
Salle à tracer des Anciens Chantiers Dubigeon
La salle à tracer est l’un des derniers témoins visibles de l’activité des chantiers navals Dubigeon du Bas-Chantenay. Sur le plancher du bâtiment restauré, les courbes dessinées par les ouvriers-traceurs laissent deviner le savoir-faire requis pour la confection des pièces formant les coques en métal des navires.
L’architecture de la salle à tracer
Construite en 1920, la salle à tracer se situe à l’extrémité est du chantier. Longue de 65 mètres pour
un peu plus de 13 mètres de large, elle permettait aux ouvriers de disposer d’un endroit pour tracer les pièces des coques en métal des navires. Sa hauteur s’élève à 10,60 mètres.
La salle à tracer est faite de parpaings agglomérés dans une ossature en béton armé. La charpente métallique supporte une couverture en ardoise. La salle à tracer à proprement dite se trouve au troisième étage d’un bâtiment à trois niveaux. Dans cette vaste pièce très lumineuse, les ouvriers travaillaient à même le sol fait de parquet de sapin. Le rez-de-chaussée servait de magasin, tandis que le deuxième étage était aussi destiné au traçage.

Traceurs au travail au deuxième étage de la salle à tracer des Anciens Chantiers Dubigeon
Date du document :
Le traçage
Au début du 20e siècle, la construction de navire en métal s’impose sur les chantiers navals. Le traçage devient alors essentiel dans la processus de construction. Les traceurs interviennent au début du chantier, une fois les plans du bateau établis par les ingénieurs et dessinateurs du bureau d’études. À partir de ces plans, les traceurs effectuent le réglage des formes. L’enjeu de cette étape est de faciliter la fabrication de gabarits grandeur nature. À partir des plans, ils marquent des points qui leur permettent ensuite de tracer des courbes parfaitement lisses pour les besoins des pièces incurvées de la coque. Cette tâche est particulièrement ardue puisqu’elle nécessite de respecter les mesures données par les plans et de les reporter à l’échelle 1/1, tout en prenant en considération le fait que dans la réalité peu de pièces sont rectilignes. Une fois cette tâche achevée, un relevé ou devis de salle est obtenu. Il est composé de tableaux donnant les distances entre chaque point par rapport à des lignes de référence.
Ce devis de salle est ensuite utilisé pour guider les traceurs dans la confection de gabarits à taille réelle. Le travail s’effectue à même le sol de la salle à tracer à l’aide de règles de différents tailles et de clous, qui seront ensuite remplacés par des poids. Les règles sont empaquetées en fonction des dimensions des pièces à confectionner et du navire concerné. La plupart du temps, les traceurs travaillent en binôme afin de tenir les règles. L’emplacement des découpes ou encore des trous de rivets est indiqué sur les gabarits. Ces derniers sont ensuite utilisés pour découper les plaques de tôle qui forment les pièces nécessaires à l’assemblage de la coque du navire.
Cette technique de traçage a cours jusqu’aux années 1950. Elle est progressivement remplacée par d’autres procédés utilisant la projection ou les outils informatiques, rendant inutiles les salles à tracer.

Deuxième étage de la salle à tracer des Anciens Chantiers Dubigeon
Date du document :
La reconversion de la salle à tracer
Suite à la fermeture des chantiers navals du Bas-Chantenay en 1969, la salle à tracer perd son usage. Le rez-de-chaussée devient un entrepôt, tandis que le deuxième étage est loué pour servir de bureaux. Pendant plus de 20 ans, Jacques Fétis, directeur du groupe Secodi et propriétaire des lieux, protège la salle à tracer laissée en l’état.
En 2015, l’agence d’architecture et d’ingénierie AIA Life Designers, originaire de Saint-Herblain, prend la décision d’installer son siège dans ces anciens locaux de Dubigeon. Le projet de restauration proposée par l’agence et qui concerne les trois étages est accepté par Jacques Fétis.

Intérieur de l'ancienne salle à tracer des chantiers Dubigeon
Date du document : 16-03-2017
Un surplancher, facilement démontable, est installé afin de préserver les tracés encore observables qui témoignent du savoir-faire des traceurs. Sur les 900 m² de surface que représente la salle, 30 m² sont couverts seulement d’une paroi vitrée afin de laisser visibles les courbes les plus intéressantes. Une extension de 460 m² est venue agrandir le bâtiment.
Noémie Boulay
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
Article rédigé à partir de l’étude de Céline Barbin – Monographie des Anciens Chantiers Dubigeon – 2011
2021
Album « La salle à tracer des Anciens Chantiers Dubigeon »
En bref...
Localisation : Chantenay (boulevard) 7, NANTES
Date de construction : 1920
Typologie : architecture industrielle
En savoir plus
Bibliographie
Barbin Céline, « Les anciens chantiers Dubigeon de Chantenay (Nantes) », in L'Archéologie industrielle en France, 2011
Webographie
Témoignage d’un traceur du chantier de la Loire à Saint-Nazaire
Projet de restauration de la salle à tracer, par l’agence AIA
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Rédaction d'article :
Noémie Boulay
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