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Faculté de médecine Ancien pont des Petits-Murs

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Boulevard Victor-Hugo


« Depuis un temps presque immémorial, on déplore à Nantes l’exiguïté de la seule entrée en ville, à travers les nombreux bras de Loire, dite ligne des ponts. » Lorsqu'en 1877, le conseiller municipal Gabriel Lauriol introduit ainsi le projet d’établir une seconde ligne de ponts, il rappelle que les difficultés de circulation de l'axe Nord-Sud et le franchissement du fleuve ont toujours été une préoccupation des édiles nantais.

Une traversée unique

À cette date, la ligne des ponts est encore la seule voie qui met Nantes en communication avec une grande partie de la Loire-Inférieure et ses départements limitrophes. C’est à l’extrémité de cette ligne, au pont de Pirmil, que viennent aboutir la route nationale n°23 de Paris à Nantes et à Paimboeuf, la route nationale n°137 de Bordeaux à Saint-Malo, la route nationale n°148 bis de Nantes à Poitiers et toutes les routes départementales, les chemins vicinaux de grande et petite communication qui sillonnent le département dans cette zone.

Avant l'établissement de la voie ferrée, les problèmes de circulation entre les deux rives de la Loire tiennent donc à l'existence de cette voie unique composée de rues et de ponts étroits qui ralentissent le passage du fleuve. À partir des années 1830, les acteurs locaux vont tenter de résoudre ce problème de deux manières : l'élargissement de la première ligne des ponts puis son doublement.

L'élargissement de la ligne des ponts

L'élargissement de la ligne des ponts s’étale sur une bonne partie du 19e siècle. Bien que posée dès 1805, la question de l’alignement de la traversée du fleuve est réglée par l’ordonnance du 26 septembre 1837 : afin d’élargir la voie à 10 mètres, le conseil municipal alloue, à partir de 1838, une somme pour des acquisitions destinées à rectifier cet alignement.

D'une façon régulière, la Ville consacre un budget annuel à cette opération. En 1872, « le reculement de la presque totalité des maisons riveraines est obtenu » et la municipalité s’engage à achever l'élargissement et l'alignement des rues Grande-Biesse, Petite-Biesse et de Vertais en acquérant les quatorze propriétés encore en saillie. Mais à cette date, l’élargissement de la voie n’est déjà plus suffisant et le doublement de la ligne des ponts depuis la ville jusqu'à l'entrée du pont de Pirmil est en voie de réalisation.

L’ouverture du boulevard Victor-Hugo

Lorsqu’en 1877, la municipalité approuve l’ouverture d’une seconde ligne des ponts, elle fait aboutir un projet régulièrement envisagé à partir de 1780, soit dans l’axe des cours Saint-Pierre et Saint-André, soit sur un axe proche de celui de l’actuelle rue de Strasbourg. Mais au milieu du 19e siècle, le désenclavement du port change la donne et pousse la nouvelle traversée du fleuve vers l’aval, dans l’axe du pont Maudit. L’ouverture de la rue du Nouveau-Pont (l’actuelle rue Louis-Blanc) et la construction du pont Haudaudine vont former l’amorce naturelle de cette nouvelle voie.

En 1878, parmi les projets que la Ville de Nantes présente à l’Exposition Universelle, figure la réalisation de la plus grande artère de la cité en voie de réalisation : la seconde ligne de ponts qui, en 1885, deviendra le boulevard Victor-Hugo.

Dans l’atlas réalisé pour l’occasion, l’architecte en chef Demoget présente ainsi ce projet : « La nouvelle rue projetée a près d’un kilomètre en ligne droite et une largeur de 20 mètres, elle franchit les boires de Toussaint et des Récollets sur deux ponts métalliques de 40 mètres d’ouverture et 15 mètres de large ; elle aboutit par une de ses extrémités au pont de Pirmil, et par l’autre à la rencontre des rues du Nouveau-Pont et de la grande rue de la Prairie-au-Duc, portées également à 20 mètres. Au point de jonction de ces diverses rues appelées à devenir les artères principales du grand quartier industriel de la Prairie-au-Duc, une place rectangulaire de 90 mètres sera établie. La nouvelle ligne de ponts projetée met donc directement en communication le pont de Pirmil c’est-à-dire toute la rive gauche de la Loire en communication directe avec la Bourse, le quartier Graslin, etc. en se servant de la rue Haudaudine, du pont Maudit et du pont de la Bourse reconstruit en 1870. »

Votée à l’unanimité lors du conseil municipal du 22 février 1877, l’ouverture de cette nouvelle voie entre la rue du Nouveau-Pont et le port de la Parée, à l’entrée du pont de Pirmil, est déclarée d’utilité publique le 30 décembre 1880.

Planté d’arbres sur tout son parcours, le nouveau boulevard est envisagé dès sa conception comme une des plus belles promenades de la ville, qu’une seconde ligne de tramway, entre la Bourse et Pirmil, sillonne à partir de 1888. Ce parcours est agrémenté par le passage sur deux nouveaux ponts métalliques, réalisés par les fonderies Voruz et l'entreprise de travaux publics Perdriel. Posés en 1884 et 1885, ces deux ouvrages semblables, conçus par l'architecte de la Ville Demoget, sont formés d'une seule arche en fonte et en fer de 36 mètres d'ouverture.

Le 26 mai 1885, quatre jours après son décès, la Ville décide d’honorer la mémoire de Victor Hugo en attribuant son nom, « en raison de la naissance d’une mère nantaise Sophie Françoise Trébuchet, à la seconde partie de la nouvelle ligne des ponts comprise entre la place située à l’extrémité sud de la rue Louis-Blanc et l’extrémité nord du pont de Pirmil. » Dans la foulée, le 28 mai, la nouvelle place située entre la rue Louis-Blanc (dénommée ainsi en 1882) et le boulevard Victor-Hugo, devient la place de la République.

Une seconde ligne incomplète

À partir de la fin du 19e siècle, la nouvelle ligne de ponts assure une fonction de desserte de l'espace industriel de la Prairie-au-Duc. Bien que qualifiée de seconde ligne de ponts, celle-ci demeure toutefois incomplète. La question d’un nouveau pont sur la rive gauche du fleuve aboutissant à Pont-Rousseau est posée dès 1877 mais cette perspective est condamnée par le développement du réseau ferré sur la Prairie-au-Duc. L'effet barrière de la voie ferrée empêche alors un nouveau franchissement du bras de Pirmil.

Cette question anime à nouveau la municipalité à partir de 1899. Pour pallier la saturation des espaces industriels de la Prairie-au-Duc, l’aménagement de l’île Sainte-Anne est envisagé. Afin d’anticiper ce développement futur, le prolongement en ligne droite de la rue Louis-Blanc jusqu'à la rive sud du bras de Pirmil est validé. Seule une amorce de ce projet est réalisée au tout début du 20e siècle avec l’ouverture de la rue Ingénieur-Grolleau entre le passage à niveau et la boire de Toussaint.

Nathalie Barré
Archives de Nantes
2022

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En savoir plus

Bibliographie

Archives de Nantes, Le quartier des Ponts, coll. Quartiers, à vos mémoires, Nantes, 2021

Pages liées

Industries aux abords de la boire de Toussaint

Ligne des ponts : histoire et architecture (1/4)

Dossier Histoire des ponts de la Loire

Tags

Boulevard / Avenue Loire Pont Republique-Les Ponts

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Rédaction d'article :

Nathalie Barré

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