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Île puis quartier Gloriette Anne de Bretagne (duchesse, 1477 – 1514)

1161

Groupe scolaire des Marsauderies


Située dans une partie de la ville restée longtemps rurale, l’école des Marsauderies prend le nom d'un des lieux-dits qu’elle occupe. Jusqu’au milieu du 20e siècle, « les Marsauderies » désignait la tenue des Marsaud, « la Bertinière » celle de la famille Bertin. Au début des années 1950, cet imposant groupe scolaire surgit au milieu des champs, à proximité de la cité du Grand Clos inaugurée en 1947. Ce nouveau quartier né de la Reconstruction amorce l’urbanisation croissante de ce coteau de l’Erdre.

Le Grand Clos, une reconstruction d’envergure

Bien que déjà programmée avant 1939, la construction du groupe scolaire est retardée par la guerre et prend donc place au cœur de la première opération de reconstruction entreprise à Nantes au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, celle de la cité du Grand Clos. Cette dernière vise à répondre à l’urgence des besoins en logements : Nantes ayant été très affectée par les bombardements, 70 000 personnes sont à reloger. Le projet de reconstruction de Nantes établi par Roux-Spitz est adopté par le Conseil municipal en février 1946.

L’État prévoit de construire 175 maisons dites « de transition », sur un vaste terrain vierge. L’objectif de cette cité est de reloger principalement des familles nombreuses. Des difficultés de financement obligent à réduire l’opération à 159 maisons, complétées par la construction de collectifs en 1961 sur les parcelles restées vacantes.

Une école pour la cité du Grand Clos

Le projet d’implantation du groupe scolaire des Marsauderies s’inscrit dans la tranche de démarrage du plan d’équipement national de 1948 et approuvé par le Conseil municipal au cours de sa séance du 30 mars 1948. Le 2 mai 1949, la construction du groupe scolaire, estimée à 80 millions de francs, est confiée à l’architecte nantais André Guillou, qui rend son avant-projet. Deux terrains prélevés sur des tenues maraîchères sont achetés la même année.

Le 2 février 1950, le journal Le Populaire annonce la toute prochaine réalisation du groupe scolaire des Marsauderies selon les plans élaborés par M. Guillou. Le programme de construction du groupe scolaire comprend divers ouvrages. L’école élémentaire comporte huit classes pour les garçons et huit classes pour les filles ainsi que deux logements pour les directeurs et un pour le concierge. L’école de garçons bénéficie d’un atelier « fer et bois » indépendant pour les travaux manuels tandis que des salles d’enseignement ménager seront aménagées dans celle des filles.

Un bâtiment commun aux deux écoles primaires abritera les réfectoires, les douches, la salle des fêtes et de gymnastique, et un groupe de cabinet d’aisance est programmé au centre des deux cours.

L’école maternelle comporte, en plus des quatre salles d’exercice, une chambre de repos, une salle de jeux et un réfectoire avec cuisine, ainsi qu’un appartement respectif pour la directrice et la concierge. Elle est complétée par un jardin d’enfants avec jeux.

La première pierre est posée en 1952 et l’école élémentaire ouvre ses portes à la rentrée de 1953. L’essentiel du chantier de l’ensemble du groupe scolaire est achevé en 1954, même si les travaux se poursuivent jusqu’en 1956 avec certains retards.

En juin 1957, de nouvelles classes sont aménagées, accompagnées par la construction de préaux-vestiaires. Malgré la pression des parents d’élèves organisés en amicale depuis 1954, le gymnase de l’école situé entre les cours et le bâtiment de la salle des fêtes, ne sera livré qu’en 1963.

Une salle des fêtes, lieu de vie du quartier

Originalité des lieux, outre les bâtiments d’école, le site accueille une salle des fêtes et de gymnastique intégrée à un petit bâtiment achevé en 1959. Cet édifice, avec son entrée indépendante, visible de la rue, fut et reste un lieu de vie ouvert sur le quartier.

La salle Georges-Bonnaire a accueilli, entre autres, les activités de l’Amicale Laïque des Marsauderies, qui y organisait de manière hebdomadaire jusqu’au milieu des années 1970, des séances de cinéma les jeudis après-midi pour les enfants et le samedi soir pour les adultes. L’amicale continue d’y animer des ciné-débats et autres rencontres festives. Aujourd’hui cette salle municipale est destinée à divers spectacles, concerts, rencontres et événements du quartier.

Une architecture empreinte de classicisme

L'architecte André Guillou donne à ce projet une signature particulière. C'est l'une des ses premières grandes réalisations. Il signera par la suite d'autres bâtiments : l'église Sainte-Madeleine, l'église Saint-Gohard à Saint-Nazaire, le collège de Talence, le restaurant universitaire du Tertre. En 1947, André Guillou a été promu directeur de l'école des Beaux-Arts de Nantes et du nouvel atelier d'architecture de Nantes, précurseur de la future École régionale d'architecture. André Guillou en restera le directeur pendant 20 ans.

Le projet de cité scolaire, de grande ampleur, dépasse le programme d'un simple groupe scolaire. Le traitement esthétique des bâtiments et le soin apporté au dessin des façades et des modénatures dénotent le travail de conception d'André Guillou qui, s'il applique les normes, n'en manifeste pas moins le souhait de personnaliser son projet. Il s'éloigne de l'architecture moderne en prônant un certain classicisme architectural.

Le groupe scolaire des Marsauderies, malgré des extensions et rénovations successives, a gardé une grande cohérence architecturale. Cet ensemble se distingue de la production de masse et des standards de cette même période.

Salomé Pavy, Irène Gillardot
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2022

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En bref...

Localisation : Bertinière (rue de la) 1 , 6, NANTES

Date de construction : 1952

Auteur de l'oeuvre : Guillou André (architecte)

Typologie : architecture scolaire

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Grand Clos

École du Chêne d’Aron

Dossier : Architecture et histoire des écoles publiques nantaises

Tags

Architecture scolaire, universitaire et de recherche Lotissement Nantes Erdre Reconstruction École

Contributeurs

Rédaction d'article :

Salomé Pavy, Irène Gillardot

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