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Établissements Aumon


Spécialisé dans la fabrication de cycles, Aumon possédait un esprit d’innovation qui le démarquait de ses concurrents. Inventeur du pneu ballon, il a également conçu de nombreux appareils pour faciliter le quotidien des personnes en situation de handicap.

Un entrepreneur compétent

Maxime Aumon, d’origine vendéenne, est né en 1883. Sans autre diplôme que son certificat d’études primaires, il est engagé dans la compagnie d’assurance maritime de Norbert Guillon à Nantes. Ses compétences lui permettent de monter rapidement dans la hiérarchie, et à tout juste 23 ans il est nommé responsable de la comptabilité. En 1910, tout en restant employé par Norbert Guillon, il crée un atelier de cycles au 113 rue de Paris (actuelle rue du Général Buat) dans le quartier Saint-Donatien à Nantes. Il fait partie du patronat chrétien très influent à Nantes.

L’innovation comme credo

En 1919, Maxime Aumon se consacre entièrement à son entreprise de cycles. Il agrandit son atelier pour en faire un bâtiment sur deux étages occupé par 55 employés. La devise de l’entreprise, Prima inter prima (Le premier parmi les premiers), reflète l’esprit d’innovation et la recherche constante de confort et de robustesse qui la caractérisent.

À partir de 1920, les établissements Aumon se spécialisent dans la fabrication de cycles sur mesure et se mettent au service des personnes en situation de handicap, en particulier des blessés de la Grande Guerre. Ils inventent notamment une bicyclette pour unijambiste et des fauteuils roulants. Ces derniers remportent un tel succès que le ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre passe commande. Dans les années 1960, Aumon produit une quinzaine de modèles de « voitures pour malades », à raison de 2000 à 3000 exemplaires par an livrés dans toute la France et dans plusieurs pays limitrophes. L’entreprise fournit également des porte-brancards et des tables roulants pour les établissements hospitaliers. Elle remporte également le marché des fauteuils roulants pour la deuxième édition des Jeux paralympiques qui s’est déroulée à Tokyo en 1964. Ces équipements ont été spécialement conçus pour les mutilés de guerre participant aux compétitions de basket-ball et de tir à l’arc. Pliables, les fauteuils prennent peu de place et peuvent être transportés aisément. Parmi ces autres inventions, Aumon met au point la voiturette de Lourdes afin de permettre aux infirmes et malades de participer aux cérémonies.

En partenariat avec l’entreprise britannique de fabrication de pneumatiques Dunlop, Aumon conçoit les pneus ballons, plus larges et moins gonflés, qui améliorent la stabilité et le confort du trajet en deux roues. Puis apparaissent plusieurs jouets et modèles pour enfants comme la Cyclonette en 1922 et le Rameur en plusieurs versions. En 1929, il dépose un brevet afin de perfectionner les tricycles et les rendre plus robustes. L’année suivante, il se lance dans la fabrication de meubles métalliques. Il équipe notamment le sanatorium de Varades et les porte-avions Le Clemenceau et Le Foch et collabore avec de nombreux chantiers navals français.

La fabrication de cycles, le cœur de métier

Les catalogues des établissements Aumon proposent une vaste gamme de cycles. Des vélos équipés d’un filet garde-jupe sont imaginés spécialement pour s’adapter aux longues robes des dames et aux soutanes des ecclésiastique. Le modèle « Tous les temps », fait de métal inoxydable, est conçu pour être résistant aux intempéries. Les cycles proposés sont fait autant pour la course que pour la route.

L’entreprise produit ses propres cadres, c’est-à-dire l’élément qui assure la liaison entre les principaux composants du vélo. Mais comme d’autres fabricants, de nombreuses pièces comme les moyeux, les pédales et les pneus sont élaborées par des fournisseurs. Ainsi, la conception des roues nécessite l’intervention d’une demi-douzaine d’entreprises différentes. Les pneus « Le Gaulois » proviennent des usines Bergougnan de Clermont-Ferrand. Quant aux pédales, elles sont fabriquées par Brampton. 

L’activité cycle décline après la Seconde Guerre mondiale au profit des autres spécialités de la maison. Dans les années 1960, Aumon quitte ses ateliers de la rue du Général Buat pour s’installer à Carquefou. Seule Sotectub, la filiale de l’entreprise fabricant des meubles métalliques destinés aux écoles et à l’industrie, reste active.

Après avoir déménagé au Loroux-Bottereau, elle est reprise en 2000 par le groupe Gendron, spécialisé dans le matériel médical.

Arnaud Biette, Noémie Boulay
Conservatoire de l’Industrie de l’Estuaire et de la Loire / Direction du patrimoine et de l’archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2022



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En savoir-plus

Bibliographie

Rincé J., « Les Établissements Aumon 910-1979 », Vieux métiers nantais : les commerçants, Association L’âge d’or, Cahier n°8, 1987

Webographie

Catalogue de l’exposition « Dans la roue de la petite reine » par le Conservatoire de l’Industrie de l’Estuaire et de la Loire

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Fabricants de cycles

Tags

Activité industrielle Industriel Mode de transport

Contributeurs

Rédaction d'article :

Arnaud Biette, Noémie Boulay

Anecdote :

Yves Aumon

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