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Brasserie


Il ne reste rien de la brasserie La Meuse – nichée autrefois dans la carrière de Miséry à Nantes – sinon des souvenirs olfactifs. « Quand l’odeur de malt montait sur Jean Macé, c’était signe de pluie », disent les anciens du quartier. Oubliée donc – sauf une plaque de rue près du port – la brasserie, qui était pourtant un des fleurons de l’industrie agroalimentaire à Nantes.

Dans ce pays de vin et de cidre, où l’on ne cultive pas le houblon, l’éclosion est difficile. Il faut être étranger, comme René Tinnebac, en 1681 pour être autorisé à brasser de la bière « principalement pour l’usage des Flamands habitant dans cette ville et pour les matelots qui logeaient d’ordinaire en son logis de la Fosse de Nantes ». Selon l’historien Gaston Martin, le développement de la brasserie au 18e siècle s’explique par « l’importance de la colonie nordique établie à Nantes depuis longtemps ».

La brasserie Burgelin, dans l'ancienne carrière de Miséry

La brasserie Burgelin, dans l'ancienne carrière de Miséry

Date du document : début 20e siècle

Au 19e siècle, la brasserie passe lentement de l’artisanat au stade industriel, sous l’influence, cette fois, de brasseurs d’origine germanique. Parmi eux, un ancien prisonnier autrichien, Freudenthaler, installé près du pont de la Madeleine. Sous la Restauration, il fait venir d’Outre-Rhin trois maîtres brasseurs, Rothenbach, Schaeffer et Frédéric Burgelin (né en 1801 dans le duché de Bade). Trois marques qui, en 1906, n’en feront plus qu’une. Burgelin, quai Saint-Louis, est particulièrement dynamique : en 1846, il emploie deux ouvriers, en 1857 il utilise la vapeur, en 1862 il achète le café de France, place Graslin pour écouler sa production. Mais c’est son fils, Samuel-Eugène, qui assure le développement de l’affaire : installation de l’usine dans la carrière voisine, invention du système de fermentation basse par réfrigération (1886), création d’une société anonyme (au capital de 1 500 500 francs), dénommée Grandes brasserie et malterie Burgelin, à laquelle participent des industriels nantais comme Amieux et Brissonneau.

Courrier à en-tête, Brasserie E. Burgelin

Courrier à en-tête, Brasserie E. Burgelin

Date du document : 14-01-1902

En 1905, Schaeffer et Rothenbach entrent dans le giron de Burgelin, qui devient Société des brasseries nantaises, avec pour emblème un paludier de Guérande. Un an plus tard, les trois associés souscrivent à l’augmentation de capital des Brasseries de la Meuse, entreprise créée en 1890 à Bar-le-Duc par Adolphe Kreiss. Avec ce rapprochement, Kreiss devient actionnaire majoritaire en 1931 et transforme les Brasseries nantaises en Brasseries de la Meuse, d’où le nom qu’on a retenu à Nantes.

Embouteillage aux Brasseries de la Meuse

Embouteillage aux Brasseries de la Meuse

Date du document : début 20e siècle

 À la tête du progrès technique (installations frigorifiques), la brasserie de la Meuse fabrique 3 000 hectolitres de bière par jour, dont une partie va à l’exportation. Patron social et paternaliste, de confession protestante, Burgelin crée une caisse de secours mutuel, ainsi qu’une crèche pour nourrissons, car il emploie beaucoup de femmes. Après la Seconde Guerre mondiale, la brasserie nantaise, absorbée en 1966 par la Société européenne de brasserie (Seb), puis par le groupe BSN d’Antoine Riboud en 1972, connaît encore de beaux succès commerciaux. Mais elle est victime, en 1984, du plan de restructuration qui aboutit à la fermeture de l’usine et au licenciement des 153 salarié(e)s.

Yves Rochcongar
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)



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En savoir plus

Bibliographie

Bloyet Dominique, L'histoire des brasseries nantaises, Éd. CMD, Doué-la-Fontaine, 2000 (coll. Les dossiers de la mémoire)

Kemener Yann-Ber, Bières et brasseurs de Bretagne : tradition et renouveau, Skol Vreizh, Morlaix, 1995

« Les vieilles affaires nantaises : Les Brasseries de la Meuse », Union Maritime de la Basse-Loire, n°31, octobre 1953, p. 51-54

Société des Sciences Naturelles de l'Ouest de la France, Carrière de Miséry, 500 ans d'histoire nantaise, Joca Seria, Nantes, 2018 (Place publique, n° hors-série)

Webographie

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Yves Rochcongar

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