L'ancienne chocolaterie Amieux située dans le haut de Chantenay a été en activité jusqu'en 1955. Devenue un temps centre de formation de l'AFPA, elle a été démolie en 1988. Retour sur son histoire.
Vue aérienne de la chocolaterie Amieux, entre les rues des Renardières, Paul-Bert et actuelle Docteur Maryvonne-Pouzin-Malègue
Date du document : 1923
Vue aérienne de la chocolaterie Amieux, entre les rues des Renardières, Paul-Bert et actuelle Docteur Maryvonne-Pouzin-Malègue
Date du document : 1923
Extrait de l'Illustration économique et financière de juin 1923, intitulé La Loire-Inférieure
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
Avant de venir s’installer à Nantes en 1856, la Maison Amieux et Carraud est créée à Rennes en 1851 par Maurice Amieux, fils d’un aubergiste des Alpes, et son gendre. L’entreprise se spécialise dans les conserves de petits pois puis dans les sardines en créant à Etel une « fricasserie ». En 1866, deux des fils de Maurice Amieux fondent la société Amieux Frères dont le développement est rapide puisqu’en 1878, l’entreprise possède cinq usines implantées en Bretagne et en Vendée.
Etablie dans un premier temps rue Haudaudine, la maison Amieux ouvre une usine, en 1880, au 25 de la rue Chevreul. Cette implantation dans le bas de Chantenay est liée à la proximité des lieux de cultures maraîchères alors en nombre important dans l’ouest de Nantes.
Une grande entreprise nantaise de l'agroalimentaire
En 1908, malgré la grande crise sardinière qui sévit depuis six ans, Amieux poursuit son expansion et produit dix-huit millions de boîtes de conserves dans onze usines qui emploient quatre mille ouvriers. En 1924, parmi les seize sites de l’entreprise, quatre sont localisés à Nantes : une conserverie et moutarderie à Chantenay, une conserverie à Roche Maurice, une confiturerie construite rue Chevreul en 1914 et enfin, une chocolaterie ouverte en 1921 dans les locaux de leur fabrique de boîtes métalliques rue Paul-Bert, en face de l’hôpital Laënnec.
Dessin publicitaire de la chocolaterie Amieux
Date du document : 1923
Dessin publicitaire de la chocolaterie Amieux
Date du document : 1923
Extrait de l'Illustration économique et financière de juin 1923, intitulé La Loire-Inférieure
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction soumise à autorisation
L’entreprise familiale poursuit la diversification de ses productions alimentaires jusqu’aux années 1960 avant de disparaître en 1967 quand la CANA, la coopérative agricole d’Ancenis, rachète 85 % du capital Amieux. En 1973, la CANA cède à son tour Amieux à Buitoni qui ferme les usines mais conserve la marque.
Locaux de l’Association pour la Formation Professionnelle des Adultes (AFPA), rue Paul-Bert
Date du document : 22-11-2010
Locaux de l’Association pour la Formation Professionnelle des Adultes (AFPA), rue Paul-Bert
Date du document : 22-11-2010
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
La chocolaterie après 1955 : nouveaux usages, friche et démolition
Dès 1955, le site de la chocolaterie est cédé à l’Association pour la Formation Professionnelle des Adultes qui ouvre un internat et un atelier de formation pour les métiers du bâtiment et des métaux. En 1973, l’association délaisse la rue Paul-Bert et s’installe à la Rivaudière dans la commune de Saint-Herblain. Le site, vétuste, est alors squatté et il faut attendre 1988 pour que l’AFPA, toujours propriétaire des lieux, entame un programme de démolition et de réhabilitation en vue d’y installer ses bureaux. Ce programme est confié au cabinet d’architecte « 3A », concepteur de l’Hôtel de Région à Nantes. Au mois d’août 1988, les bulldozers effacent définitivement du paysage les traces de l’ancienne chocolaterie Amieux.
Nathalie Barré
Archives de Nantes
2011
Témoignage (1/6) : Au service de la paye
« En 1948, ma mère travaillait aux conserves Amieux, rue Chevreul depuis huit ans. Elle avait entendu dire que pour les fêtes de Noël la chocolaterie Amieux embauchait pour faire les bonbons de chocolat. Je me suis donc présentée et j’ai été embauchée....
Témoignage (2/6) : ...puis des relations publiques
Quand j’ai pris un petit peu d’âge, j’ai fait visiter l’usine à des groupes. C’était plutôt amusant. Quand les fèves de chocolat étaient torréfiées et broyées, on laissait les personnes goûter l’espèce de pâte très épaisse qui sortait du broyeur. Ce n’était...
Témoignage (3/6) : Un savoir-faire artisanal
C’était une chocolaterie très artisanale, presque tout était fait à la main à partir de matières premières de très bonne qualité. Il y avait quand même des machines : des broyeuses pour broyer les fèves de cacao et des machines pour faire les pâtes. Une...
Témoignage (4/6) : Le plein boom de Noël
L’hiver, il y avait à peu près soixante-dix personnes qui travaillaient dans l’usine. La pleine saison durait trois mois au moment des fêtes de Noël. C’était surtout des femmes pour la manutention, pour mettre les chocolats en boîtes. Par contre pour...
Témoignage (5/6) : Connue dans toute la France
On vendait dans toute la France. Des représentants allaient chez les pâtissiers–confiseurs pour prendre les commandes et ils nous envoyaient les bons. Un monsieur préparait les colis et un autre les portait à la poste avec une vieille camionnette. On...
Témoignage (6/6) : Comme les cailloux du Petit-Poucet
« L’entrée principale de la chocolaterie était rue Paul Bert et l’entrepôt donnait sur le chemin des Renardières. Quand on allait à l’école, on passait par-là et il y avait toujours des camions qui livraient des gros sacs de fèves de cacao. Comme il y...
Témoignage (1/6) : Au service de la paye
« En 1948, ma mère travaillait aux conserves Amieux, rue Chevreul depuis huit ans. Elle avait entendu dire que pour les fêtes de Noël la chocolaterie Amieux embauchait pour faire les bonbons de chocolat. Je me suis donc présentée et j’ai été embauchée. Au début, je mettais les bonbons dans les boîtes. Ensuite, je suis rentrée dans les bureaux grâce à la secrétaire. J’ai tout appris sur le tas. Elle me gardait le soir pour m’apprendre à taper à la machine. Petit à petit, j’ai été chargée du calcul des payes. A l’époque, les ouvriers étaient payés tous les quinze jours. Je devais donc collecter les cartes deux fois par mois, relever les heures et calculer le salaire dont le versement dépendait de l’usine de Chantenay. Il fallait que je décompte le nombre exact de billets dont j’avais besoin parce qu’à l’époque les payes étaient remises en liquide. C’était un vieux monsieur qui partait chercher les billets à pied de la rue Paul-Bert jusqu’à Chantenay et c’est moi qui distribuais les enveloppes dans l’usine. Ce jour-là, tout le monde m’attendait !
Propos de Gisèle Braban recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2010 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (2/6) : ...puis des relations publiques
Quand j’ai pris un petit peu d’âge, j’ai fait visiter l’usine à des groupes. C’était plutôt amusant. Quand les fèves de chocolat étaient torréfiées et broyées, on laissait les personnes goûter l’espèce de pâte très épaisse qui sortait du broyeur. Ce n’était pas bon parce que c’était très amer ! Alors, évidemment, tout le monde faisait la grimace. J’ai aussi tenu le stand Amieux pendant la foire commerciale du Champ de Mars qui se déroulait pendant dix jours au mois d’avril. J’y suis allée quatre années avec d’autres collègues. C’est moi qui tenais la caisse. Je ne sais pas si ça se passerait comme ça maintenant mais on m’apportait une certaine somme le matin, je comptais le soir, j’emmenais la caisse chez moi et je la ramenais le lendemain matin. Il y avait de la confiance quand même !
Propos de Gisèle Braban recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2010 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (3/6) : Un savoir-faire artisanal
C’était une chocolaterie très artisanale, presque tout était fait à la main à partir de matières premières de très bonne qualité. Il y avait quand même des machines : des broyeuses pour broyer les fèves de cacao et des machines pour faire les pâtes. Une fois que les fèves de cacao étaient broyées, la pâte était répartie dans des mélangeurs pour faire des pralinés avec des noisettes ou des plaques de chocolat que l’on appelait de la couverture. Cette couverture était utilisée pour différentes fabrications de bonbons. On faisait aussi des spécialités pour des pâtissiers confiseurs. Les bonbons étaient enveloppés à la main parce qu’il y avait des spécialités. On faisait des tablettes de chocolat avec une plieuse. C’était la machine pour envelopper. C’était beau à voir parce que les tablettes défilaient et ça s’enveloppait. Sinon, on faisait des ganaches, des pralinés et des bâtons au chocolat praliné. Qu’est-ce que c’était bon ! Il y avait un chef de fabrication qui inventait des recettes.
Propos de Gisèle Braban recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2010 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (4/6) : Le plein boom de Noël
L’hiver, il y avait à peu près soixante-dix personnes qui travaillaient dans l’usine. La pleine saison durait trois mois au moment des fêtes de Noël. C’était surtout des femmes pour la manutention, pour mettre les chocolats en boîtes. Par contre pour torréfier, broyer et mélanger, il fallait un homme. Beaucoup de salariés habitaient dans les environs entre la Contrie et la Durantière et il y avait tous les âges. A l’époque, on pouvait être embauché à 15 ans. Il y avait plus de saisonniers que de permanents et des personnes revenaient d’une saison sur l’autre.
Propos de Gisèle Braban recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2010 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (5/6) : Connue dans toute la France
On vendait dans toute la France. Des représentants allaient chez les pâtissiers–confiseurs pour prendre les commandes et ils nous envoyaient les bons. Un monsieur préparait les colis et un autre les portait à la poste avec une vieille camionnette. On travaillait pour les grossistes aussi. Alors là, le conditionnement n’était pas le même que pour les particuliers. C’étaient des boîtes en carton bleues claires ou des cassettes en bois. J’ai vraiment passé sept années merveilleuses chez Amieux. Je suis partie en 1955 quand je me suis mariée. Je n’ai pas continué parce que la chocolaterie ne se portait pas très bien. »
Propos de Gisèle Braban recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2010 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (6/6) : Comme les cailloux du Petit-Poucet
« L’entrée principale de la chocolaterie était rue Paul Bert et l’entrepôt donnait sur le chemin des Renardières. Quand on allait à l’école, on passait par-là et il y avait toujours des camions qui livraient des gros sacs de fèves de cacao. Comme il y avait toujours des sacs percés, des fèves tombaient dans la rue. Alors nous, dès qu’on en trouvait par terre, on en ramassait. On les rapportait à la maison pour les goûter mais c’était très amer ! »
Propos de Lucie Lanoë recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2014 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
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Bibliographie
Archives municipales de Nantes, De la Contrie à la Durantière, Ville de Nantes, Nantes, 2011 (coll. Quartiers à vos mémoires)
Origine et développement de la Maison Amieux – Frères, Nantes – Chantenay, brochure publicitaire, A. Draeger impr., Nantes, vers 1930
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