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Jardins familiaux Émile-Oscar Guillaume (1867-1954)

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Les saints patrons de la basilique Saint-Donatien dans les tableaux de Capparoni


Deux tableaux conçus à la fin du 19e siècle pour le décor de la basilique saint-Donatien y sont encore exposés : Le Baiser Baptismal et Notre-Dame-des-Enfants-nantais ou Vierge à l'enfant entourée de saint Donatien et saint Rogatien. Ils illustrent le culte rendu aux Enfants nantais au moment de la construction de la basilique que nous connaissons aujourd’hui.

Une iconographie dédiée aux saints patrons de la basilique : Donatien et Rogatien

Le Baiser Baptismal représente saint Donatien et saint Rogatien au moment où, juste avant leur supplice, le premier baptise le second d’un baiser. Les textes hagiographiques racontent en effet que Rogatien, contrairement à son frère Donatien, n’était pas baptisé au moment où les deux frères sont arrêtés pendant la Grande persécution des chrétiens de l’Empire romain ordonnée par Dioclétien au début 4e siècle. Ne renonçant pas à leur foi, ils sont condamnés à mort. C’est pourquoi en prison, Rogatien reçoit de Donatien un baiser qui lui tient lieu de baptême. La tendre accolade des frères et l’expression de leur visage sont baignées par une lumière qui contraste avec l’ambiance sombre, minérale et froide du cachot où ils sont enfermés. Elle leur parvient de la grille qui les sépare de l’extérieur où les attend leur supplice. La composition est structurée, équilibrée et synthétique et le sujet explicite dans ses symboles. Précise et lisse dans son dessin, la peinture de Silverio Capparoni ne s’encombre pas de détails. Seule concession à l’historicisme, les jeunes gens sont représentés habillés de vêtements caractéristiques de la Rome Antique qui permettent de situer la scène dans le temps.

Sur le tableau Notre-Dame-des-Enfants-nantais ou Vierge à l'enfant entourée de saint Donatien et saint Rogatien, les deux saints patrons de la basilique portent des fleurs de lys et des roses rouges, deux fleurs très souvent utilisées dans l’iconographie de ces saints, qui symbolisent respectivement la virginité et le martyr du sang. Ils s’intègrent cette fois à une scène symbolique : agenouillés dans les nuées, ils adorent la Vierge et l’Enfant Jésus qui les surplombent, sont auréolés et se détachent dans la lumière du soleil.

D’un point de vue historique, l’intérêt de ce tableau réside dans son registre inférieur où nous découvrons une vue cavalière du quartier Saint-Donatien autour de la basilique nouvellement construite. Cette partie de la composition célèbre la construction de la nouvelle basilique dont le tableau est quasiment contemporain. On y reconnaît tout d’abord la rue Dufour dont les proportions sont volontairement exagérées. Au premier plan, à l’entrée de la rue, le peintre a représenté le monument aux Enfants nantais. Constitué de deux croix en granit de Bretagne et d’une sculpture en médaillon figurant les deux frères et marquant l’emplacement supposé du supplice des Enfants nantais, le monument est tout récemment inauguré au moment où le peintre l’intègre à sa composition puisqu’il a été béni le 18 août 1896, par l’évêque de Nantes, Monseigneur Pierre-Emile Rouard. Face à lui, on reconnaît ce qui était alors le séminaire, avant d’être occupé par le Lycée Livet. On distingue également, derrière le séminaire, la chapelle Notre-Dame de la Salette, aujourd’hui disparue. Tout au fond, au bout de la perspective dessinée par la rue Dufour, la basilique émerge dans la lumière. L’observation approfondie de l’œuvre révèle un surpeint qui témoigne, dans la peinture elle-même, de l’évolution de la conception des tours de la basilique : des deux flèches conçues par le premier architecte de la basilique, Emile Perrin, aux deux tours carrées que nous connaissons, dessinées par l’architecte qui lui succède Marie-Louis Liberge à la demande de l’abbé Hillereau.

Des tableaux d’atelier commandés à un peintre romain

Ces deux tableaux ont été commandés à un peintre romain, Silverio Capparoni (1831-1907), qui propose alors une peinture religieuse académique dont d’autres témoignages subsistent en France dans l’église de Sainte-Madeleine d’Aix-en-Provence et au séminaire Saint-Sulpice d’Issy-les-Moulineaux (3 tableaux).

L’abbé Ecomard, alors affecté à la basilique en tant que vicaire, passe probablement cette commande directement à Rome dans la dernière décennie du 19e siècle, les tableaux étant datés de 1897. Le Baiser Baptismal aurait été exécuté à partir de photographies de modèles. L’abbé Ecomard lui-même aurait en effet immortalisé la scène du baiser baptismal à l’occasion des processions au cours desquelles deux enfants étaient costumés en saint Donatien et saint Rogatien. Quant à l’autre tableau, Notre Dame des Enfants nantais ou Vierge à l'enfant entourée de Saint Donatien et Saint Rogatien, tout porte à croire que les figures des Enfants nantais ont été élaborées à partir des mêmes sources photographiques. Qu’en est-il de la vue cavalière de la ville ? On peut supposer que le peintre y travailla également depuis Rome à partir des photographies du vicaire de la basilique.

Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2021

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En savoir plus

Bibliographie

Dabreteau, Jacques – Haugommard, Stéphane – Chaillou, Michel, Nantes : Saint-Donatien, renaissance d'une basilique, Coiffard, 2021

Pré-inventaire des objets mobiliers par Véronique Daboust – Inventaire des Pays de la Loire

Webographie

Dossier Restauration des tableaux et objets de Saint-Donatien

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Catholicisme

Saint-Donatien

Tags

Catholicisme Peinture, art graphique, photographie St Donatien

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Rédaction d'article :

Aurélie De Decker

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