Cité de Port-Durand
Construite en 1955, la cité de Port-Durand incarne les projets de relogement d’après-guerre. Située à proximité immédiate du site du Ranzay, entre l’Erdre à l’ouest et la voie de chemin de fer au nord, elle accueille aujourd’hui encore des habitants, malgré des remaniements architecturaux.
L’urgence sociale de l’après-guerre
A l’issue de la Seconde Guerre mondiale, la ville de Nantes se trouve en partie détruite et doit reloger 70 000 habitants. C’est dans ce contexte d’urgence que sont menés de grands projets urbanistiques. La cité du Grand-Clos, située à 450 mètres au sud-est de la cité de Port-Durand, est la première opération de reconstruction entreprise par le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, dès 1946. D’autres opérations immobilières suivent au cours des années 1950. En 1954, alors que l’Abbé Pierre lance son appel contre le mal logement et la pauvreté, le Ministère du Logement et de la Reconstruction met en œuvre le projet de « maisons de première nécessité », avec un objectif de création de 12 000 logements sur toute la France.
D’un projet privé à un projet municipal
A Port-Durand, c’est la société Lefèvre-Utile qui avait acheté en juin 1941 près de 2,6 hectares de terrains et tenues maraîchères, pour y construire des logements populaires. Toutefois, le 4 novembre 1950, le Préfet déclare ces terrains d’utilité publique et en décembre 1950, la Ville de Nantes en fait l'acquisition par échange avec la société Lefèvre-Utile d'une parcelle située rue de Mulhouse à Nantes (vers rue de Valmy). Le terrain est finalement cédé par la Ville de Nantes à l'Office Public d'Habitations à Loyer Modéré de la Ville de Nantes.
Photographie arérienne de la cité de Port-Durand, détail
Date du document : 1956
Des habitations de « première nécessité »
Le 10 janvier 1955, le Préfet de Loire-Inférieure approuve le projet de construction d'un groupe de 57 logements de « première nécessité » à Port-Durand. Les travaux démarrent de suite sur un plan type de logements économiques et familiaux. En raison de l’urgence, le projet a été dispensé de permis de construire. Sur un mode de construction rapide et économique, la cité est composée de 57 maisons individuelles et de petits collectifs conçus sur la base d’un plan type avec jardin. Les maisons sont disposées en bandes parallèles par groupe de 5 à 9 maisons mitoyennes. Les plans type de ces logements ont été dressés par Charles Friésé (1901-1970), architecte de la Ville de Nantes. Ces plans de logements ont été agréés par le Groupe d’Études Techniques de la Vallée de la Loire.
Cité de Port-Durand
Date du document : vers 1956
Les logements offrent alors une prestation de confort assez sommaire : pas de chauffage ni d’eau chaude, un aménagement des espaces intérieurs brut sans revêtement de sol ni isolation, pas de finitions des espaces extérieurs.
L’urbanisation du quartier de l’Erdre
La construction de cette cité a impulsé dans ce secteur encore rural le développement pavillonnaire, entrecoupé par des immeubles collectifs et des grands ensembles. Cette même année 1955, s’installe entre le chemin de Port Durand et la voie de chemin de fer, l’agence régionale d’Air liquide, une usine de conditionnement et de stockage de gaz. Elle emploie une cinquantaine de salariés à son ouverture.
La réhabilitation de logements vétustes
L’unité architecturale initiale a été modifiée lors d'une récente phase de rénovation. Faisant suite à une demande formulée par les locataires en avril 1997, une grande opération de réhabilitation et d'amélioration de l'habitat a été lancée en 1998 et réalisée en janvier 2001 par Nantes Habitat. Cette opération a été l'occasion d'étudier les problématiques sociales et environnementales qui se posaient plus de 40 ans après la création de cette cité. Dans une étude de 1997, il est précisé que la cité est parfois habitée par la quatrième génération de certaines familles arrivées dès l'origine de la cité.
En 2001, 42 maisons sur les 57 d'origine ont été réhabilitées, avec la démolition de 14 maisons et la construction de 8 maisons neuves pour familles avec enfants.
Cité de Port-Durand
Date du document : 10-08-2020
Il reste sur la partie extérieure, en bordure de la rue Aimé-Barthoulot, les typologies architecturales initiales. Les maisons sont identiques, de plain-pied.
Cité de Port-Durand
Date du document : 10-08-2020
Sans finition des espaces intérieurs ni extérieurs, elles ont été achevées par les habitants eux-mêmes, selon leur goût, et au fil du temps.
Amélie Decaux, Chloé Rouillon
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2021
Album "La construction de la cité du Port-Durand"
En savoir plus
Bibliographie
Morineau Yves, Mémoires d’un quartier nantais : la Trémissinière, l’Eraudière, le Port Boyer, le Croissant, le Plessis Tisson, la Marrière, éd. SEHL, 1996
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Rédaction d'article :
Amélie Decaux, Chloé Rouillon
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