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CHT : quatre nouvelles photographies des grèves de 1955 découvertes dans les archives syndicales

Date de publication : 11/01/2021

Le conflit de 1955 occupe une place à part dans l’histoire sociale de la Loire-Atlantique par sa durée et sa dureté.


Défilé ouvrier empruntant la rue du Roi-Albert menant à la préfecture

Défilé ouvrier empruntant la rue du Roi-Albert menant à la préfecture

Date du document : 1955

Durée. Il s’écoule sur huit mois, de l’émergence des premiers comités d’action des soudeurs nazairiens en février à la conclusion d’un accord entre patronat et syndicats à Nantes en octobre.

Dureté. À Saint-Nazaire, on se bat autour des chantiers le 23 juin et on dresse des barricades le 1er août. À Nantes, cette dureté s’illustre notamment par les moyens techniques utilisés par les manifestants : il ne s’agit plus uniquement de pavés et de boulons, mais d’engins explosifs lancés contre les forces de l’ordre (18 août) et dans l’enceinte de la prison lors de l’attaque de celle-ci (19 août), de coups de feu (19 septembre), de sabotages sur un échafaudage (27 septembre) et sur un train (28 septembre) ou encore du dépôt d’une bombe artisanale désamorcée dans l’enceinte des chantiers Bretagne-Loire (19 septembre). Et comment oublier Jean Rigollet, ce jeune ouvrier du bâtiment tué par les forces de l’ordre le 19 août ?

Pour Paul Malnoë, figure du syndicalisme FO nazairien, 1955 ne fut pas « une grève, si importante soit-elle, mais une véritable révolte, un ras-le-bol généralisé avec le refus de subir davantage ce qui était devenu, jour après jour, une situation insupportable, intolérable ».

Défilé ouvrier remontant la rue Racine

Défilé ouvrier remontant la rue Racine

Date du document : 1955

1955 a laissé des traces dans la mémoire nantaise, ouvrière mais pas seulement, car le cœur de la ville était au cœur de l’action. Et certains vieux Nantais habitant le quai de la Fosse se souviennent des ouvriers de la Navale frappant en rythme les tôles de leurs marteaux au cri de « Nos 40 Francs ! »

1955 marqua les esprits bien au-delà de nos frontières… départementales. La presse nationale dépêcha ses journalistes pour couvrir ce conflit dont la radicalité interrogeait, voire inquiétait, et Socialisme ou barbarie (revue alors confidentielle devenue « culte » pour la génération 68) lui consacra un article qui fit date par sa critique du « bureaucratisme syndical » et du réformisme.

Cortège ouvrier sur le quai de la Fosse

Cortège ouvrier sur le quai de la Fosse

Date du document : 1955

De ce conflit majeur, nous ne connaissions qu’une dizaine de photographies dispersées dans les fonds d’archives publiques et privées : celles du saccage des locaux du syndicat patronal, de Jean Rigollet ensanglanté et sans vie sur le cours des 50-Otages ; celles de quelques défilés ouvriers dans les rues de la ville et de la célèbre manifestation des « mères et épouses » en soutien aux grévistes. Nous ne pensions pas en trouver d’autres.

C’est alors que Rachel Guérin, étudiante en archivistique, stagiaire au CHT, découvrit une enveloppe kraft en classant les archives du syndicat CGT FO des Métaux de Nantes et région. Cette enveloppe contenant quatre clichés ne comprenait aucune mention et son état indiquait qu’elle n’était pas d’époque. Heureusement, elle se trouvait dans un dossier conséquent consacré au conflit de 1955 comprenant notes manuscrites, correspondance, accords collectifs ; sans cela, il aurait été difficile d’associer à ce conflit ces photos puisqu’elles sont comme beaucoup ni datées ni légendées.

Rassemblement ouvrier place Royale

Rassemblement ouvrier place Royale

Date du document : 1955

Avouons-le, la valeur de ces photos est plus sentimentale que documentaire. Elles ne nous aident pas à mieux comprendre ce conflit. Elles nous rappellent simplement qu’il fut un temps où la classe ouvrière était au cœur de la ville et non reléguée dans des « zones » dédiées à son exploitation. Car la classe ouvrière n’a pas disparu : il suffit de la chercher au bon endroit.

Christophe Patillon, Centre d’histoire du travail
 

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