les compagnons jouent un rôle important dans les conquêtes sociales. Ce sont eux qui déclenchent la grande grève de 1824. Ainsi que l’explique le charpentier Jacques Durand : « Quand je suis arrivé à Nantes, j’ai été étonné, moi qui avais gagné 50 sous, de voir que dans cette ville la journée n’était payée que 40 et j’ai pensé qu’on pouvait ici comme ailleurs gagner 50 sous. » Mais dans la seconde moitié du 19e siècle, le mouvement décline. Alors que se développent l’industrialisation et les syndicats ouvriers, il tend à n’être qu’une survivance, hésitant entre le maintien d’une tradition ritualisée et une évolution vers une bonne formation professionnelle.
Trois centres de compagnonnage sont aujourd’hui présents à Nantes. Le plus ancien est l’Union compagnonnique des Devoirs unis, créée en 1889, au manoir de la Hautière. Elle a su maintenir vivaces les traditions mais, bien que possédant un intéressant petit musée, c’est une structure modeste. Le deuxième groupe, descendant des compagnons du Devoir de liberté, offre une formation professionnelle reconnue, sous l’égide de la Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment créée en 1952. Il se tient rue de l’Indre, à Nantes, et à Saint-Sébastien. Enfin, le dernier groupe, lui aussi reconnu d’utilité publique, est, depuis 1941, l’Association ouvrière des compagnons du Devoir du Tour de France. Son siège, depuis 1957, est bien connu avec son clocher tors (sans cloches : une simple flèche donc en réalité), quai Malakoff.
Ludovic Marcos
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteurs réservés)
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Ludovic Marcos
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