La cité HLM de la Contrie construite après-guerre, a connu les déboires des chantiers lancés dans l'urgence...
En 1950, le conseil municipal décide d’engager, pour le compte de l’Office public des HLM, l’acquisition de cinq hectares de terrains nécessaires à l’aménagement de la cité de la Contrie. Le projet prévoit la construction de 206 nouveaux logements composés à la fois de maisons jumelées et d’immeubles collectifs destinés à la location.
En 1951, le plan-masse est réalisé par les architectes Chudeau, Ferronière et Le Menelec. La cité est répartie sur deux sites : l’un entre le chemin de la Contrie, la rue du Bouillon et la rue Henri Eugène Gouillard et l’autre entre la rue du Corps de Garde, la rue du Cormier et la rue du Bouillon. Le projet comprend également l’ouverture de la rue Marcel Planiol.
HLM de la Contrie, rue de la Contrie
Date du document : 11-10-1955
HLM de la Contrie, rue de la Contrie
Date du document : 11-10-1955
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
L’architecte Le Menelec propose l’utilisation du béton cellulaire pour la construction. L’urgence dans laquelle les logements sociaux d’après-guerre doivent être édifiés occasionne un certain nombre d’erreurs dans le choix des modes de construction, les chantiers devenant des lieux d’expérimentation.
HLM de la Contrie, jardins et façades arrières des maisons-doubles, rue du Général- Laperrine
Date du document : fin des années 1950
HLM de la Contrie, jardins et façades arrières des maisons-doubles, rue du Général- Laperrine
Date du document : fin des années 1950
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
Ainsi, dès 1956, de nombreux locataires se plaignent des malfaçons : l’eau passe à travers les murs et envahit les cours. Le 3 février 1957, les autorités se rendent dans la cité et constatent les dégâts : « Bien des locataires doivent quitter les unes après les autres les diverses pièces de leur logement car il devient impossible d’y demeurer. L’humidité suinte des murs et les meubles pourrissent. » L’Office public est mis en demeure de remédier à cette situation mais en 1961, certaines caves sont encore envahies d’eau.
Nathalie Barré
Archives de Nantes
2011
Témoignage : Se loger dans les années 50
« Nous sommes les premiers locataires de cette maison puisque nous avons emménagé le 22 décembre 1954. À l’époque, je travaillais dans les Etablissements Paris, l’entreprise de constructions métalliques située dans le bas de Chantenay. Nous avons eu ce...
Témoignage : Se loger dans les années 50
« Nous sommes les premiers locataires de cette maison puisque nous avons emménagé le 22 décembre 1954. À l’époque, je travaillais dans les Etablissements Paris, l’entreprise de constructions métalliques située dans le bas de Chantenay. Nous avons eu ce logement par l’intermédiaire de mon entreprise parce qu’à l’époque, une contribution, qui s’appelait le 1 %, était versée au Comité Interprofessionnel du Logement. Comme Paris versait au CIL, ils ont eu droit à l’attribution de neuf logements pour leur personnel. On a eu la chance d’être choisi pour en être bénéficiaire. Auparavant, nous étions logés dans la cité ouvrière de la rue de la Marseillaise avec une cuisine au rez-de-chaussée et la chambre au premier. Il y a donc eu ces neufs logements d’attribués et quand quelqu’un de chez Paris en quittait un, c’était un autre employé qui le remplaçait. Au bout d’un certain temps il n’y avait plus personne pour remplacer alors les logements sont revenus à l’Office HLM. Il y avait aussi des maisons pour d’autres entreprises comme Saint-Gobain avec neuf maisons, les Chantiers de Bretagne, l’Imprimerie moderne, la Nantaise de Fonderie. Tout ce monde habitait les quarante-six logements répartis en vingt-trois maisons jumelées. Les immeubles n’étaient pas concernés. Toutes les maisons étaient pareilles. Pour les construire, ils ont coulé le ciment sur place. Ils ont fait des grandes plaques de ciment émulsionné et ils coupaient les parpaings sur place. Comme les grains de sable étaient trop gros, ils en ont cassé des scies ! Ils ont été obligés de prendre des scies avec des lames de carbone. Ça a été tout un grand chantier. Pendant des mois et des mois, ils ont coulé du parpaing. Toute la cité est faite avec des charpentes métalliques fabriquées par la société Paris. » « Après la guerre, nous avons habité pendant sept mois dans un grenier chez mes beaux-parents. Ce qui nous importait, c’était d’avoir un logement et d’être indépendants. On s’est marié en 50 et il a fallu que l’on attende 54 pour avoir ce logement. Quand on est arrivé ici, on se croyait vraiment au paradis parce qu’avant on n’avait aucun confort. Et puis on se connaissait tous avec le travail et les enfants qui allaient à l’école. Il y avait des enfants partout parce que pour avoir les logements, il fallait avoir trois enfants minimum. Toutes les maisons avaient un jardin. Quand on est arrivé, c’était beaucoup mieux que ce que nous avions eu auparavant mais il y avait quand même des choses à redire !» « Nous sommes rentrés le 22 décembre 54 et le 15 janvier 55, on a fondé l’association des locataires de la Contrie pour protester contre les malfaçons parce qu’au départ, ça n’a pas été terrible. Le siège social était au Café de l’Habitude sur le boulevard de la Solidarité. Moi, j’étais vice-président. On s’est réuni pour voir ce que l’on pouvait faire. » « Au début les routes n’étaient pas faites. La rue du Bouillon, c’était un chemin de terre, il n’y avait pas de trottoir. On a vécu le premier hiver dans la boue. Et au moment où nous avons emménagé, il a beaucoup plu. Le problème, c’est que les maisons n’avaient pas de crépi. Ils pensaient qu’un enduit sur les parpaings suffirait. Il parait que dans la région parisienne cet enduit avait un effet sensationnel mais ça n’a pas marché à Nantes ! L’eau passait à travers les murs. On avait de l’humidité partout, c’était incroyable ! Toutes les maisons étaient concernées parce qu’elles étaient toutes faites de la même façon. En plus, à l’époque il n’y avait pas de chauffage central. Il n’y avait qu’un poêle dans la cuisine que l’on avait acheté. Il a donc fallu quelques transformations pour corriger les malfaçons. Dans certaines maisons, dans les cages d’escalier surtout, il y avait plein de moisissures sur les murs à cause de l’humidité, c’était tout noir ! En 1958, on a eu le crépi et en 1965, le chauffage central. Pour le crépi, ils avaient mis des échafaudages autour de toutes les maisons du quartier. On était dans le noir parce qu’on était obligé de fermer les volets et les fenêtres. Je me souviens que l’on a fait la communion de ma nièce ici dans le noir avec les lumières allumées, en plein mois de juin. Quand le crépi, le mur intérieur et le chauffage central ont été faits, on n’avait plus rien à réclamer. Depuis qu’on a le chauffage individuel, on n’a plus de problème et en 1990, on a eu une réhabilitation complète. Avec le temps et les années, Nantes Habitat était plus conforme à nos besoins, plus compréhensif. En tout cas, nous sommes encore là et on se plait toujours dans le quartier. »
Propos recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2010 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
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Bibliographie
Archives municipales de Nantes, De la Contrie à la Durantière, Ville de Nantes, Nantes, 2011 (coll. Quartiers à vos mémoires)
Halgand Marie-Paule, Pasquier Élisabeth, La construction d’un patrimoine : de l’Office public d’HBM à Nantes-Habitat, Nantes-Habitat, Nantes, 1993
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