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1773

Anna Davis Philip (1862 – 1930)


Anna Davis Philip naît le 4 août 1862 à Saint-Christophe, petite île des caraïbes britanniques. Professeur d’anglais à Nantes, elle devient infirmière volontaire pendant la Première Guerre mondiale et prend part à de nombreuses œuvres caritatives pour soutenir les soldats engagés sur le front. Elle est inhumée en 1930 au cimetière de la Bouteillerie.

Anna Philip arrive à Nantes au début du 20e siècle. Installée 9 rue Dugommier, elle donne des cours d’anglais à domicile. Afin de partager sa culture, elle organise deux fois par an des soirées anglaises à la salle des Sociétés savantes, 34 rue de la Fosse.

Pendant la Première Guerre mondiale et l’arrivée des troupes anglaises à Nantes, elle se met à la disposition des autorités militaires comme infirmière. Elle multiplie également les initiatives pour récolter des dons : organisation de soirées caritatives, vente de 2 200 petits drapeaux anglais au profit de la Croix Rouge anglaise (« Flag day »), projection de films d’actualités en anglais… Elle siège comme secrétaire honoraire à l’Over-seas Club, œuvre de bienfaisance sous le patronage du roi Georges V. Lors d’une « soirée récréative et instructive », elle récolte ainsi la somme de 900 francs pour acheter du tabac aux soldats hospitalisés à Nantes.

En juillet 1916, elle intercède auprès du maire de Nantes, Paul Bellamy et de son secrétaire général, M. Rondeau, pour permettre l’accueil de jeunes étudiants en médecine serbes à Nantes.

En octobre 1917, Anna Philip se rapproche du secrétaire général de la mairie pour lui proposer de créer gracieusement un cours d’anglais destiné aux secrétaires et agents de la Police municipale. L’arrivée des troupes américaines motive cette demande et cinq agents de la Sûreté suivront les cours professés chaque semaine, le jeudi soir de 20 heures à 21 heures.

Carte postale d’Anna Philip

Carte postale d’Anna Philip

Date du document : 18-11-1915

En avril 1918, ayant eu connaissance de l’arrivée de 50 soldats anglais devant être hospitalisés à l’hôpital Broussais, elle se rapproche une nouvelle fois du maire pour lui demander d’augmenter la part de pains de ces malheureux blessés : « J’ai obtenu de M. le directeur du service de santé l’autorisation de me rendre près d’eux et de leur porter quelques petites provisions car la nourriture anglaise est tout à fait différente de la nourriture française, surtout pour le petit déjeuner du matin » ! Malgré une réponse négative de la part des autorités militaires françaises, Paul Bellamy donne des instructions au médecin-chef de Broussais pour que la demande soit prise en considération.

Au lendemain du conflit, elle reprend ses cours à domicile, 3 place du Port-Communeau, et, à partir du 27 janvier 1919, ses réunions bi-annuelles « récréatives et instructives » dans la salle des Sociétés savantes. Elle continue également à aider les enfants aveugles et sourds-muets de la Persagotière. On la retrouve encore à l’orgue de la chapelle de la rue Dugommier, le 26 janvier 1919, lors d’une messe célébrée à la mémoire des soldats belges morts en exil.

Pour « L’arbre de Noël des blessés de Broussais », elle lance un appel dans la presse locale le 24 décembre 1919 pour recevoir des dons – friandises, colis, cadeaux – destinés à honorer « les héros qui, pour sauver la France, lui ont offert leur santé généreusement et sans compter ». Cette distribution, qui aura lieu en janvier 1920, s’accompagne d’une représentation théâtrale organisée par Francine Vasse et les élève de son « Théâtre pour tous ».

Elle décède à Nantes le 29 octobre 1930 à l’âge de 68 ans. Le 31 octobre 1930, Le Phare de la Loire écrit : « Nous apprenons avec tristesse, et non sans quelque émotion, la mort de Miss Philipp. D’origine anglaise, mais depuis très longtemps fixée à Nantes, comme professeur d’anglais, Miss Philip était ce que l’on est convenu d’appeler – révérence gardée – une « vieille figure nantaise », tant elle avait su se mêler à la vie de notre Cité et, plus particulièrement à la vie des œuvres philanthropiques qui font, à juste titre, son orgueil. Miss Philipp était, en effet, très répandue dans le monde des œuvres et elle se donnait à celles-ci de toute son âme, attestant ainsi l’affectueuse sympathie qu’elle nourrissait pour sa patrie d’adoption. Elle était, enfin, quelque chose comme la pierre angulaire de l’entente franco-britannique, ayant su réunir, autour d’elle, tous les éléments sympathiques des deux Nations que la Guerre 1914-1918 avait si étroitement rapprochés. [—] Le Gouvernement de la République avait tenu à reconnaître les services qu’elle avait rendus à l’enseignement ; il lui a conféré, récemment, les palmes académiques. C’est une femme de bien qui disparaît, et nous tenons à nous incliner devant son cercueil, après lui avoir rendu le tribut d’hommages qui, justement, lui est dû. »

De nombreuses personnalités assistent aux obsèques qui ont lieu le vendredi 31 octobre 1930 : consuls d’Angleterre et de Suisse, préfet de Loire-inférieure, président et vice-président des Anciens marins Combattants... L’inhumation s’effectue au cimetière de la Bouteillerie. Lors du décès d’Anna Philip, le consul avait choisit une concession de 15 années. Celle-ci s’achevant en 1945, la municipalité nantaise décide de transférer sa sépulture dans la section militaire du même cimetière « en raison des services rendus par Mademoiselle Philip pendant la Guerre 14-18 dans les hôpitaux ». Aujourd’hui, Anna Philip repose dans la section W, au 10e rang, dans la fosse 4 bis, entre deux soldats français : Victor Leroux à sa gauche, et Paul Guinement à sa droite.
 

Xavier Trochu
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2021



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Xavier Trochu

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