Du 16e au 20e siècle, la carrière Miséry a alimenté nombre de chantiers de construction dans le quartier et dans toute la ville. Cet ancien site industriel abrite un jardin public depuis octobre 2019.
Au début du 18e siècle, alors que Nantes est en plein essor avec le développement du commerce maritime, Chantenay reste encore un bourg rural concentré autour de la paroisse de Saint-Martin. Le coteau de Miséry, rattaché à Nantes, est la propriété des seigneurs de la Hautière.
Une carrière à la campagne
Au 16e siècle, les seigneurs de la Hautière possèdent la carrière et l’ensemble des terres environnantes jusqu’au manoir du même nom, situé au nord. Pas de quai ni de construction, c'est encore la campagne. Le versant escarpé du coteau est à peine entaillé et avance sur la Loire.
Les premières mentions d’exploitation de la carrière Miséry remonte à cette époque. Le front de taille est alors beaucoup plus proche de la Loire et moins abrupt qu’aujourd’hui. Plusieurs types de pierre en sont extraites : la baryte sulfatée ainsi que deux variétés de granite (une roche très dure gris-bleu et une roche friable jaune).
Le coteau de Miséry hérite son nom de « misère » car le site aurait servi de refuge à des miséreux bénéficiant sans doute de la charité des moines du couvent de l'Ermitage installé sur le coteau, à l'est. La carrière était aussi, parfois, dite « de l'Hermitage », toujours en référence aux Capucins et à leur couvent voisin.
Plan géométral des costaux de Misery, autrement L'hermitage
Date du document : 28-01-1711
Plan géométral des costaux de Misery, autrement L'hermitage
Date du document : 28-01-1711
4e carte figurative contenant les barrières de l'Hermitage et de la Fosse, par Sulpice Hordebourg, arpenteur royal, et François Roussel, architecte, 28 janvier 1711.
Auteur(s) : Hordebourg, Sulpice (auteur) ; Roussel, François (auteur)
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
Plan géométral des costaux de Misery, autrement L'hermitage
Date du document : 28-01-1711
4e carte figurative contenant les barrières de l'Hermitage et de la Fosse, par Sulpice Hordebourg, arpenteur royal, et François Roussel, architecte, 28 janvier 1711.
Auteur(s) : Hordebourg, Sulpice (auteur) ; Roussel, François (auteur)
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
L'extraction à la carrière Miséry sous l'Ancien Régime
A la fin du 16e siècle, les seigneurs de la Hautière accordent à la ville le droit d'exploiter la carrière en échange du versement d'une rente annuelle. Les pierres de Miséry permirent la construction du pont de Pirmil en 1568 et les consolidations des fortifications. Mais la ville n'est pas la seule exploitante de la carrière. Les perreyeurs revendent les pierres pour leur propre compte aux architectes, maçons et particuliers.
A cette époque, il existe de nombreuses carrières à Nantes. Au 16e siècle, certaines se trouvent en ville à proximité immédiate des chantiers de construction, d'autres dans les faubourgs comme Miséry ou la Contrie. A l'issue des chantiers, les traces de ces exploitations sont effacées afin d'éviter tout danger pour les habitations du voisinage.
Lieu de conservation : Région Pays de la Loire, Inventaire Général
Pendant la révolution, un lieu d'exécution
Entre novembre 1793 et février 1794, la carrière ainsi que les bords de Loire sont le théâtre d’exécutions de contre-révolutionnaires, prêtres réfractaires et prisonniers vendéens. En effet, des menaces pèsent sur la République : invasion des armées de l’Europe coalisée, guerre civile menée par les Vendéens et les fédéralistes.
Jean-Baptiste Carrier est investi de tous les pouvoirs par la Convention à Nantes pour faire taire la contre-révolution. Il met en œuvre des mesures extrêmes afin de frapper les esprits. D’abord emprisonnés à l’ermitage des petits capucins, des prêtres et des religieux sont noyés en novembre 1793 dans la Loire. Plus de 1000 personnes meurent ainsi noyées et 3600 prisonniers sont fusillés dans les carrières de Nantes.
L'apogée de l'exploitation de la carrière : le 19e siècle
Dès la fin du 18e siècle, la carrière semble épuisée, mais paradoxalement elle connaît son apogée d’exploitation dans la seconde moitié du 19e siècle. En 1853, à la mort de Pierre Carré de Lusançay, navigateur, militaire et seigneur de la Hautière, les terres sont partagées et les biens dispersés. La Ville achète la carrière et les terrains situés au-dessus.
À cette époque, il était courant que chaque administration (commune, département, État) possède sa propre carrière réservée à l’entretien des chemins et des routes. En effet, au 19e siècle, les besoins en matériaux sont croissants : pierre pour le réseau routier, ballast pour le réseau ferré qui est alors en plein développement. Deux autres carrières sont ouvertes de part et d’autre de Miséry. À Nantes, le granit est utilisé essentiellement pour paver les rues. Mais les pierres sont également exportées à l’étranger. Ainsi, le Belem, tout juste sorti des chantiers Dubigeon voisins, transporta en 1896 des pierres de Miséry jusqu’en Uruguay.
L’extraction était exclusivement manuelle : barres à mines et charges de poudre pour la perforation et l’explosion ; puis pioche et masse pour la coupe. Le front de taille s’avançant de plus en plus dans le coteau, de nombreux conflits sont signalés avec les riverains. En 1839, la ville propose une prime de 20 000 francs à qui découvrira une machine propre à extraire de la carrière les pavés de granit de diverses dimensions.
Prime de 20.000 francs pour les pavés de Miséry
Date du document : 28-01-1839
Prime de 20.000 francs pour les pavés de Miséry
Date du document : 28-01-1839
Affiche de la Ville de Nantes annonçant une prime de 20.000 francs pour la taille cubique du granit de la carrière de Misery.
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
Au début du 20e siècle, l’extraction de la pierre dans la carrière Miséry cohabite avec l’activité de la brasserie. Cessant progressivement l’exploitation de la carrière, la Ville vend année après année des parcelles de Miséry aux Brasseries de la Meuse.
Carrière et falaise de Misery
Date du document : sans date
Carrière et falaise de Misery
Date du document : sans date
Quelques bâtiments restants des Brasseries de la Meuse, photographiés depuis le Bas-Chantenay.
Auteur(s) : Pinier, Nicolas (cliché)
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction interdite
Lieu de conservation : Centre d'histoire du travail
L’exploitation des carrières nantaises cesse dans les années 1930, entraînant l’utilisation de granites extérieurs : bretons avant la Seconde Guerre mondiale puis de Scandinavie ou de Chine après.
Falaise de Miséry et voie ferrée
Date du document : 1878
Falaise de Miséry et voie ferrée
Date du document : 1878
Vue de la falaise de Miséry, de gauche à droite : carrière, train sur la voie ferrée, voilier amarré au quai Marquis d'Aiguillon.
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
La reconversion du site en un Jardin Extraordinaire
Suite à la fermeture des Brasseries de la Meuse, le site de l'ancienne carrière Miséry devient un espace d’expérimentation. En octobre 1991, le Festival des Allumés investit le site dans son édition sur Leningrad - Saint-Pétersbourg avec un spectacle sur Tchernobyl.
La Ville de Nantes devient propriétaire de l'ensemble du terrain en 2004. Une association d'architectes et de paysagistes investit régulièrement le site où elle se livre à des expériences artistiques et végétales. Les anciennes façades sont mises à disposition de la ville pour les graffeurs. L'arbre lunaire Lunar Tree, de 12 mètres de haut, réalisé par Mrzyk & Moriceau est mis en place pour Estuaire 2012 : « C’est un arbre mort, blanc le jour et qui se met à briller la nuit comme un spectre. C’est une invitation à l’imaginaire, il pourrait être l’objet d’un conte, est ce que les arbres ont une âme ? ».
En 2016, la carrière Miséry, site hors-norme de 3 hectares, est choisie pour accueillir un nouveau jardin nantais dans le cadre du projet urbain du Bas-Chantenay. Aménagé à partir de 2018, le Jardin Extraordinaire est inauguré en octobre 2019. Il est surplombé d’un belvédère en forme de nid de cigogne imaginé par Tadashi Kawamata. Cette œuvre offre un point de vue exceptionnel sur la ville et le fleuve.
Gaëlle Caudal
Direction du Patrimoine et de l'Archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2018 (mis à jour par Noémie Boulay en 2023)
Anecdote (1/3) : Le sillon de Bretagne, un granite breton
Le granite de la carrière Miséry s'est mis en place il y a 310 millions d'années, le long d'une faille qui s'étend de la pointe du Raz à la Vendée. Celle-ci forme un talus appelé le sillon de Bretagne, auquel on doit les hauteurs de la butte Saint-Anne....
Anecdote (2/3) : Connaissez-vous la « Pierre nantaise » ?
À l'extrémité de ce qui est actuellement la place des Garennes s'élevait un bloc de granite d'une hauteur d'environ 10 mètres. Les enfants avaient l'habitude de l'escalader et de danser à son sommet. Ce rocher, nommé "Pierre Nantaise", disparut autour...
Anecdote (3/3) : Le coteau Miséry, illuminé par le Roi Soleil
En 1622, les seigneurs de la Hautière font don du terrain sur le coteau situé à l’est de la carrière, à l'ordre des frères mineurs Capucins, disciples de François d’Assise. Une douzaine de religieux fonde alors l’ermitage des petits capucins, par opposition...
Anecdote (1/3) : Le sillon de Bretagne, un granite breton
Le granite de la carrière Miséry s'est mis en place il y a 310 millions d'années, le long d'une faille qui s'étend de la pointe du Raz à la Vendée. Celle-ci forme un talus appelé le sillon de Bretagne, auquel on doit les hauteurs de la butte Saint-Anne. Ce granite bleu, pierre dure extraite de la carrière de Miséry, est réservé à la confection des pavés et ouvrages d'art (piliers de ponts ou quais de Loire). Le jaune, plus tendre, mais de bonne cohésion, est utilisée dans les soubassements de nombreux bâtiments publics (murailles du château par exemple). Tout au long de l'exploitation de la carrière, différents minéraux furent découverts et ont attiré l'attention des scientifiques. Ils sont conservés dans les collections du Muséum d'histoire naturelle de Nantes, certains exposés dans les vitrines de la Galerie des Sciences de la Terre.
Anecdote (2/3) : Connaissez-vous la « Pierre nantaise » ?
À l'extrémité de ce qui est actuellement la place des Garennes s'élevait un bloc de granite d'une hauteur d'environ 10 mètres. Les enfants avaient l'habitude de l'escalader et de danser à son sommet. Ce rocher, nommé "Pierre Nantaise", disparut autour des années 1730. Les enfants utilisèrent un autre bloc, moins haut, situé face à la rue de Miséry, à la hauteur de l'actuel Musée Jules-Verne. Ce bloc fut détruit lors de la réalisation des escaliers de la butte Sainte-Anne. La "Pierre Nantaise" servit longtemps d'amer (repère de navigation) pour les bateaux et de délimitation entres concessions de pêcheries établies le long de la Loire.
Anecdote (3/3) : Le coteau Miséry, illuminé par le Roi Soleil
En 1622, les seigneurs de la Hautière font don du terrain sur le coteau situé à l’est de la carrière, à l'ordre des frères mineurs Capucins, disciples de François d’Assise. Une douzaine de religieux fonde alors l’ermitage des petits capucins, par opposition au couvent des grands capucins installé sur le futur cours Cambronne. Les religieux défendent une pauvreté absolue : ils marchent pieds nus, portent la barbe et un habit avec un capuchon pointu d’où leur nom. Le couvent de l'Hermitage devient un « incontournable » de Nantes lors de la venue de visiteurs étrangers. Le géographe nantais Jean-Baptiste Ogée écrit en 1778 : « Quand les princes et les grands venaient à Nantes, on ne manquait jamais de les conduire à l'Ermitage pour les faire jouir de la perspective ». Ainsi le 3 septembre 1661, après une visite au château, Louis XIV emprunte la rampe actuelle de l'Hermitage sur laquelle a été jeté un pont de 1088 planches jusqu'à Misery. Il assiste à la messe dans la chapelle du couvent puis se promène dans l'enclos avant d'admirer la vue sur Nantes et ses faubourgs.
Témoignage (1/6 ) : Au service de la paye
« En 1948, ma mère travaillait aux conserves Amieux, rue Chevreul depuis huit ans. Elle avait entendu dire que pour les fêtes de Noël la chocolaterie Amieux embauchait pour faire les bonbons de chocolat. Je me suis donc présentée et j’ai été embauchée. Au début, je mettais les bonbons dans les boîtes. Ensuite, je suis rentrée dans les bureaux grâce à la secrétaire. J’ai tout appris sur le tas. Elle me gardait le soir pour m’apprendre à taper à la machine. Petit à petit, j’ai été chargée du calcul des payes. A l’époque, les ouvriers étaient payés tous les quinze jours. Je devais donc collecter les cartes deux fois par mois, relever les heures et calculer le salaire dont le versement dépendait de l’usine de Chantenay. Il fallait que je décompte le nombre exact de billets dont j’avais besoin parce qu’à l’époque les payes étaient remises en liquide. C’était un vieux monsieur qui partait chercher les billets à pied de la rue Paul-Bert jusqu’à Chantenay et c’est moi qui distribuais les enveloppes dans l’usine. Ce jour-là, tout le monde m’attendait !
Témoignage (2/6) : ...puis des relations publiques
Quand j’ai pris un petit peu d’âge, j’ai fait visiter l’usine à des groupes. C’était plutôt amusant. Quand les fèves de chocolat étaient torréfiées et broyées, on laissait les personnes goûter l’espèce de pâte très épaisse qui sortait du broyeur. Ce n’était pas bon parce que c’était très amer ! Alors, évidemment, tout le monde faisait la grimace. J’ai aussi tenu le stand Amieux pendant la foire commerciale du Champ de Mars qui se déroulait pendant dix jours au mois d’avril. J’y suis allée quatre années avec d’autres collègues. C’est moi qui tenais la caisse. Je ne sais pas si ça se passerait comme ça maintenant mais on m’apportait une certaine somme le matin, je comptais le soir, j’emmenais la caisse chez moi et je la ramenais le lendemain matin. Il y avait de la confiance quand même !
Témoignage (3/6) : Un savoir-faire artisanal
C’était une chocolaterie très artisanale, presque tout était fait à la main à partir de matières premières de très bonne qualité. Il y avait quand même des machines : des broyeuses pour broyer les fèves de cacao et des machines pour faire les pâtes. Une fois que les fèves de cacao étaient broyées, la pâte était répartie dans des mélangeurs pour faire des pralinés avec des noisettes ou des plaques de chocolat que l’on appelait de la couverture. Cette couverture était utilisée pour différentes fabrications de bonbons. On faisait aussi des spécialités pour des pâtissiers confiseurs. Les bonbons étaient enveloppés à la main parce qu’il y avait des spécialités. On faisait des tablettes de chocolat avec une plieuse. C’était la machine pour envelopper. C’était beau à voir parce que les tablettes défilaient et ça s’enveloppait. Sinon, on faisait des ganaches, des pralinés et des bâtons au chocolat praliné. Qu’est-ce que c’était bon ! Il y avait un chef de fabrication qui inventait des recettes.
Témoignage (4/6 ) : Le plein boom de Noël
L’hiver, il y avait à peu près soixante-dix personnes qui travaillaient dans l’usine. La pleine saison durait trois mois au moment des fêtes de Noël. C’était surtout des femmes pour la manutention, pour mettre les chocolats en boîtes. Par contre pour torréfier, broyer et mélanger, il fallait un homme. Beaucoup de salariés habitaient dans les environs entre la Contrie et la Durantière et il y avait tous les âges. A l’époque, on pouvait être embauché à 15 ans. Il y avait plus de saisonniers que de permanents et des personnes revenaient d’une saison sur l’autre.
Témoignage (5/6) : Connue dans toute la France
On vendait dans toute la France. Des représentants allaient chez les pâtissiers–confiseurs pour prendre les commandes et ils nous envoyaient les bons. Un monsieur préparait les colis et un autre les portait à la poste avec une vieille camionnette. On travaillait pour les grossistes aussi. Alors là, le conditionnement n’était pas le même que pour les particuliers. C’étaient des boîtes en carton bleues claires ou des cassettes en bois. J’ai vraiment passé sept années merveilleuses chez Amieux. Je suis partie en 1955 quand je me suis mariée. Je n’ai pas continué parce que la chocolaterie ne se portait pas très bien. »
Propos de Gisèle Braban recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2010 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (6/6) : Comme les cailloux du Petit-Poucet
« L’entrée principale de la chocolaterie était rue Paul Bert et l’entrepôt donnait sur le chemin des Renardières. Quand on allait à l’école, on passait par-là et il y avait toujours des camions qui livraient des gros sacs de fèves de cacao. Comme il y avait toujours des sacs percés, des fèves tombaient dans la rue. Alors nous, dès qu’on en trouvait par terre, on en ramassait. On les rapportait à la maison pour les goûter mais c’était très amer ! »
Propos de Lucie Lanoë recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2014 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (1/6 ) : Au service de la paye
« En 1948, ma mère travaillait aux conserves Amieux, rue Chevreul depuis huit ans. Elle avait entendu dire que pour les fêtes de Noël la chocolaterie Amieux embauchait pour faire les bonbons de chocolat. Je me suis donc présentée et j’ai été embauchée....
Témoignage (2/6) : ...puis des relations publiques
Quand j’ai pris un petit peu d’âge, j’ai fait visiter l’usine à des groupes. C’était plutôt amusant. Quand les fèves de chocolat étaient torréfiées et broyées, on laissait les personnes goûter l’espèce de pâte très épaisse qui sortait du broyeur. Ce n’était...
Témoignage (3/6) : Un savoir-faire artisanal
C’était une chocolaterie très artisanale, presque tout était fait à la main à partir de matières premières de très bonne qualité. Il y avait quand même des machines : des broyeuses pour broyer les fèves de cacao et des machines pour faire les pâtes. Une...
Témoignage (4/6 ) : Le plein boom de Noël
L’hiver, il y avait à peu près soixante-dix personnes qui travaillaient dans l’usine. La pleine saison durait trois mois au moment des fêtes de Noël. C’était surtout des femmes pour la manutention, pour mettre les chocolats en boîtes. Par contre pour...
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On vendait dans toute la France. Des représentants allaient chez les pâtissiers–confiseurs pour prendre les commandes et ils nous envoyaient les bons. Un monsieur préparait les colis et un autre les portait à la poste avec une vieille camionnette. On...
Gisèle Braban
Témoignage (6/6) : Comme les cailloux du Petit-Poucet
« L’entrée principale de la chocolaterie était rue Paul Bert et l’entrepôt donnait sur le chemin des Renardières. Quand on allait à l’école, on passait par-là et il y avait toujours des camions qui livraient des gros sacs de fèves de cacao. Comme il y...
Lucie Lanoë
Anecdote (1/3) : Le sillon de Bretagne, un granite breton
Le granite de la carrière Miséry s'est mis en place il y a 310 millions d'années, le long d'une faille qui s'étend de la pointe du Raz à la Vendée. Celle-ci forme un talus appelé le sillon de Bretagne, auquel on doit les hauteurs de la butte Saint-Anne. Ce granite bleu, pierre dure extraite de la carrière de Miséry, est réservé à la confection des pavés et ouvrages d'art (piliers de ponts ou quais de Loire). Le jaune, plus tendre, mais de bonne cohésion, est utilisée dans les soubassements de nombreux bâtiments publics (murailles du château par exemple). Tout au long de l'exploitation de la carrière, différents minéraux furent découverts et ont attiré l'attention des scientifiques. Ils sont conservés dans les collections du Muséum d'histoire naturelle de Nantes, certains exposés dans les vitrines de la Galerie des Sciences de la Terre.
Anecdote (2/3) : Connaissez-vous la « Pierre nantaise » ?
À l'extrémité de ce qui est actuellement la place des Garennes s'élevait un bloc de granite d'une hauteur d'environ 10 mètres. Les enfants avaient l'habitude de l'escalader et de danser à son sommet. Ce rocher, nommé "Pierre Nantaise", disparut autour des années 1730. Les enfants utilisèrent un autre bloc, moins haut, situé face à la rue de Miséry, à la hauteur de l'actuel Musée Jules-Verne. Ce bloc fut détruit lors de la réalisation des escaliers de la butte Sainte-Anne. La "Pierre Nantaise" servit longtemps d'amer (repère de navigation) pour les bateaux et de délimitation entres concessions de pêcheries établies le long de la Loire.
Anecdote (3/3) : Le coteau Miséry, illuminé par le Roi Soleil
En 1622, les seigneurs de la Hautière font don du terrain sur le coteau situé à l’est de la carrière, à l'ordre des frères mineurs Capucins, disciples de François d’Assise. Une douzaine de religieux fonde alors l’ermitage des petits capucins, par opposition au couvent des grands capucins installé sur le futur cours Cambronne. Les religieux défendent une pauvreté absolue : ils marchent pieds nus, portent la barbe et un habit avec un capuchon pointu d’où leur nom. Le couvent de l'Hermitage devient un « incontournable » de Nantes lors de la venue de visiteurs étrangers. Le géographe nantais Jean-Baptiste Ogée écrit en 1778 : « Quand les princes et les grands venaient à Nantes, on ne manquait jamais de les conduire à l'Ermitage pour les faire jouir de la perspective ». Ainsi le 3 septembre 1661, après une visite au château, Louis XIV emprunte la rampe actuelle de l'Hermitage sur laquelle a été jeté un pont de 1088 planches jusqu'à Misery. Il assiste à la messe dans la chapelle du couvent puis se promène dans l'enclos avant d'admirer la vue sur Nantes et ses faubourgs.
Témoignage (1/6 ) : Au service de la paye
« En 1948, ma mère travaillait aux conserves Amieux, rue Chevreul depuis huit ans. Elle avait entendu dire que pour les fêtes de Noël la chocolaterie Amieux embauchait pour faire les bonbons de chocolat. Je me suis donc présentée et j’ai été embauchée. Au début, je mettais les bonbons dans les boîtes. Ensuite, je suis rentrée dans les bureaux grâce à la secrétaire. J’ai tout appris sur le tas. Elle me gardait le soir pour m’apprendre à taper à la machine. Petit à petit, j’ai été chargée du calcul des payes. A l’époque, les ouvriers étaient payés tous les quinze jours. Je devais donc collecter les cartes deux fois par mois, relever les heures et calculer le salaire dont le versement dépendait de l’usine de Chantenay. Il fallait que je décompte le nombre exact de billets dont j’avais besoin parce qu’à l’époque les payes étaient remises en liquide. C’était un vieux monsieur qui partait chercher les billets à pied de la rue Paul-Bert jusqu’à Chantenay et c’est moi qui distribuais les enveloppes dans l’usine. Ce jour-là, tout le monde m’attendait !
Témoignage (2/6) : ...puis des relations publiques
Quand j’ai pris un petit peu d’âge, j’ai fait visiter l’usine à des groupes. C’était plutôt amusant. Quand les fèves de chocolat étaient torréfiées et broyées, on laissait les personnes goûter l’espèce de pâte très épaisse qui sortait du broyeur. Ce n’était pas bon parce que c’était très amer ! Alors, évidemment, tout le monde faisait la grimace. J’ai aussi tenu le stand Amieux pendant la foire commerciale du Champ de Mars qui se déroulait pendant dix jours au mois d’avril. J’y suis allée quatre années avec d’autres collègues. C’est moi qui tenais la caisse. Je ne sais pas si ça se passerait comme ça maintenant mais on m’apportait une certaine somme le matin, je comptais le soir, j’emmenais la caisse chez moi et je la ramenais le lendemain matin. Il y avait de la confiance quand même !
Témoignage (3/6) : Un savoir-faire artisanal
C’était une chocolaterie très artisanale, presque tout était fait à la main à partir de matières premières de très bonne qualité. Il y avait quand même des machines : des broyeuses pour broyer les fèves de cacao et des machines pour faire les pâtes. Une fois que les fèves de cacao étaient broyées, la pâte était répartie dans des mélangeurs pour faire des pralinés avec des noisettes ou des plaques de chocolat que l’on appelait de la couverture. Cette couverture était utilisée pour différentes fabrications de bonbons. On faisait aussi des spécialités pour des pâtissiers confiseurs. Les bonbons étaient enveloppés à la main parce qu’il y avait des spécialités. On faisait des tablettes de chocolat avec une plieuse. C’était la machine pour envelopper. C’était beau à voir parce que les tablettes défilaient et ça s’enveloppait. Sinon, on faisait des ganaches, des pralinés et des bâtons au chocolat praliné. Qu’est-ce que c’était bon ! Il y avait un chef de fabrication qui inventait des recettes.
Témoignage (4/6 ) : Le plein boom de Noël
L’hiver, il y avait à peu près soixante-dix personnes qui travaillaient dans l’usine. La pleine saison durait trois mois au moment des fêtes de Noël. C’était surtout des femmes pour la manutention, pour mettre les chocolats en boîtes. Par contre pour torréfier, broyer et mélanger, il fallait un homme. Beaucoup de salariés habitaient dans les environs entre la Contrie et la Durantière et il y avait tous les âges. A l’époque, on pouvait être embauché à 15 ans. Il y avait plus de saisonniers que de permanents et des personnes revenaient d’une saison sur l’autre.
Témoignage (5/6) : Connue dans toute la France
On vendait dans toute la France. Des représentants allaient chez les pâtissiers–confiseurs pour prendre les commandes et ils nous envoyaient les bons. Un monsieur préparait les colis et un autre les portait à la poste avec une vieille camionnette. On travaillait pour les grossistes aussi. Alors là, le conditionnement n’était pas le même que pour les particuliers. C’étaient des boîtes en carton bleues claires ou des cassettes en bois. J’ai vraiment passé sept années merveilleuses chez Amieux. Je suis partie en 1955 quand je me suis mariée. Je n’ai pas continué parce que la chocolaterie ne se portait pas très bien. »
Propos de Gisèle Braban recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2010 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (6/6) : Comme les cailloux du Petit-Poucet
« L’entrée principale de la chocolaterie était rue Paul Bert et l’entrepôt donnait sur le chemin des Renardières. Quand on allait à l’école, on passait par-là et il y avait toujours des camions qui livraient des gros sacs de fèves de cacao. Comme il y avait toujours des sacs percés, des fèves tombaient dans la rue. Alors nous, dès qu’on en trouvait par terre, on en ramassait. On les rapportait à la maison pour les goûter mais c’était très amer ! »
Propos de Lucie Lanoë recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2014 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
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Société des Sciences Naturelles de l'Ouest de la France, Carrière de Miséry, 500 ans d'histoire nantaise, Joca Seria, Nantes, 2018 (Place publique, n° hors-série)
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Contributeur(s) :Christian Le Boulaire
,
Karine Prêtre