La basilique Saint-Donatien et Saint-Rogatien construite dans la seconde partie du 19e siècle permet de remonter aux débuts du christianisme à Nantes. Elle succède à trois autres édifices, tous situés à l’emplacement supposé de la sépulture des deux frères Donatien et Rogatien, jeunes chrétiens suppliciés et exécutés en 304.

Basilique Saint-Donatien et Saint-Rogatien
Date du document : 20-05-2006
La tradition hagiographique désigne Donatien et Rogatien comme les premiers martyrs chrétiens nantais. Les deux frères seraient issus d’une famille de notables d’Armorique.
En mémoire des premiers martyrs nantais
Au moment des persécutions perpétrées sur ordre de l’empereur Dioclétien, Donatien est dénoncé et arrêté, puis traduit avec son frère devant le tribunal du gouverneur. Présentés devant le juge, les deux frères refusent de sacrifier aux idoles et affirment leur foi.
Ils sont condamnés à mort et emprisonnés en attendant leur exécution publique. C’est là que Donatien embrasse son frère, en lieu et place du baptême, ce dernier n’ayant pas encore reçu le sacrement. Cet épisode de la Passion, récit hagiographique écrit au 6e siècle, a inspiré l’œuvre de Silverio Capparoni, le Baiser Baptismal (1897).
Soumis au supplice du chevalet, les deux jeunes gens sont démembrés, puis décapités par le glaive : ils reçoivent le martyre probablement le 24 mai 304, date officiel de leur fête. Le supplice eut lieu vraisemblablement à l’endroit marqué par deux croix situées dans l’actuelle rue Dufour.
Considérés comme saints, puisque martyrisés, leurs corps sont enveloppés de suaires et inhumés au sein de la propriété familiale, dans une nécropole païenne qui devait accueillir leurs deux cercueils de bois. L’emplacement est aujourd’hui signalé par une plaque de marbre située dans la crypte.
Avec la paix de l’Église accordée en 313 par l’édit de l’empereur Constantin, les corps des deux frères sont levés de terre et placés vers 325, dans un grand sarcophage en marbre gris des Pyrénées non poli, devenu le centre d’une nécropole chrétienne. Conservé à travers les siècles, plusieurs fois déplacé, ce sarcophage (dont le couvercle d’origine a disparu) est présenté dans la nef.

Sarcophage de saint Donatien et saint Rogatien
Date du document : 08-12-2015
Un lieu de culte pour les Enfants nantais
Rapidement le lieu du sépulcre devient un lieu de culte et de pèlerinage. D’après la tradition, un premier sanctuaire est construit vers 490, sous l’épiscopat de Karmundus. Ravagé lors des invasions normandes, l’édifice est reconstruit à partir de la fin du 10e siècle.
Au 18e siècle, une toute nouvelle église paroissiale voit le jour. Son curé, Yves Coat, supervise les travaux de construction de 1763 à 1789 et dans le même temps, obtient le retour des reliques des deux martyrs, lesquelles avaient été transférées à la cathédrale. Les reliques sont conservées dans la crypte de la basilique.

Reliquaire de saint Rogatien dans la crypte de la basilique
Date du document : 08-12-2015
À peine achevée, l’église, devenue bien national pendant la Révolution, est transformée en hôpital et en partie rasée. Seule la façade est intacte. Les reconstructions engagées au début du 19e siècle, aux frais des paroissiens, permettent de rouvrir le lieu au culte en 1819.
Ainsi trois édifices se sont succédé sur ce lieu avant la construction de l’actuelle basilique.
Une basilique votive, en remerciement de la protection divine
Au moment où le projet de reconstruction de l’église est envisagé, survient le 17 juillet 1870, la guerre franco-prussienne qui dure jusqu’en mai 1871. Devant le péril d’une invasion, Monseigneur Félix Fournier, évêque de Nantes, fait le vœu solennel de faire reconstruire un « temple magnifique » en l’honneur des saints martyrs, si Nantes est épargnée.
À la fin du conflit, conformément au vœu épiscopal, le projet de construire la nouvelle église Saint-Donatien prend corps, alors que vient d’être nommé le nouveau curé Jean-Baptiste Hillereau. Émile Perrin, architecte, conçoit les plans en s’inspirant du style roman et du style gothique primitif. Il conduit les travaux pendant 7 ans, assistant à la reconstruction du chœur et de la nef. Mais un différend avec le conseil de fabrique l’empêche de terminer son projet.

Nef de la basilique Saint-Donatien
Date du document : 08-12-2015
Marie-Louis Liberge reprend les travaux et fait réaliser la crypte dans le style roman : les reliques de Rogatien et Donatien y sont transférées en 1881, et présentées dans un reliquaire conçu à cet effet. Le chantier s’achève par la reconstruction de la façade : au lieu des deux flèches prévues à l’origine, Liberge dessine deux tours, comparables à celles de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Plus de vingt ans sont nécessaires pour mener à bien le chantier, l’église recevant ses cloches en 1902.

Tours de la basilique Saint-Donatien
Date du document : 06-11-2016
En 1889, l’église est hissée au rang de basilique par décision papale. Ce titre honorifique marque la reconnaissance de l’importance de ce lieu de culte, résultat des efforts de l’Évêché pour faire de Saint-Donatien le « Montmartre nantais », à l’image de la basilique du Sacré-cœur.
Avec ses tours approchant les 45 mètres de haut, l’édifice de près de 70 mètres de long est remarquable par sa monumentalité. La vaste nef lumineuse, ses voûtes élancées, ses pleins cintres réguliers, ses colonnes légères en font un édifice majeur de la cité. Mais en 2015, un important incendie a endommagé la basilique, obligeant à sa fermeture et à la préparation d’une campagne de restauration. Après une vaste campagne de restauration portant sur l'ensemble de l'édifice, la basilique a rouvert au public en septembre 2021.
Irène Gillardot
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole
2019
Album « Construction de la basilique »
Album : Restauration de la basilique
En bref
Localisation :
Enfants Nantais (place des) 1, NANTES
Date de construction :
1873
Auteur de l'oeuvre :
Perrin, Emile-Joseph (architecte), Liberge, Marie-Louis (architecte)
Typologie :
architecture religieuse
En savoir plus
Bibliographie
Bourcier Armel, M. le chanoine Hillereau, curé de Saint-Donatien à Nantes, sa vie, ses oeuvres, 1837-1907, Lanoë-Mazeau, Nantes, 1909
Bourcier Armel, Mémoire approuvé par Monseigneur Le Fer De La Motte sur la collégiale communautaire de Saint-Donatien à Nantes, [s.n.], Nantes, 1934
Cassin Pascal, « Basilique Saint Donatien 1873-1901 », dans Journées du patrimoine à Nantes : 16 et 17 septembre 1995, Nantes Renaissance, Nantes, 1995
Durand Eugène, La basilique Saint-Donatien, Nantes, Nantes, 1986, rééd. Le Poiré-sur-Vie, 2004
Russon Jean-Baptiste, « La Chartreuse des bienheureux martyrs Donatien et Rogatien à Nantes », Bulletin de la Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique, n°73, 1933, p. 325-347
Pages liées
Tags
Contributeurs
Rédaction d'article :
Irène Gillardot
Vous aimerez aussi