Jardin des Plantes
Ce jardin s’inscrit dans deux traditions bien différentes. La première, nantaise, tient au commerce du port, qui facilite l’arrivée de plantes exotiques et explique la fonction de « rafraîchissement » des plantes importées confiée en 1726, par décision royale, au Jardin des apothicaires, implanté près de l’actuelle rue de Budapest.
Pendant la Révolution, ce jardin botanique commence à céder la place à l’urbanisation avant de disparaître complètement en 1777. Le projet d’un nouveau jardin sur la motte Saint-André (1761) n’aboutit pas, celui d’un jardin installé en 1793 dans l’ancien potager des ursulines est condamné par l’installation du lycée (aujourd’hui Clemenceau) en 1806, et c’est alors seulement qu’un jardin botanique s’amorce dans l’ancien enclos des ursulines, dans la partie nord de l’actuel Jardin des Plantes.
Chromolithographie du Jardin des Plantes
Date du document : après 1870
Il faut plus d’un demi-siècle, jusqu’à l’inauguration de 1860, pour que se constitue un véritable Jardin des Plantes, qui s’inscrit dans l’autre tradition, nationale, du jardin dit à l’anglaise, à son apogée sous le Second Empire. Cette création se heurte à de nombreuses difficultés, moins dans l’essentiel – les achats et la constitution des collections – que dans les choix décisifs de politique municipale, de conception paysagère et d’hommes.
Projet d'agrandissement du Jardin des Plantes
Date du document : 20-06-1854
Officiellement créé en 1806, transféré à la Ville en 1820, le jardin est d’abord conçu à la française, une vision fondée sur la symétrie et la maîtrise totale de la nature que porte notamment l’architecte de la Ville, Henri Driollet. Elle se heurte à la vision de Jean-Marie Écorchard, nommé directeur en 1840, qui impose, étape par étape, parcours sinueux, « montagne » – édifiée en 1848 en recourant à plus de cinq cents ouvriers des ateliers nationaux –, cascades, et fait même abattre la splendide mais rectiligne allée des tilleuls plantés en 1809. Un autre affrontement oppose la Ville au prédécesseur d’Écorchard, le jardinier paysagiste Antoine Noisette, autour de la place des activités privées de pépiniériste : il faut en fait un demi-siècle pour que les dépenses soient totalement prises en charge par la Ville et les personnels réduits à leurs stricts revenus salariés.
Serre du Jardin des Plantes
Date du document : début du 20e siècle
Un autre enjeu essentiel est celui du public, longtemps limité délibérément à la « bonne société » : une école puis un cours gratuit de botanique (1827) enseigne la taille des arbres fruitiers, le règlement municipal de 1829 prévoit la fermeture les dimanches et fêtes, et Écorchard se plaint régulièrement d’une fréquentation par les « enfants, bonnes, militaires, femmes plus ou moins suspectes » et même en 1877 par les « cigarières mal famées », quand la Ville impose une porte donnant sur la rue d’Allonville. La situation se normalise après 1860, le jardin accueillant même des fêtes importantes et populaires, mais il demeure de cette période l’interdiction de marcher sur les pelouses.
Kermesse au jardin des plantes
Date du document : 1861
Sur le plan botanique, le jardin évolue sensiblement avec l’ouverture d’une première serre chaude en 1845, qui permet de présenter bananiers, caféiers et cactées par exemple, d’une autre imposante serre chaude dotée d’un palmarium, en 1896, d’une roseraie en 1895 – elle disparaît dans l’entre-deux-guerres. De nouveaux progrès interviennent ensuite, orangerie, nouvelle serre, présentation des plantes en biotopes, voire, sur un plan plus technique, mise au point d’un procédé nouveau et copié ailleurs pour cultiver les plantes épiphytes, tandis que l’exceptionnelle collection de camélias devient en 2009 collection nationale de référence. Mais l’essentiel est acquis depuis 1900 environ : le Jardin des Plantes est un des lieux de promenade préférés des Nantais.
Alain Croix
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d’auteur réservés)
En savoir plus
Bibliographie
Écorchard Jean-Marie, Histoire du Jardin des plantes de Nantes : réponse aux critiques dirigées contre les travaux qui ont transformé le jardin ; projet d'agrandissement et plan colorié propre à en démontrer l'importance, Guéraud, Forest et Denis, Nantes, 1855
Figureau Claude, « Du jardin des apothicaires au Jardin des Plantes de Nantes », 303, arts, recherches, créations, n°14, 1987, p. 52-57
Jancel Roland (dir.), Tricentenaire du jardin des apothicaires : 1688-1988. Le Jardin des Plantes de Nantes, SEVE, Nantes, 1988
Makarius Catherine, Nantes, la ville aux 100 jardins. Le jardin des plantes, Editions retrouvées, Paris, 2015
Nourry Louis-Michel, « Le Jardin des plantes de Nantes », ArMen, n°80, octobre 1996, p. 2-11
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Rédaction d'article :
Alain Croix
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