Fresque des Acadiens
À la fin du 18e siècle, Chantenay et le quartier de l'Hermitage à Nantes deviennent terre d'accueil pour quelques milliers d'Acadiens. Ce fait historique assez méconnu est célébré par une fresque créée par Robert Dafford et posée en 1993 sur la maison de quartier le Dix.
Ces hommes, femmes et enfants installés en Nouvelle-France, au sud du fleuve Saint-Laurent, ont été chassés par les Anglais à partir de 1755. Le pouvoir royal tente de les installer à Belle-Île-en-Mer en 1765 puis dans le Poitou au sud de Châtellerault à partir de 1773, mais sans succès.
Ensemble des deux peintures murales composant la Fresque des Acadiens
Date du document : 20-03-2013
L'immigration acadienne à Nantes
Près de mille trois cents personnes arrivent entre 1775 et 1776 à Nantes par bateaux sur la Vienne puis sur la Loire. À Nantes, qui est considérée alors comme le plus grand rassemblement d'Acadiens exilés en France, la crise du logement est sévère. Les Acadiens sont logés dans les paroisses de Saint-Similien, Saint-Nicolas, Saint-Jacques, mais surtout sur la paroisse Saint-Martin de Chantenay. La majorité habite dans le quartier de l'Hermitage, face au port où ils peuvent observer les mouvements des navires. C'est un secteur d'habitations peu chères, mais insalubres. Les conditions d'existence de cette population sont très difficiles et la mortalité infantile est importante. En 1772, la Louisiane devient espagnole et en 1785, un accord entre le roi d'Espagne et Louis XVI permet à ces Acadiens de repartir outre-Atlantique. En quelques mois, les Acadiens se retirent de la paroisse Saint-Martin : du 10 mai au 19 octobre 1785, sept navires quittent les ports de Nantes ou de Paimboeuf en direction de la Louisiane, emportant quelque 1600 Acadiens.
Les Acadiens à Chantenay
Après cet épisode tant attendu par beaucoup, quelques Acadiens choisissent de rester à Chantenay ou Nantes : femmes, veuves, avec ou sans enfant(s) ainsi que des couples dont l'un des membres a épousé un(e) Nantais(e). Cet épisode historique de l'expropriation massive des Acadiens par les Anglais est appelé aussi « le Grand Dérangement ».
La Fresque des Acadiens pour rappeler cet épisode migratoire
À la demande de la ville de Nantes, une fresque dite « des Acadiens » est réalisée en 1993 par le peintre américain Robert Dafford en mémoire de cet épisode migratoire. Elle a pu voir le jour grâce à l'action de l'Association Bretagne-Acadie-Louisiane et de son président Gérard-Marc Braud. La peinture, placée sur le mur sud de la maison de quartier "le Dix", représente des hommes, des femmes et des enfants à la fin du 18e siècle avec le port de Nantes en arrière-plan.
Elle fait partie d'un ensemble mémorial puisqu'une autre fresque est terminée par le même peintre à Saint-Martinville en Louisiane en 1999. Celle-ci commémore l'arrivée des Acadiens dans cette ville après leur période d'exil en France. Une reproduction de cette fresque figure à gauche de la peinture nantaise, dans un cadre.
Reproduction de la peinture murale représentant l'arrivée des Acadiens à Saint-Martinville en Louisiane.
Date du document : 19-03-2013
La restauration complexe d'une œuvre non pérenne
La technique utilisée pour réaliser cette fresque de 15,80 m sur 3,70 m se révèle inadaptée au support : il s'agit d'une peinture acrylique étanche posée sur un primaire poreux, peu adhérent à l'enduit du mur. Le diagnostic réalisé en 2007 par un restaurateur spécialiste en fresque insiste aussi sur l'humidité du mur et l'impossibilité de trouver une solution technique pérenne aux dégradations constatées.
Restaurée en 2012, surveillée et réparée durant plusieurs années, les diagnostics des spécialistes consultés ont confirmé le caractère non pérenne de l’œuvre et sa dégradation inéluctable. Les avis des spécialistes convergent : l’œuvre est non restaurable avec les techniques actuelles. Une solution doit être trouvée.
La recréation de la fresque
En concertation avec l’association Bretagne-Acadie-Louisiane, l’artiste et la Ville, la fresque des Acadiens sera recréée à l’identique en 2019, placée en protection de l'originale sur un support plus durable dégagé du mur d'environ 15 cm. Le travail préparatoire et une première mise en peinture seront opérés par un(e) fresquiste professionnel(le).
Ainsi pérennisée, la fresque des Acadiens s'inscrit dans le parcours patrimonial des quartiers Sainte-Anne et Chantenay.
Frédérique Le Bec, Aurélie Mathias
Région Pays de la Loire, Inventaire général ; Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole
2012, actualisé en 2019
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Rédaction d'article :
Frédérique Le Bec, Aurélie Mathias
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