La rue Raspail a longtemps été une rue commerçante animée, avec ses cafés et ses boutiques.
Dans sa séance du 5 mai 1901, le conseil municipal de Chantenay décide d’attribuer au « chemin vicinal n° 18, connu sous le nom de Petite-Musse, entre la rue Appert et la petite place de la Petite-Musse, le nom de Raspail. » Le maire Paul Griveaud rend ainsi hommage à François-Vincent Raspail (1794-1878), « chimiste fécond, portant surtout ses études sur les parasites de l’homme, (…) précurseur le l’antisepsie. En 1848, ce fut lui qui proclama la République, mais il refusa toute fonction. »
Rue Raspail
Date du document : sans date
Rue Raspail
Date du document : sans date
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
Une rue commerçante au cœur d'un quartier industriel
Depuis la fin du 19e siècle, la rue Raspail est le centre commercial du quartier, un pôle très lié aux activités industrielles qui se sont développées à proximité, rue de la Ville-en-Bois et rue Nicolas-Appert. Vers 1930, la rue compte plus de vingt petits commerces, dont de nombreux cafés (avec billard ou jeu de boules) et épiceries, ainsi que deux cordonneries et l’ébénisterie Hilligot.
Boulangerie de la rue Raspail aujourd'hui disparue
Date du document : 23-10-2013
Boulangerie de la rue Raspail aujourd'hui disparue
Date du document : 23-10-2013
Droit de diffusion : Communication libre, reproduction libre
En 1983, selon une étude du CETE Ouest (Centre d’études techniques de l’Équipement) consacrée à la banlieue ouest de Nantes, on y dénombre toujours un total de dix-huit commerces : cinq cafés, huit commerces alimentaires ou liés aux besoins quotidiens, deux petits commerces d’équipement et trois de services. « Ce petit centre est surtout tourné vers le commerce quotidien. Mais, il subit actuellement une crise. Il y a quatre commerces fermés et un certain nombre de boutiques ont été transformées en dépôts de plomberie-zinguerie ». Les premiers signes d’un déclin qui s’accentue dans les décennies suivantes. Aujourd'hui, une pharmacie, un bureau de tabac-presse, un café et une cordonnerie sont les seuls enseignes à perpétuer l'activité commerciale de la rue.
Philippe Bouglé
Groupe mémoire
2013
Témoignage (1/2) : Les commerces de la rue Raspail
« Je suis née en 1925 au 48, rue Raspail où j’ai vécu jusqu’en 1931 dans une petite maison basse. Grâce à la loi Loucheur, mes parents ont ensuite fait construire une maison sur un terrain de la rue Renan. J’ai grandi dans cette maison et je l’ai quittée...
Témoignage (2/2) : Les commerces de la rue Raspail
« La rue la plus commerçante du quartier, c’était la rue Raspail. On y trouvait tous les corps de métier mais la majorité des commerces étaient des bistrots. C’est simple, on en trouvait un entre chaque magasin. Un caviste, installé dans cette rue, livrait...
Témoignage (1/2) : Les commerces de la rue Raspail
« Je suis née en 1925 au 48, rue Raspail où j’ai vécu jusqu’en 1931 dans une petite maison basse. Grâce à la loi Loucheur, mes parents ont ensuite fait construire une maison sur un terrain de la rue Renan. J’ai grandi dans cette maison et je l’ai quittée en 1993 car elle était trop grande pour moi. Cette rue Raspail ! Je la connais par cœur ! Des années 30 jusqu’à la guerre, c’était une rue très commerçante. Tous les commerces se touchaient. Au début de la rue, monsieur et madame Hérel avaient un très grand jardin, genre tenue maraîchère, à côté de la pharmacie Dano. Un peu plus loin, le numéro 48 est devenu l’impasse Richard parce que tout au fond de cette impasse vivaient monsieur et madame Richard. Une fabrique de meubles appartenant à monsieur et madame Hilligot se situait également dans cette impasse. Leur magasin était sur la place Zola et rue Raspail, ils avaient un genre de petit local où leurs meubles étaient exposés. Ils travaillaient très bien. En face du 48, il y avait une borne fontaine. J’ai toujours connu le service de l’eau dans le coin mais cette borne est restée et de temps en temps, on allait y chercher de l’eau. Du côté impair, il y avait déjà le bureau de tabac actuel et plusieurs cafés. A suivre, on trouvait le cordonnier Chartier et le petit magasin-vitrine de monsieur Hilligot. Il avait juste à traverser la rue pour amener ses affaires. A l’angle de l’avenue Richard et de la rue Raspail, madame Chevalier tenait une épicerie. Elle vendait les légumes, la crémerie et même le charbon. Un peu plus loin, l’épicerie Cau faisait aussi café. Il y avait beaucoup de cafés dans la rue. Au niveau de la rue Renan, on trouvait deux autres épiceries et un peu plus loin, il y avait un « Dock de l’Ouest », assez important. Après, le cordonnier Meunier, on arrivait sur une boucherie et une boulangerie. Le passage Proutier était déjà percé. Je ne dirais pas que ça faisait taudis mais c’était insalubre. Les maisons ont été retapées depuis. De l’autre côté de ce petit passage, il y avait une charcuterie et la poissonnerie de madame Gérardière que l’on a regrettée dans le quartier. Plus loin, à l’angle de la rue Appert, il y avait une autre boucherie qui s’appelait « La Rouelle de Veau ». Tous ces commerces ont disparu et ont été transformés en maisons d’habitation. Tous les étés, il y avait la « Sablaise » qui venait vendre des sardines fraîches. Je la revois avec sa petite coiffe, sa petite jupe plissée et ses petits sabots. A la belle saison, on l’entendait crier : « A la fraîche, à la sardine fraîche ! ». Rue Renan, il n’y avait aucun commerce, seulement le garage Touzé. Le père réparait les motos et quand son fils lui a succédé, il s’est occupé des voitures. Il y avait aussi la menuiserie Voirin au coin du chemin des Propriétaires. »
Propos de Jeanne Vacheret recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
Témoignage (2/2) : Les commerces de la rue Raspail
« La rue la plus commerçante du quartier, c’était la rue Raspail. On y trouvait tous les corps de métier mais la majorité des commerces étaient des bistrots. C’est simple, on en trouvait un entre chaque magasin. Un caviste, installé dans cette rue, livrait le vin à domicile. On donnait les bouteilles vides, il les remplissait à la barrique et il les livrait le samedi soir. Il était dans un état à la fin de sa tournée ! Il devait boire tout ce qui débordait ! Tous ces petits commerces de proximité ont commencé à disparaître à partir des années 60 avec l’arrivée des premières grandes surfaces. Mais la plus grosse vague s’est produite entre les années 70 et 90 qui ont tout balayé. C’est aussi une question de génération. Les personnes âgées qui fréquentaient ces petits commerces ont disparu et les enfants avaient déjà d’autres habitudes. »
Propos de Jean-Michel Menant recueillis par les Archives de Nantes et le groupe mémoire du quartier Dervallières -Zola en 2012 dans le cadre de la collection "Quartiers, à vos mémoires"
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Bibliographie
Archives de Nantes, Autour de la place Emile-Zola, Ville de Nantes, Nantes, 2013 (coll. Quartiers à vos mémoires)
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