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Ancienne île de la Saulzaie Bibliothèque de Chantenay

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Ménagerie du Jardin des Plantes de Nantes


De nos jours, chèvres et canards peuplent le Jardin des Plantes. Cependant, la présence d’autres animaux y est mentionnée dès le 19e siècle. Jean-Marie Écorchard, ancien directeur du jardin, souhaitait alors présenter des animaux au public en parallèle de la collection botanique.

Des espaces réservés

Au moment de l’aménagement du Jardin des Plantes, des abris et des volières sont construits pour les animaux. Dès 1848, on y note la présence d’un aigle ainsi que de primates abrités dans une singerie construite à l’emplacement de l’actuelle statue de Jules Verne. Le 10 mai 1875, les résidents de cette singerie ont peut-être vu sauter au-dessus du Jardin des Plantes les singes Jack et Jacques lors du vol du ballon « Le Saturne » d’Eugène Godard. Ce jour-là, les deux primates sont parachutés dans le vide depuis la nacelle de l’aérostat. Jack termine sa chute dans un des bassins et évite la noyade, sauvé par un gardien.

Plan du Jardin des Plantes de Nantes par Jean-Marie Ecorchard (1854)

Plan du Jardin des Plantes de Nantes par Jean-Marie Ecorchard (1854)

Date du document : 1854

Des poissons sont également introduits dans les bassins du jardin, tels que des saumons et des truites. Aujourd’hui, de grosses carpes peuplent ses cours d’eau artificiels.

Des animaux apportés par des voyageurs

Certains résidents du Jardin des Plantes sont amenés par des personnes qui font don de leur animal à la municipalité. En 1894, on note l’exemple d’un tatou abrité dans une serre pour échapper au froid ; puis en 1910, la présence d’un petit crocodile prenant un bain de soleil sur les pelouses du jardin étonne le gardien par sa présence. Au moment des faits, un lecteur du Phare de la Loire témoigne d’une rumeur qu’il n’avait pas crue un an auparavant : l’introduction dans le parc de quatre caïmans provenant d’Amérique du Sud par navire…

En 1923, un homme et son père marin remettent au Jardin des Plantes une guenon mandrill. Ils souhaitent également fournir des lions et des crocodiles, mais le service zoologique est plus en demande de perroquets que de « carnassiers, reptiles et fauves redoutables ». En 1937, il est envisagé de présenter au public un petit félin d’Amérique du sud : l’ocelot.

Les singes, vedettes contestées

En 1922, les plans de l’aménagement d’une nouvelle singerie sont dessinés. Ce bâtiment, dont les couloirs sont chauffés par un poêle, se situait près de l’actuel accueil du jardin.

Plan des cages pour singes et perroquets

Plan des cages pour singes et perroquets

Date du document : 12/05/1923

Ce projet ne fait pas l’unanimité, que ce soit au sein de la municipalité comme de l’opinion publique. Ainsi, un employé de la ville conteste la dépense engagée pour l’installation du chauffage au poêle en mettant en avant le fait que les singes « ont le chauffage central ! » Un autre document d’archives mentionne « que leurs instincts [aux singes] portent parfois à donner aux enfants d’assez lubriques leçons d’amour ». L’un des rédacteurs du Phare de la Loire ne semble toutefois pas partager cet avis. Dans un article publié en 1924, il est mentionné que les futurs occupants de la singerie – à savoir trois mandrills, une femelle babouin et un cercopithèque – « feront la joie des enfants ».

La singerie du Jardin des Plantes en 1934

La singerie du Jardin des Plantes en 1934

Date du document : 05/08/1934

En 1937, lors d’un reportage du même journal, le singe au nez blanc, Rigadin, profite d’une séance photo pour faire une excursion dans le jardin botanique. Cet article liste également une macaque chinoise et un sapajou récemment décédés dans cette singerie.

Rigadin, le singe au nez blanc du Jardin des Plantes

Rigadin, le singe au nez blanc du Jardin des Plantes

Date du document : 22/09/1937

Balthazar le dromadaire

En mai 1957, deux gardiens de la paix faisant une ronde de nuit découvrent un dromadaire attaché à un lampadaire de la place Royale. Des étudiants ont forcé et ouvert la grille du Jardin des Plantes côté rue d’Allonville pour « emprunter » Balthazar le temps d’une promenade avant de l’abandonner en plein centre ville. L’animal est conduit au commissariat central (anciennement au n°8 de la rue Garde-Dieu)  où il reste jusqu’à 7 heures du matin, avant d’être récupéré par les gardiens du Jardin des Plantes. Un article de journal précise que « l’équipée du dromadaire sera le thème, pendant quelques temps, des couplets des chansonniers et revues de Nantes et de la région ».

Balthazar, le dromadaire du Jardin des Plantes

Balthazar, le dromadaire du Jardin des Plantes

Date du document : 1964

Une liste longue qui s’amenuise avec le temps

Toucans, flamands, cacatoès, paons, cygnes, sangliers, daims blancs, porcs-épics font partie des nombreux pensionnaires qui peuplent ce petit zoo nantais au fil des décennies. Si en 1935 le parc du Grand Blottereau présente également quelques animaux captifs comme des dromadaires ou de petits caïmans, le terme officiel de « zoo » est attribué quelques années plus tard au parc zoologique de la Jonelière, ouvert en 1957 au nord de Nantes. Au Jardin des Plantes, des mouflons et des daims mouchetés sont présentés au public dans un enclos jusque dans les années 1990. Ils sont remplacés plus tard par des chèvres. Aujourd’hui, près des points d’eau du jardin botanique, une vingtaine d’espèces de canards, poules d’eau et dendrocygnes se prélasse sur des pelouses réservées.

Cygnes du Jardin des Plantes

Cygnes du Jardin des Plantes

Date du document : 1906

Un refuge pour la faune sauvage

Si le parc présente toujours des espèces domestiques, il est aussi un lieu prisé par la faune locale. Il n’est pas rare d’y observer un beau héron immobile scruter la surface de l’eau dans l’attente de pêcher un poisson. Quelques hérissons s’y promènent loin de la circulation routière et la fouine y fait quelques passages crépusculaires. Les hauts arbres du monticule abritent toute l’année quelques écureuils roux que le promeneur peut parfois avoir la chance d’observer.

Kevin Morice
Archives de Nantes
2024

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En savoir plus

Bibliographie

Roland Jancel, Jardin des plantes de Nantes, Nantes, Service des espaces verts et de l'environnement, 1988

Gurliat Pierre, Les oiseaux du Jardin des Plantes, Nantes, Ville de Nantes, 2008

Webographie

« Nantes, 1957 : Balthazar, un dromadaire en cavale en ville » sur le site internet de Ouest France Lien s'ouvrant dans une nouvelle fenêtre

Ressources Archives de Nantes

1O16163 : Jardin des Plantes : bâtiments pour les animaux (1874-1937)

Pages liées

Jardin des Plantes

Maison des Lions : ménagerie des ducs de Bretagne

Jean-Marie Écorchard

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Parc et jardin remarquables Loisir Jardin public

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Rédaction d'article :

Kevin Morice

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