Les archives mentionnent l’existence de jeux de boules dans le Nantes ancien, au 17e siècle, notamment rue des Carmes, « sur la rivière d’Erdre ». Aujourd’hui, le jeu des grosses boules et le jeu du cochonnet ont fait place aux versions contemporaines que sont la pétanque et la lyonnaise, pratiquées en plein air avec des sphères métalliques, mais Nantes possède sa propre spécialité, la boule nantaise. Elle se pratique sur un terrain incurvé et délimité, initialement en terre battue, désormais en revêtement bitumé et avec une boule ronde, en gaïac, bois exotique, jusqu’à la fin des années 1950, en matière synthétique depuis.
Cette version locale du jeu de boules se répand au 19e siècle, d’abord dans des cercles, groupements proposant à leurs membres des consommations, des spectacles et des jeux avant de conquérir les cafés populaires des faubourgs, de manière informelle puis contrôlée. Les pratiques spontanées des clients d’un café font progressivement place aux pratiques organisées des amicales, régies par des statuts et des règlements. Le cycle des créations d’amicales est inauguré en 1913 par l’amicale de la Bonde, du nom d’un café nantais proche de la préfecture ; interrompu par la guerre, il se prolonge dans les années 1920 et 1930. La fondation d’une fédération, en 1930, officiellement reconnue le 24 avril 1931, dynamise le mouvement et une trentaine d’amicales sont en activité à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Le principe du jeu consiste, depuis une des extrémités de la piste, en alternance, à faire rouler la boule en utilisant les pentes, dites « charges », à bon escient et, éventuellement, à lui faire percuter le madrier de bois, appelé « talon », placé dans le sens de la largeur, pour la rapprocher le plus possible du but, sphère de moindre dimension désignée comme « petit », parfois «maître ». La série des douze boules épuisée, on comptabilise les points marqués jusqu’au score exigé de neuf points pour remporter la partie.
Amicale bouliste des Lauriers, à Bellevue
Date du document : 1950-1960
Amicale bouliste des Lauriers, à Bellevue
Date du document : 1950-1960
Un lieu de sociabilité populaire et familiale, au café, autour du terrain de boules.
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
Lieu de conservation : Centre d'histoire du travail
De nombreuses compétitions opposent les amicales entre elles, par équipes de trois joueurs, notamment lors du Grand Prix de la Ville de Nantes qui clôt la saison. Des concours sont aussi proposés au sein de chaque amicale, pour ses seuls sociétaires. La dimension sportive est donc réelle, tout en étant associée à l’ambiance chaleureuse qui donne tout son charme à la spécialité. Il s’agit avant tout d’être ensemble et de partager des valeurs d’amitié. Le succès de la boule nantaise a culminé dans les années 1960 avec près de 3 000 joueurs. La transformation des loisirs, le démantèlement des communautés résidentielles et la fermeture de cafés ont entraîné le déclin du mouvement. Il ne subsiste plus qu’une dizaine d’amicales aujourd’hui.
Salle de l’amicale de la Durantière
Date du document : 29-03-2006
Salle de l’amicale de la Durantière
Date du document : 29-03-2006
Le temps est (presque) passé des cafés populaires, des terrains en terre battue parfois en plein air, et même des boules en gaïac. Mais, de la boule nantaise, reste l’essentiel sans doute : techniquement, le terrain incurvé et, plus encore sans doute, la sociabilité qui accompagne la pratique au sein des neuf amicales en activité.
Auteur(s) : Ménoret, Stéphan (cliché)
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
Le temps est (presque) passé des cafés populaires, des terrains en terre battue parfois en plein air, et même des boules en gaïac. Mais, de la boule nantaise, reste l’essentiel sans doute : techniquement, le terrain incurvé et, plus encore sans doute, la sociabilité qui accompagne la pratique au sein des neuf amicales en activité.
Auteur(s) : Ménoret, Stéphan (cliché)
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
Les actions menées dans le cadre de la Fédération des jeux traditionnels de Bretagne, et la demande d’inscription au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, font malgré tout espérer la sauvegarde de la boule nantaise. Une nouvelle salle vient d’ailleurs d’être construite par la Ville dans le quartier de la Noë-Lambert, tandis que les amicales boulistes se sont engagées à initier au jeu les écoliers nantais.
Joël-William Guibert
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018 (droits d'auteur réservés)
Anecdote : À la boule nantaise, on en voit de toutes les couleurs !
À la boule nantaise, on en voit de toutes les couleurs. La partie se joue avec 12 boules. Mais allez savoir, les 6 boules rouges sont appelées les « Blanches » et les 6 boules vertes sont les « Noires ». C’est à n’y rien comprendre ! C’est qu’à l’origine,...
Anecdote : À la boule nantaise, on en voit de toutes les couleurs !
À la boule nantaise, on en voit de toutes les couleurs. La partie se joue avec 12 boules. Mais allez savoir, les 6 boules rouges sont appelées les « Blanches » et les 6 boules vertes sont les « Noires ». C’est à n’y rien comprendre ! C’est qu’à l’origine, les boules en bois qui étaient trempées dans l’eau pour qu’elles durcissent, étaient noires. On prit l’habitude de peindre en blanc la moitié des boules pour distinguer les équipes. Depuis, les matériaux ont changé et les couleurs aussi, mais pas le nom d’usage…
Témoignage (1/2) : Le café de la Terrasse, fief du jeu de boules de la Durantière
« Nous tenions le café de la Terrasse, rue Baptiste-Marcet. On ouvrait tous les jours. Avec le jeu de boules, l’épicerie et le café, il y avait du rassemblement chez nous. Les femmes rejoignaient les maris qui jouaient aux boules et le soir, on faisait une petite fête. On sortait des petits gâteaux sur la table et des fois, on mettait des sandwichs quand ça durait trop longtemps. Chacun chantait sa petite chanson. Il y a même eu une chanson écrite sur le café de la Terrasse : « Dans le vieux Chantenay, je connais un petit coin, un oasis, un vrai coin du paradis. Loin de gens rupins, tous copains, pas de souci, pas d’ennuis, nous trinquons et tout s’oublie. Pas besoin d’prendre de vacances, inutile de changer d’air, dès que l’été recommence, sa campagne nous offre sa cure d’air. Ah, qui ne connait la Durantière, la connaitre, c’est admettre qu’il n’y a pas de coin plus charmant, accueillant, simple et reposant. L’été, les d’moiselles s’y promènent, sans toilette mais coquettes. Et les garçons, petits et grands, s’y baladent en short blanc. Mais, je n’oublierais pas, non ma foi, d’vous nommer, d’vous chanter la gloire de notre quartier. Dans un petit café, vous verrez pour la joie des papas, pour le plaisir des vieux gars, on ne joue pas à la roulette, il n’y a pas de bakara. Mais on a le cœur en fête, venez-y et vous verrez pourquoi. Quand les champions de la Durantière prennent leurs boules, faut qu’ça roule. Ils vous envoient des coups de talons, non de non, ça se bat pour de bon. Quand la bataille est terminée, on discute sans dispute, tout en buvant du p’tit vin doux de la cave à M’dame Bardoult. ».
Témoignage de Huguette B. recueilli par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières - Zola en 2010 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (2/2) : La boule nantaise : dix Amicales en une fédération
« Je suis président de l’amicale des boulistes de la Durantière depuis 1980. J’ai découvert la boule nantaise avec un oncle qui jouait au café de la Terrasse le dimanche. À l’époque, les hommes jouaient le dimanche après-midi et les femmes venaient chercher leur mari le soir. C’était très convivial. J’ai commencé à pratiquer ce sport en 1967. J’ai appris petit à petit et à partir de 1969, j’ai commencé à faire des compétitions. L’amicale a été créée en 1935 par Monsieur Fruchaud et on a toujours joué au café de la Terrasse. Le jeu de boules est le même aujourd’hui qu’à l’origine. On a juste fait quelques rénovations. Le jeu est ouvert tous les après-midi de la semaine. Avant, on venait le samedi matin se faire quelques parties entre copains. Il y a tout le temps des joueurs l’après-midi ici. Ce sont beaucoup de jeunes retraités. Il y a dix jeux de boules à Nantes et dix amicales qui sont réunies en fédération et qui comptent 600 à 700 adhérents. Il y a trente ans, c’était plus de mille joueurs ! Les gens jouaient beaucoup aux boules, surtout les anciens. Ça reste encore un jeu populaire. La Fédération organise cinq concours dans l’année qui durent cinq semaines. Quand le concours se passe ici, il faut prendre les inscriptions et tout gérer. Les parties commencent à 14 h et ça peut durer jusqu’à 21 h. Comme je suis président, je passe beaucoup de temps ici surtout au moment des concours. Les boules nantaises se jouent toujours en intérieur car comme la piste est incurvée ce serait impossible dehors à cause des intempéries. Il y a des boules rouges et vertes en plastique mais à l’origine elles étaient noires et blanches car elles étaient fabriquées en buis. Elles étaient mises à tremper pour ne pas qu’elles se fendent. Il y avait donc les boules noires en couleur naturelle et les blanches étaient obtenues avec une crème que l’on mettait dessus. Depuis une trentaine d’années, elles sont rouges et vertes mais pour le jeu on les appelle encore noires et blanches. Quand les joueurs jouent en individuel c'est-à-dire un contre un, ils ont six boules chacun. Quand c’est le concours de fédérations, ils jouent par équipe de trois, ils ont donc deux boules chacun. Dans chaque équipe, il y a un premier, un deuxième et un capitaine qui forme son équipe. Le but, c’est d’aller au plus près du petit ».
Témoignage de Roger recueilli par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2010 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (1/2) : Le café de la Terrasse, fief du jeu de boules...
« Nous tenions le café de la Terrasse, rue Baptiste-Marcet. On ouvrait tous les jours. Avec le jeu de boules, l’épicerie et le café, il y avait du rassemblement chez nous. Les femmes rejoignaient les maris qui jouaient aux boules et le soir, on faisait...
Témoignage (2/2) : La boule nantaise : dix Amicales en une fédération
« Je suis président de l’amicale des boulistes de la Durantière depuis 1980. J’ai découvert la boule nantaise avec un oncle qui jouait au café de la Terrasse le dimanche. À l’époque, les hommes jouaient le dimanche après-midi et les femmes venaient chercher...
Anecdote : À la boule nantaise, on en voit de toutes les couleurs !
À la boule nantaise, on en voit de toutes les couleurs. La partie se joue avec 12 boules. Mais allez savoir, les 6 boules rouges sont appelées les « Blanches » et les 6 boules vertes sont les « Noires ». C’est à n’y rien comprendre ! C’est qu’à l’origine, les boules en bois qui étaient trempées dans l’eau pour qu’elles durcissent, étaient noires. On prit l’habitude de peindre en blanc la moitié des boules pour distinguer les équipes. Depuis, les matériaux ont changé et les couleurs aussi, mais pas le nom d’usage…
Témoignage (1/2) : Le café de la Terrasse, fief du jeu de boules de la Durantière
« Nous tenions le café de la Terrasse, rue Baptiste-Marcet. On ouvrait tous les jours. Avec le jeu de boules, l’épicerie et le café, il y avait du rassemblement chez nous. Les femmes rejoignaient les maris qui jouaient aux boules et le soir, on faisait une petite fête. On sortait des petits gâteaux sur la table et des fois, on mettait des sandwichs quand ça durait trop longtemps. Chacun chantait sa petite chanson. Il y a même eu une chanson écrite sur le café de la Terrasse : « Dans le vieux Chantenay, je connais un petit coin, un oasis, un vrai coin du paradis. Loin de gens rupins, tous copains, pas de souci, pas d’ennuis, nous trinquons et tout s’oublie. Pas besoin d’prendre de vacances, inutile de changer d’air, dès que l’été recommence, sa campagne nous offre sa cure d’air. Ah, qui ne connait la Durantière, la connaitre, c’est admettre qu’il n’y a pas de coin plus charmant, accueillant, simple et reposant. L’été, les d’moiselles s’y promènent, sans toilette mais coquettes. Et les garçons, petits et grands, s’y baladent en short blanc. Mais, je n’oublierais pas, non ma foi, d’vous nommer, d’vous chanter la gloire de notre quartier. Dans un petit café, vous verrez pour la joie des papas, pour le plaisir des vieux gars, on ne joue pas à la roulette, il n’y a pas de bakara. Mais on a le cœur en fête, venez-y et vous verrez pourquoi. Quand les champions de la Durantière prennent leurs boules, faut qu’ça roule. Ils vous envoient des coups de talons, non de non, ça se bat pour de bon. Quand la bataille est terminée, on discute sans dispute, tout en buvant du p’tit vin doux de la cave à M’dame Bardoult. ».
Témoignage de Huguette B. recueilli par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières - Zola en 2010 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (2/2) : La boule nantaise : dix Amicales en une fédération
« Je suis président de l’amicale des boulistes de la Durantière depuis 1980. J’ai découvert la boule nantaise avec un oncle qui jouait au café de la Terrasse le dimanche. À l’époque, les hommes jouaient le dimanche après-midi et les femmes venaient chercher leur mari le soir. C’était très convivial. J’ai commencé à pratiquer ce sport en 1967. J’ai appris petit à petit et à partir de 1969, j’ai commencé à faire des compétitions. L’amicale a été créée en 1935 par Monsieur Fruchaud et on a toujours joué au café de la Terrasse. Le jeu de boules est le même aujourd’hui qu’à l’origine. On a juste fait quelques rénovations. Le jeu est ouvert tous les après-midi de la semaine. Avant, on venait le samedi matin se faire quelques parties entre copains. Il y a tout le temps des joueurs l’après-midi ici. Ce sont beaucoup de jeunes retraités. Il y a dix jeux de boules à Nantes et dix amicales qui sont réunies en fédération et qui comptent 600 à 700 adhérents. Il y a trente ans, c’était plus de mille joueurs ! Les gens jouaient beaucoup aux boules, surtout les anciens. Ça reste encore un jeu populaire. La Fédération organise cinq concours dans l’année qui durent cinq semaines. Quand le concours se passe ici, il faut prendre les inscriptions et tout gérer. Les parties commencent à 14 h et ça peut durer jusqu’à 21 h. Comme je suis président, je passe beaucoup de temps ici surtout au moment des concours. Les boules nantaises se jouent toujours en intérieur car comme la piste est incurvée ce serait impossible dehors à cause des intempéries. Il y a des boules rouges et vertes en plastique mais à l’origine elles étaient noires et blanches car elles étaient fabriquées en buis. Elles étaient mises à tremper pour ne pas qu’elles se fendent. Il y avait donc les boules noires en couleur naturelle et les blanches étaient obtenues avec une crème que l’on mettait dessus. Depuis une trentaine d’années, elles sont rouges et vertes mais pour le jeu on les appelle encore noires et blanches. Quand les joueurs jouent en individuel c'est-à-dire un contre un, ils ont six boules chacun. Quand c’est le concours de fédérations, ils jouent par équipe de trois, ils ont donc deux boules chacun. Dans chaque équipe, il y a un premier, un deuxième et un capitaine qui forme son équipe. Le but, c’est d’aller au plus près du petit ».
Témoignage de Roger recueilli par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2010 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Les archives mentionnent l’existence de jeux de boules dans le Nantes ancien, au 17e siècle, notamment rue des Carmes, « sur la rivière d’Erdre ». Aujourd’hui, le jeu des grosses boules et le jeu du cochonnet ont fait place aux versions contemporaines que sont la pétanque et la lyonnaise, pratiquées en plein air avec des sphères métalliques, mais Nantes possède sa propre spécialité, la boule nantaise. Elle se pratique sur un terrain incurvé et délimité, initialement en terre battue, désormais en revêtement bitumé et avec une boule ronde, en gaïac, bois exotique, jusqu’à la fin des années 1950, en matière synthétique depuis.
Cette version locale du jeu de boules se répand au 19e siècle, d’abord dans des cercles, groupements proposant à leurs membres des consommations, des spectacles et des jeux avant de conquérir les cafés populaires des faubourgs, de manière informelle puis contrôlée. Les pratiques spontanées des clients d’un café font progressivement place aux pratiques organisées des amicales, régies par des statuts et des règlements. Le cycle des créations d’amicales est inauguré en 1913 par l’amicale de la Bonde, du nom d’un café nantais proche de la préfecture ; interrompu par la guerre, il se prolonge dans les années 1920 et 1930. La fondation d’une fédération, en 1930, officiellement reconnue le 24 avril 1931, dynamise le mouvement et une trentaine d’amicales sont en activité à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Le principe du jeu consiste, depuis une des extrémités de la piste, en alternance, à faire rouler la boule en utilisant les pentes, dites « charges », à bon escient et, éventuellement, à lui faire percuter le madrier de bois, appelé « talon », placé dans le sens de la largeur, pour la rapprocher le plus possible du but, sphère de moindre dimension désignée comme « petit », parfois «maître ». La série des douze boules épuisée, on comptabilise les points marqués jusqu’au score exigé de neuf points pour remporter la partie.
Amicale bouliste des Lauriers, à Bellevue
Date du document : 1950-1960
Amicale bouliste des Lauriers, à Bellevue
Date du document : 1950-1960
Un lieu de sociabilité populaire et familiale, au café, autour du terrain de boules.
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
Lieu de conservation : Centre d'histoire du travail
De nombreuses compétitions opposent les amicales entre elles, par équipes de trois joueurs, notamment lors du Grand Prix de la Ville de Nantes qui clôt la saison. Des concours sont aussi proposés au sein de chaque amicale, pour ses seuls sociétaires. La dimension sportive est donc réelle, tout en étant associée à l’ambiance chaleureuse qui donne tout son charme à la spécialité. Il s’agit avant tout d’être ensemble et de partager des valeurs d’amitié. Le succès de la boule nantaise a culminé dans les années 1960 avec près de 3 000 joueurs. La transformation des loisirs, le démantèlement des communautés résidentielles et la fermeture de cafés ont entraîné le déclin du mouvement. Il ne subsiste plus qu’une dizaine d’amicales aujourd’hui.
Salle de l’amicale de la Durantière
Date du document : 29-03-2006
Salle de l’amicale de la Durantière
Date du document : 29-03-2006
Le temps est (presque) passé des cafés populaires, des terrains en terre battue parfois en plein air, et même des boules en gaïac. Mais, de la boule nantaise, reste l’essentiel sans doute : techniquement, le terrain incurvé et, plus encore sans doute, la sociabilité qui accompagne la pratique au sein des neuf amicales en activité.
Auteur(s) : Ménoret, Stéphan (cliché)
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
Le temps est (presque) passé des cafés populaires, des terrains en terre battue parfois en plein air, et même des boules en gaïac. Mais, de la boule nantaise, reste l’essentiel sans doute : techniquement, le terrain incurvé et, plus encore sans doute, la sociabilité qui accompagne la pratique au sein des neuf amicales en activité.
Auteur(s) : Ménoret, Stéphan (cliché)
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
Les actions menées dans le cadre de la Fédération des jeux traditionnels de Bretagne, et la demande d’inscription au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, font malgré tout espérer la sauvegarde de la boule nantaise. Une nouvelle salle vient d’ailleurs d’être construite par la Ville dans le quartier de la Noë-Lambert, tandis que les amicales boulistes se sont engagées à initier au jeu les écoliers nantais.
Joël-William Guibert
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018 (droits d'auteur réservés)
Anecdote : À la boule nantaise, on en voit de toutes les couleurs !
À la boule nantaise, on en voit de toutes les couleurs. La partie se joue avec 12 boules. Mais allez savoir, les 6 boules rouges sont appelées les « Blanches » et les 6 boules vertes sont les « Noires ». C’est à n’y rien comprendre ! C’est qu’à l’origine,...
Anecdote : À la boule nantaise, on en voit de toutes les couleurs !
À la boule nantaise, on en voit de toutes les couleurs. La partie se joue avec 12 boules. Mais allez savoir, les 6 boules rouges sont appelées les « Blanches » et les 6 boules vertes sont les « Noires ». C’est à n’y rien comprendre ! C’est qu’à l’origine, les boules en bois qui étaient trempées dans l’eau pour qu’elles durcissent, étaient noires. On prit l’habitude de peindre en blanc la moitié des boules pour distinguer les équipes. Depuis, les matériaux ont changé et les couleurs aussi, mais pas le nom d’usage…
Témoignage (1/2) : Le café de la Terrasse, fief du jeu de boules de la Durantière
« Nous tenions le café de la Terrasse, rue Baptiste-Marcet. On ouvrait tous les jours. Avec le jeu de boules, l’épicerie et le café, il y avait du rassemblement chez nous. Les femmes rejoignaient les maris qui jouaient aux boules et le soir, on faisait une petite fête. On sortait des petits gâteaux sur la table et des fois, on mettait des sandwichs quand ça durait trop longtemps. Chacun chantait sa petite chanson. Il y a même eu une chanson écrite sur le café de la Terrasse : « Dans le vieux Chantenay, je connais un petit coin, un oasis, un vrai coin du paradis. Loin de gens rupins, tous copains, pas de souci, pas d’ennuis, nous trinquons et tout s’oublie. Pas besoin d’prendre de vacances, inutile de changer d’air, dès que l’été recommence, sa campagne nous offre sa cure d’air. Ah, qui ne connait la Durantière, la connaitre, c’est admettre qu’il n’y a pas de coin plus charmant, accueillant, simple et reposant. L’été, les d’moiselles s’y promènent, sans toilette mais coquettes. Et les garçons, petits et grands, s’y baladent en short blanc. Mais, je n’oublierais pas, non ma foi, d’vous nommer, d’vous chanter la gloire de notre quartier. Dans un petit café, vous verrez pour la joie des papas, pour le plaisir des vieux gars, on ne joue pas à la roulette, il n’y a pas de bakara. Mais on a le cœur en fête, venez-y et vous verrez pourquoi. Quand les champions de la Durantière prennent leurs boules, faut qu’ça roule. Ils vous envoient des coups de talons, non de non, ça se bat pour de bon. Quand la bataille est terminée, on discute sans dispute, tout en buvant du p’tit vin doux de la cave à M’dame Bardoult. ».
Témoignage de Huguette B. recueilli par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières - Zola en 2010 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (2/2) : La boule nantaise : dix Amicales en une fédération
« Je suis président de l’amicale des boulistes de la Durantière depuis 1980. J’ai découvert la boule nantaise avec un oncle qui jouait au café de la Terrasse le dimanche. À l’époque, les hommes jouaient le dimanche après-midi et les femmes venaient chercher leur mari le soir. C’était très convivial. J’ai commencé à pratiquer ce sport en 1967. J’ai appris petit à petit et à partir de 1969, j’ai commencé à faire des compétitions. L’amicale a été créée en 1935 par Monsieur Fruchaud et on a toujours joué au café de la Terrasse. Le jeu de boules est le même aujourd’hui qu’à l’origine. On a juste fait quelques rénovations. Le jeu est ouvert tous les après-midi de la semaine. Avant, on venait le samedi matin se faire quelques parties entre copains. Il y a tout le temps des joueurs l’après-midi ici. Ce sont beaucoup de jeunes retraités. Il y a dix jeux de boules à Nantes et dix amicales qui sont réunies en fédération et qui comptent 600 à 700 adhérents. Il y a trente ans, c’était plus de mille joueurs ! Les gens jouaient beaucoup aux boules, surtout les anciens. Ça reste encore un jeu populaire. La Fédération organise cinq concours dans l’année qui durent cinq semaines. Quand le concours se passe ici, il faut prendre les inscriptions et tout gérer. Les parties commencent à 14 h et ça peut durer jusqu’à 21 h. Comme je suis président, je passe beaucoup de temps ici surtout au moment des concours. Les boules nantaises se jouent toujours en intérieur car comme la piste est incurvée ce serait impossible dehors à cause des intempéries. Il y a des boules rouges et vertes en plastique mais à l’origine elles étaient noires et blanches car elles étaient fabriquées en buis. Elles étaient mises à tremper pour ne pas qu’elles se fendent. Il y avait donc les boules noires en couleur naturelle et les blanches étaient obtenues avec une crème que l’on mettait dessus. Depuis une trentaine d’années, elles sont rouges et vertes mais pour le jeu on les appelle encore noires et blanches. Quand les joueurs jouent en individuel c'est-à-dire un contre un, ils ont six boules chacun. Quand c’est le concours de fédérations, ils jouent par équipe de trois, ils ont donc deux boules chacun. Dans chaque équipe, il y a un premier, un deuxième et un capitaine qui forme son équipe. Le but, c’est d’aller au plus près du petit ».
Témoignage de Roger recueilli par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2010 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (1/2) : Le café de la Terrasse, fief du jeu de boules...
« Nous tenions le café de la Terrasse, rue Baptiste-Marcet. On ouvrait tous les jours. Avec le jeu de boules, l’épicerie et le café, il y avait du rassemblement chez nous. Les femmes rejoignaient les maris qui jouaient aux boules et le soir, on faisait...
Témoignage (2/2) : La boule nantaise : dix Amicales en une fédération
« Je suis président de l’amicale des boulistes de la Durantière depuis 1980. J’ai découvert la boule nantaise avec un oncle qui jouait au café de la Terrasse le dimanche. À l’époque, les hommes jouaient le dimanche après-midi et les femmes venaient chercher...
Anecdote : À la boule nantaise, on en voit de toutes les couleurs !
À la boule nantaise, on en voit de toutes les couleurs. La partie se joue avec 12 boules. Mais allez savoir, les 6 boules rouges sont appelées les « Blanches » et les 6 boules vertes sont les « Noires ». C’est à n’y rien comprendre ! C’est qu’à l’origine, les boules en bois qui étaient trempées dans l’eau pour qu’elles durcissent, étaient noires. On prit l’habitude de peindre en blanc la moitié des boules pour distinguer les équipes. Depuis, les matériaux ont changé et les couleurs aussi, mais pas le nom d’usage…
Témoignage (1/2) : Le café de la Terrasse, fief du jeu de boules de la Durantière
« Nous tenions le café de la Terrasse, rue Baptiste-Marcet. On ouvrait tous les jours. Avec le jeu de boules, l’épicerie et le café, il y avait du rassemblement chez nous. Les femmes rejoignaient les maris qui jouaient aux boules et le soir, on faisait une petite fête. On sortait des petits gâteaux sur la table et des fois, on mettait des sandwichs quand ça durait trop longtemps. Chacun chantait sa petite chanson. Il y a même eu une chanson écrite sur le café de la Terrasse : « Dans le vieux Chantenay, je connais un petit coin, un oasis, un vrai coin du paradis. Loin de gens rupins, tous copains, pas de souci, pas d’ennuis, nous trinquons et tout s’oublie. Pas besoin d’prendre de vacances, inutile de changer d’air, dès que l’été recommence, sa campagne nous offre sa cure d’air. Ah, qui ne connait la Durantière, la connaitre, c’est admettre qu’il n’y a pas de coin plus charmant, accueillant, simple et reposant. L’été, les d’moiselles s’y promènent, sans toilette mais coquettes. Et les garçons, petits et grands, s’y baladent en short blanc. Mais, je n’oublierais pas, non ma foi, d’vous nommer, d’vous chanter la gloire de notre quartier. Dans un petit café, vous verrez pour la joie des papas, pour le plaisir des vieux gars, on ne joue pas à la roulette, il n’y a pas de bakara. Mais on a le cœur en fête, venez-y et vous verrez pourquoi. Quand les champions de la Durantière prennent leurs boules, faut qu’ça roule. Ils vous envoient des coups de talons, non de non, ça se bat pour de bon. Quand la bataille est terminée, on discute sans dispute, tout en buvant du p’tit vin doux de la cave à M’dame Bardoult. ».
Témoignage de Huguette B. recueilli par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières - Zola en 2010 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (2/2) : La boule nantaise : dix Amicales en une fédération
« Je suis président de l’amicale des boulistes de la Durantière depuis 1980. J’ai découvert la boule nantaise avec un oncle qui jouait au café de la Terrasse le dimanche. À l’époque, les hommes jouaient le dimanche après-midi et les femmes venaient chercher leur mari le soir. C’était très convivial. J’ai commencé à pratiquer ce sport en 1967. J’ai appris petit à petit et à partir de 1969, j’ai commencé à faire des compétitions. L’amicale a été créée en 1935 par Monsieur Fruchaud et on a toujours joué au café de la Terrasse. Le jeu de boules est le même aujourd’hui qu’à l’origine. On a juste fait quelques rénovations. Le jeu est ouvert tous les après-midi de la semaine. Avant, on venait le samedi matin se faire quelques parties entre copains. Il y a tout le temps des joueurs l’après-midi ici. Ce sont beaucoup de jeunes retraités. Il y a dix jeux de boules à Nantes et dix amicales qui sont réunies en fédération et qui comptent 600 à 700 adhérents. Il y a trente ans, c’était plus de mille joueurs ! Les gens jouaient beaucoup aux boules, surtout les anciens. Ça reste encore un jeu populaire. La Fédération organise cinq concours dans l’année qui durent cinq semaines. Quand le concours se passe ici, il faut prendre les inscriptions et tout gérer. Les parties commencent à 14 h et ça peut durer jusqu’à 21 h. Comme je suis président, je passe beaucoup de temps ici surtout au moment des concours. Les boules nantaises se jouent toujours en intérieur car comme la piste est incurvée ce serait impossible dehors à cause des intempéries. Il y a des boules rouges et vertes en plastique mais à l’origine elles étaient noires et blanches car elles étaient fabriquées en buis. Elles étaient mises à tremper pour ne pas qu’elles se fendent. Il y avait donc les boules noires en couleur naturelle et les blanches étaient obtenues avec une crème que l’on mettait dessus. Depuis une trentaine d’années, elles sont rouges et vertes mais pour le jeu on les appelle encore noires et blanches. Quand les joueurs jouent en individuel c'est-à-dire un contre un, ils ont six boules chacun. Quand c’est le concours de fédérations, ils jouent par équipe de trois, ils ont donc deux boules chacun. Dans chaque équipe, il y a un premier, un deuxième et un capitaine qui forme son équipe. Le but, c’est d’aller au plus près du petit ».
Témoignage de Roger recueilli par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2010 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
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Bibliographie
Association Poillux, La boule nantaise, Nantes, 1994
Guibert Joël, Joueurs de boules en Pays nantais : double charge avec talon, L'Harmattan, Paris, 1994
Guibert Joël, « Amicales boulistes et cultures festives à Nantes », dans Deniot, Joëlle, Dutheil, Catherine, Métamorphoses ouvrières : actes du colloque du LERSCO Nantes, octobre 1992, L'Harmattan, Paris, 1995
Joubier R., « La boule nantaise », Les Annales de Nantes et du Pays nantais, n°236 « Le sport à Nantes et en Loire-Atlantique, naguère, hier et aujourd’hui », 1990, p. 29-30
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