Jean-Marie Écorchard (1809-1882)
Directeur du Jardin des Plantes de 1840 jusqu’à sa mort tragique en 1882, piqué par une vipère, Jean-Marie Écorchard reste une figure nantaise emblématique.
La création d’une chaire de botanique est décidée lors de la séance du Conseil municipal du 5 juin 1835. Les candidats sont nombreux, mais après avoir vérifié les aptitudes et les références de chacun, le jury tranche en faveur de Jean-Marie Écorchard, nommé le 30 mai 1836. Le cours inaugural de botanique a lieu le 30 juin. Devant une assemblée d’experts, Jean-Marie Écorchard présente les grandes lignes de son futur cours et fait l’apologie de la science du végétal. Habilement, il évoque les grandes heures de la botanique et de l’horticulture nantaise en rappelant les mérites et l’œuvre de ceux qui y ont contribué : maires, docteurs, pharmaciens ou professionnels.
Affiche d’un cours d’arboriculture appliqué à la culture et à la taille des arbres donné au Jardin des Plantes par le Docteur Écorchard
Date du document : 25-10-1855
De Professeur en botanique à Directeur du Jardin des Plantes
Très vite en 1837, le Docteur Écorchard envisage la réorganisation de l’école de botanique et souligne que les statuts du jardin de Nantes sont inadaptés : dans les autres villes, que ce soit Rennes, Caen, Rouen, Orléans ou Paris, la direction du jardin est systématiquement attribuée au professeur de botanique. En 1839, Écorchard arrive à ses fins et sera nommé Directeur du Jardin à partir du 1er janvier 1840.
Portrait de Jean-Marie Écorchard
Date du document : sans date
Un homme de convictions et visionnaire
Écorchard multiplie les achats de végétaux destinés à enrichir le jardin et préconise la nomination de jardiniers appointés par l’Administration comme cela se pratique dans toutes les autres grandes villes. Les travaux d’aménagement du Jardin des Plantes se poursuivent sous son impulsion jusqu’à son inauguration en 1860. Non sans de multiples rebondissements : il ne s’est pas fait que des amis dans les milieux horticoles nantais, la presse l’attaque sans ménagement, des différends l’opposent à l’architecte de la Ville, Henri-Théodore Driollet, dont il est hiérarchiquement sous la coupe. Écorchard doit régulièrement répondre aux critiques qui lui sont faites, tout en continuant à faire évoluer le jardin et à enrichir les collections botaniques. Médecin de formation, il n’oublie pas de souligner à de nombreuses reprises le rôle sanitaire et social du jardin : « Les arbres augmentent la circulation de l’air, la diffusion de la lumière et, surtout, absorbent les miasmes qui s’échappent des entrailles de l’homme ou de ses usines pour les transformer en oxygène embaumant, véritable régénérateur de la santé et de la vie. » ; « Sans les jardins publics, l’artisan et le prolétaire n’auront plus pour se recréer et prendre l’air que les grandes routes et les cabarets. » ; « Il faut agrandir le jardin pour toutes les classes de la société et pour les générations futures. »
Jardin botanique du Jardin des Plantes
Date du document : sans date
À l’été 1860, le Jardin des Plantes est inauguré en grande pompe. Mieux qu’un long discours, le plus bel hommage rendu à Écorchard le sera par le public : plus de 10 000 visiteurs découvriront le jardin ce jour-là.
Piqué par une vipère, il meurt en 1882
La seconde partie de sa carrière sera plus paisible et moins fertile en rebondissements que la précédente. L’année 1878 sera celle de sa consécration : son œuvre, son jardin, sera présentée sous forme de plan en relief à l’Exposition universelle de Paris.
La mort va le surprendre dans l’exercice de son art. Au cours d’une herborisation avec un groupe d’étudiants, il est piqué par une vipère. Plus préoccupé par sa démonstration que par sa propre santé, il tarde à faire cautériser la plaie. Quand il consent à se faire soigner, il est déjà trop tard. Après une longue agonie de près de trois mois, le Docteur Jean-Marie Écorchard s’éteint le 17 décembre 1882. Il sera enterré dans son pays natal à Lohéac en Ille-et-Vilaine.
Florence Jarry
2022
En savoir plus
Pages liées
Tags
Contributeurs
Rédaction d'article :
Florence Jarry
Vous aimerez aussi
Le dessous des sols : fouille archéologique des Couvent des Cordeliers
Architecture et urbanismeEn 2014, une campagne d’étude archéologique a été menée sur l’ancien couvent des Cordeliers - dernier couvent médiéval nantais non restauré - sous la direction de la Direction du Patrimoine...
Contributeur(s) :Frédéric Mercier , Camille Dreillard
Date de publication : 08/04/2019
4334
Confluence de l’Erdre et de la Loire
Architecture et urbanismeJusqu’au premier tiers du 18e siècle, la gestion de la confluence de la Loire et de l’Erdre est limitée à la surveillance des denrées transportées par les gabarres et au prélèvement...
Contributeur(s) :Julie Aycard , Julien Huon , Noémie Boulay ...
Date de publication : 17/02/2021
3078
Gabares
Société et cultureÀ la confluence entre Loire, Erdre et Sèvre et à la jonction entre Océan et bassin ligérien, le port de Nantes accueille jusqu’au 19e siècle une flottille de bateaux fluviaux : toues,...
Contributeur(s) :André Péron
Date de publication : 09/04/2019
2589