Antilles
Dès le 16e siècle, les négociants nantais participent au commerce de denrées coloniales en provenance des terres américaines conquises par les Espagnols et les Portugais. Aussi se lancent-ils rapidement au siècle suivant dans les échanges avec les Antilles. Des liens commerciaux sont avérés dès 1629, quatre ans après la création de la première colonie française sur l’île de Saint-Christophe, qui annonce le bouleversement de l’économie du royaume.
Les premières colonies françaises
Les Pays-Bas, l’Angleterre, la France, l’Espagne et le Portugal se partagent des territoires plus ou moins récemment découverts. Le 17e siècle est marqué par l’installation de colons français en Guadeloupe et en Martinique, sur l’îlot de la Tortue et dans la partie occidentale de Saint-Domingue. Ils vivent aux côtés des engagés, des travailleurs sous contrat, mais également des boucaniers et des flibustiers.
Le système de la plantation
Rapidement, le système de la plantation se développe. De nouvelles logiques économiques sont initiées et les besoins toujours croissants de main-d’œuvre font apparaître la traite atlantique comme une « solution ». Ainsi, en 1657, le Nantais Gratien Libault, qui achète du tabac aux Antilles, est le premier, avec deux de ses frères, à armer des navires pour la traite des Noirs, bientôt suivi par d’autres négociants désireux de s’enrichir. L’essor économique n’est cependant pas immédiat ; il faut attendre les incitations étatiques pour que les Antilles, à travers la traite, deviennent une destination privilégiée des navires nantais.
Corollaires indispensables du système esclavagiste, les voyages en droiture s’organisent. Au 18e siècle, les navires traversent l’Atlantique vers les colonies chargés de produits manufacturés, d’outils et de biens nécessaires à l’installation des colons. Ils en reviennent les cales bourrées de sucre, de café, d’indigo, de cacao, de tabac et de coton.
Les Antilles sont pour Nantes, premier port négrier de France, une source inépuisable d’enrichissement. C’est essentiellement avec Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti), considérée comme « la perle des Antilles » pour sa production exceptionnelle de canne à sucre, que les nantais échangent le plus. De nombreux colons, nantais d’origine, conservent avec leur ville d’étroites relations. Certains d’entre eux, fortune faite, reviennent au pays où ils sont, alors, qualifiés d’« Américains ».
La dette haïtienne
Pendant la Révolution, l’insurrection des esclaves sur l’île de Saint-Domingue sonne le glas du système esclavagiste sur l’île. Haïti, devient indépendante en 1804. Cependant, elle ne se relèvera jamais de la dette qu’elle contracte en 1825 auprès du gouvernement français pour voir son indépendance reconnue.
Les Nantais poursuivent leur négoce avec la Martinique et la Guadeloupe.
L’image des Antilles prend alors une nouvelle place dans la communication des industries locales. La figure de l’Antillaise sortant d’une cosse de cacao de la société Amieux Frères, réalisée en 1921 par Alexandre Desmarchix, en est un exemple.
Aujourd’hui, le quai des Antilles, le Nantillais, boisson à base d’agrumes, et le gâteau nantais généreusement arrosé de rhum et recouvert de sucre, comme la réhabilitation du Hangar à bananes, perpétuent l’évocation des anciennes routes maritimes et des anciens négoces, tandis que des associations, le plus souvent antillaises, jouent un rôle important dans la mémoire de la traite négrière nantaise.
Krystel Gualdé
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)
En savoir plus
Grenouilleau Olivier, et al., « L'esclavage aux Antilles », L'Histoire, n°353, mai 2010, p. 42-66
Hrodej Philippe, « Les Antilles aux temps pionniers de la colonisation », Cahiers des Anneaux de la Mémoire, n°16, "La Loire et le commerce atlantique, 17e-19e siècle", 2015, pp. 30-43
Saupin Guy, « Les marchands nantais et l’ouverture de la route antillaise, 1639-1650 », dans Sanchez, Jean-Pierre (dir.), Dans le sillage de Colomb : l’Europe du Ponant et la découverte du Nouveau Monde (1450-1650), Presses universitaires de Rennes, Rennes, 1995
Tanguy Marion, « Le rôle de la diaspora irlandaise de Nantes dans le commerce antillais durant la seconde moitié du 17e siècle », dans Chaillou-Atrous (dir.) Les négociants européens et le monde : histoire d'une mise en connexion, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2016 (Enquêtes et documents, n°54)
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Krystel Gualdé
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