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Pont de Pont-Rousseau Michel Chaillou (1930 – 2013)

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Incendie rue de Crucy


Connu par la presse locale sous le nom de « L’incendie de la rue Crucy », ce fait divers qui se déroule le 27 décembre 1892, tourne au drame lorsque les magasins d’alcool Vincent, Gautier et Riom situé au 4 quai Baco, pris par les flammes, s’effondre suite à une terrible explosion. Afin d’honorer une des victimes de l’incendie, une section destinée à l’inhumation des victimes du devoir est créée au Cimetière Miséricorde.

Extrait de l'article de presse sur l'incendie de la rue de Crucy

Extrait de l'article de presse sur l'incendie de la rue de Crucy

Date du document : 04-01-1983

Quelques jours avant le sinistre, l’entreprise avait réceptionné une grande quantité d’alcool. La presse parle de deux entrepôts pouvant recevoir 3.500 et 10.000 hectolitres d’alcool. Les opérations de stockage commencent le jeudi 27 décembre lorsqu’un ouvrier constate le suintement d’un des fûts. Alors qu’un contremaître l’examine avec sa lanterne sourde, celui-ci est bousculé par un autre ouvrier. Dans l’incident, la lanterne se brise et provoque le début de l’incendie.

Devant le risque important d’une propagation rapide du feu, des secours sont immédiatement demandés à la mairie. Tout le matériel disponible est envoyé sur les lieux : dix pompes sont placées sur la cale du quai Baco ; trois ou quatre dans la rue Crucy. Le matériel arrive également de la Chambre de commerce, des raffineries de Chantenay, de la rizerie de Chantenay, et plus tard, des casernes de Chantenay et d’Indret. On craint en effet l’embrasement complet du quartier occupé par d’autres usines.

Malgré les forces en présence, le feu n’est toujours pas maîtrisé. Vers 9 heures, des fûts d’alcool commencent à exploser. Ces explosions se répètent régulièrement quand, à 10 heures, une détonation beaucoup plus violente se fait entendre. La rue Crucy est littéralement dévorée par les flammes tandis que le toit des entrepôts est pulvérisé. Plusieurs victimes sont à déplorer. Si certaines, grièvement brûlées, sont soignées par les médecins dépêchés sur place, d’autres sont transférées à l’Hôtel-Dieu.

Au lendemain du drame, la presse tente de dresser la liste des blessés. Elle totalise au moins 46 blessés parmi les sapeurs-pompiers, les pompiers volontaires et les civils.

Malheureusement, la catastrophe engendre la mort d’un employé de l’entreprise Lefèvre-Utile, Pierre Jamoneau, venu participer à l’extinction de l’incendie.

Dans un premier temps, la municipalité prend en charge les frais d’obsèques. Un corbillard de 4ème classe, tendu de draperies argentées aux initiales J, transporte le corps de la chapelle de l’Hôtel-Dieu au cimetière Miséricorde. Six cordons d’argent sont portés par des employés de la maison Lefèvre-Utile. Le deuil est conduit par le père de la victime et les membres de sa famille. Le Phare de la Loire annonce qu’il y a « certainement plus de 3.000 personnes présentes ».

Le cercueil est déposé dans un caveau provisoire, près de l’ossuaire.

Trois discours sont prononcés au cimetière. Le premier par M. Alfred Riom, maire de Nantes ; le second par M. Cleiftie, Préfet de la Loire-Inférieure ; le dernier par M. Charles Le Cour, député de Nantes.

Au lendemain de la catastrophe, et pour venir en aide aux victimes, une souscription est mise en place par le syndicat de la presse nantaise. Cette souscription est ouverte jusqu’au 15 janvier 1893. Elle atteint la somme de 14.742,80 francs. Pour redistribuer ces dons, la mairie met en place une commission municipale chargée de procéder à la répartition des secours aux victimes. La commission, placée sous la présidence du maire, se réunit le 21 janvier 1893. Après avoir étudié les titres des ayants-droits, l’aide est proposé pour 54 personnes dont huit pompiers casernés, seize pompiers volontaires, huit pompiers de la Chambre de commerce, un pompier de Chantenay, six militaires, quinze civils.

Une première somme de 5.310 francs est votée à laquelle s’ajoute une aide de 150 francs pour la veuve Jamoneau. 500 francs sont également prévus pour aider les ménages non assurés touchés par l’incendie.

Dans une délibération du 17 mai 1893, le Conseil municipal vote une pension de secours en faveur du caporal Jégou de 600 francs. Sachant qu’il ne peut plus exercer son métier, la Ville lui réserve une place de gardien de squares ou de concierge dans un des établissements municipaux. Durant la même séance, le Conseil municipal vote une somme de 984 francs pour venir en aide à trois autres pompiers blessés lors de l’incendie, ainsi que 1132 francs correspondant au paiement des auxiliaires recrutés par le commandant Gouzé pour remplacer lesdits blessés. De son côté, Alexandre Papin, bénéficiaire de 25 francs de secours, fait reverser 10 francs à la veuve Jamoneau et 15 francs au Bureau de Bienfaisance.

Section destinée à l’inhumation des victimes du devoir au cimetière Miséricorde

Section destinée à l’inhumation des victimes du devoir au cimetière Miséricorde

Date du document : 21-05-2010

Lors du Conseil municipal du 17 mai 1893, la mairie de Nantes décide l’acquisition d’un terrain, dans le cimetière Miséricorde, destiné à l’inhumation des victimes du devoir :

« Messieurs, lors des obsèques du malheureux Jamoneau, chauffeur de la maison Lefèvre-Utile, mort victime de son devoir pendant l’incendie qui éclata rue Crucy, le 27 décembre 1892, nous avions pensé qu’il convenait de réserver, au cimetière de Miséricorde, un terrain qui serait affecté, non seulement à recevoir les restes de Jamoneau, mais encore de tous ceux qui, comme lui, auraient succombé dans l’accomplissement d’actes de courage et de dévouement. »

Xavier Trochu
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2021

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