Rue Urvoy-de-Saint-Bedan
La rue Urvoy-de-Saint-Bedan a été créée au 19e siècle en même temps que le développement du quartier Dobrée-Gigant. Par son tracé rectiligne, la rue rappelle la présence passée d'une corderie, manufacture dont l'activité était liée étroitement à celle du port de Nantes.
Une corderie en plein essor au 18e siècle
Au 18e siècle, après la verrerie située à flanc de coteau plus au sud, la corderie est le deuxième établissement manufacturier important du quartier. C'est pour cette raison que la rue Urvoy-de-Saint-Bedan était dénommée, à cette époque, rue de la Grande-Corderie. L'activité de corderie est d'ailleurs très tôt présente dans ce quartier, avec d'autres sites de moindre importance.
Au cours du 18e siècle, elle a pu atteindre une certaine ampleur, avec ses 250 mètres de longueur, employant près de 200 ouvriers. Son emplacement est désigné en 1757 sur le plan Cacault, par « Grande Corderie ». A cette époque, elle est dirigée par la famille Brée, originaire d’Irlande. L'apogée est atteint en 1767 lorsque le Roi Louis XV accorde aux propriétaires, Jean-Pierre Brée et René Bodichon, le droit d'utiliser le nom de « Manufacture royale de corderie ». Elle fournissait la marine marchande mais aussi, en cette période de conflits, la flotte royale.
L'établissement est alors composé de 2 corderies couvertes, 17 magasins de chanvre et de goudron et 2 entrepôts. Il emploie 600 ouvriers en 1788. L'entrée principale se faisait par le nord, via la place de Gigant, actuelle place de l'Edit de Nantes.
Extrait du plan de la ville et de ses faubourgs
Date du document : 1756-1757
Le déclin et la fermeture de la corderie
La baisse progressive d'activité du port cumulée avec un incendie survenu vers 1799-1800, va mettre fin à l'existence de cette corderie. Il ne reste rien aujourd'hui, sinon le tracé général sur toute la longueur de l'actuelle rue Urvoy de Saint-Bedan et quelques éléments de soubassement situé au n°2 de la rue Urvoy de Saint-Bedan. L'emprise de cette corderie se situait côté pair de l'actuelle rue Urvoy de Saint-Bedan, pour partie sur l'emprise actuelle de la rue de la Monnaie et d'une partie du Muséum d'Histoire Naturelle.
Les terrains furent achetés par l'Etat, pour notamment y construire initialement un Palais de justice et une prison sur la partie sud de la corderie. Ce sera finalement l'hôtel de la Monnaie qui y sera édifié après son transfert de la place Bouffay. Le reste des terrains de la corderie est divisé en lots et vendu.
Un nouvelle rue dans un nouveau quartier au 19e siècle
La rue Urvoy de Saint-Bedan dont le tracé est effectif en 1835, assure la liaison entre les rues Montesquieu (initialement rue Beaumanoir), Hippolyte-Durand-Gasselin (anciennement rue des Catherinettes) et la rue de la Rosière-d'Artois. Elle fait l'objet de travaux de nivellement et de pavage, projetés à partir de 1838 par la Ville de Nantes et à la charge des riverains, non sans réclamations et pétitions de leur part. Dans cet îlot, les travaux de voirie qui concernent notamment la rue Beaumanoir se poursuivent juqu'en 1847.Il s'agit dans ce quartier de percer un ensemble de rues rayonnantes à partir de l'actuelle place de la Monnaie, afin de la relier, au nord, à la rue de Gigant.
Plan d'alignement de la ville
Date du document : 05-09-1839
Dans les années 1830, le côté est (côté pair) de la rue Urvoy de Saint-Bedan, alors dénommée rue des Catherinettes est bâti. Cette opération d'ensemble pourrait être l’œuvre de l'entrepreneur nantais Jean-Pierre Garreau qui possède en 1835 plusieurs propriétés sur la rue et habite au n°10 dans une imposante demeure sur cour avec écuries.
L'ordonnancement des façades des deux côtés de la rue présente des similitudes et des caractéristiques propres à la première moitié du 19e siècle. L'application du plan général d'alignement de la ville de Nantes, approuvé par ordonnance royale du 5 septembre 1839, amène à des modifications de façade ou de reconstruction : ce fut le cas en 1893, pour l'immeuble situé à l'angle de la rue Urvoy de Saint-Bedan et de la rue Montesquieu et mis à l'alignement au profit de la voie publique.
Rue Urvoy-de-Saint-Bedan
Date du document : 25-03-2019
Urvoy de Saint-Bedan
Successivement dénommée rue de la Grande Corderie, puis rue des Catherinettes, la rue prend sa dénomination actuelle le 30 janvier 1861, en hommage à Jacques Urvoy de Saint-Bedan (1780-1858). Celui-ci était un riche héritier, homme politique nantais, conseiller général, député de la Loire-Inférieure et conseiller municipal de Nantes. Il était également philanthrope et collectionneur d'art et fit don à la Ville de l'asile Sainte-Anne et au Musée des Beaux-Arts de trente tableaux. Propriétaire d'une résidence à la campagne à Casson, il se fit construire en 1842 dans le quartier de la cathédrale, à l'angle de la rue Tournefort et de la rue d'Argentré, un hôtel particulier conçu par l'architecte Joseph-Fleury Chenantais.
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2021
En savoir plus
Bibliographie
André, Sitâ, Les manoirs périurbains dans l’ouest de la France. Le domaine de La Touche à Nantes, 2 vol., sous la direction de Pierre-Yves Laffont, 2010
« Un immeuble de rapport 19e : 8 rue Urvoy de Saint-Bedan », Le Temps d'un chantier, Nantes Renaissance, septembre 2006.
Pied, Edouard, Notices sur les rues de Nantes, A. Dugas & Cie, Nantes, 1906.
Pigeon, Nicole, « Le quartier du Muséum, son urbanisation », La Lettre de Nantes Renaissance, n°73, janvier 2009
Roger, Paul, « Manufacture royale de cordage à Nantes », Neptuna, n°305, oct 2009
Salaun, Gildas, « La manufacture royale de corderie de Nantes », La Lettre de Nantes Renaissance, n°70, avril 2008
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Rédaction d'article :
Amélie Decaux
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