Boule nantaise
Les archives mentionnent l’existence de jeux de boules dans le Nantes ancien, au 17e siècle, notamment rue des Carmes, « sur la rivière d’Erdre ». Aujourd’hui, le jeu des grosses boules et le jeu du cochonnet ont fait place aux versions contemporaines que sont la pétanque et la lyonnaise, pratiquées en plein air avec des sphères métalliques, mais Nantes possède sa propre spécialité, la boule nantaise. Elle se pratique sur un terrain incurvé et délimité, initialement en terre battue, désormais en revêtement bitumé et avec une boule ronde, en gaïac, bois exotique, jusqu’à la fin des années 1950, en matière synthétique depuis.
Cette version locale du jeu de boules se répand au 19e siècle, d’abord dans des cercles, groupements proposant à leurs membres des consommations, des spectacles et des jeux avant de conquérir les cafés populaires des faubourgs, de manière informelle puis contrôlée. Les pratiques spontanées des clients d’un café font progressivement place aux pratiques organisées des amicales, régies par des statuts et des règlements. Le cycle des créations d’amicales est inauguré en 1913 par l’amicale de la Bonde, du nom d’un café nantais proche de la préfecture ; interrompu par la guerre, il se prolonge dans les années 1920 et 1930. La fondation d’une fédération, en 1930, officiellement reconnue le 24 avril 1931, dynamise le mouvement et une trentaine d’amicales sont en activité à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Le principe du jeu consiste, depuis une des extrémités de la piste, en alternance, à faire rouler la boule en utilisant les pentes, dites « charges », à bon escient et, éventuellement, à lui faire percuter le madrier de bois, appelé « talon », placé dans le sens de la largeur, pour la rapprocher le plus possible du but, sphère de moindre dimension désignée comme « petit », parfois «maître ». La série des douze boules épuisée, on comptabilise les points marqués jusqu’au score exigé de neuf points pour remporter la partie.
Amicale bouliste des Lauriers, à Bellevue
Date du document : 1950-1960
De nombreuses compétitions opposent les amicales entre elles, par équipes de trois joueurs, notamment lors du Grand Prix de la Ville de Nantes qui clôt la saison. Des concours sont aussi proposés au sein de chaque amicale, pour ses seuls sociétaires. La dimension sportive est donc réelle, tout en étant associée à l’ambiance chaleureuse qui donne tout son charme à la spécialité. Il s’agit avant tout d’être ensemble et de partager des valeurs d’amitié. Le succès de la boule nantaise a culminé dans les années 1960 avec près de 3 000 joueurs. La transformation des loisirs, le démantèlement des communautés résidentielles et la fermeture de cafés ont entraîné le déclin du mouvement. Il ne subsiste plus qu’une dizaine d’amicales aujourd’hui.
Salle de l’amicale de la Durantière
Date du document : 29-03-2006
Les actions menées dans le cadre de la Fédération des jeux traditionnels de Bretagne, et la demande d’inscription au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, font malgré tout espérer la sauvegarde de la boule nantaise. Une nouvelle salle vient d’ailleurs d’être construite par la Ville dans le quartier de la Noë-Lambert, tandis que les amicales boulistes se sont engagées à initier au jeu les écoliers nantais.
Joël-William Guibert
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)
En savoir plus
Bibliographie
Association Poillux, La boule nantaise, Nantes, 1994
Guibert Joël, Joueurs de boules en Pays nantais : double charge avec talon, L'Harmattan, Paris, 1994
Guibert Joël, « Amicales boulistes et cultures festives à Nantes », dans Deniot, Joëlle, Dutheil, Catherine, Métamorphoses ouvrières : actes du colloque du LERSCO Nantes, octobre 1992, L'Harmattan, Paris, 1995
Joubier R., « La boule nantaise », Les Annales de Nantes et du Pays nantais, n°236 « Le sport à Nantes et en Loire-Atlantique, naguère, hier et aujourd’hui », 1990, p. 29-30
Webographie
Site de la Fédération des Amicales de la Boule Nantaise
Site de l'inventaire du patrimoine culturel immatériel en France PCI-Lab
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Contributeurs
Rédaction d'article :
Joël-William Guibert
Témoignage :
Huguette B, Roger
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