
René et Pierre Waldeck-Rousseau
Waldeck-Rousseau, pour la grande majorité des Nantais, c’est avant tout un vieux commissariat, hébergé dans une ancienne caserne, qui a été remplacé en 2008 par un nouveau bâtiment moderne formant un bloc de 145 mètres de long (surnommé le porte-avions). « Waldeck » est situé en avant de l’ancien édifice (aujourd’hui détruit) sur une place qui rend hommage à la fois à deux personnages, René Waldeck Rousseau (1809-1882), et son fils, Pierre Waldeck-Rousseau (1846-1904).

Discours du maire Waldeck-Rousseau
Date du document : 05-09-1870
Ce double parrainage n’existait pas à l’origine car cette place, créée au début des années 1880 suite à la construction du pont de La Motte Rouge, n’avait été dédiée en 1888 qu’à René Waldeck-Rousseau, un ancien maire de Nantes, décédé six ans plus tôt. Ce n’est que beaucoup plus tard que l’on ajoute sur les plaques le nom, plus célèbre, de son fils, un des grands hommes d’État de la Troisième République.
René Waldeck-Rousseau (1809 – 1882)
Des deux personnages, celui qui a joué le rôle le plus important dans l’histoire de Nantes est celui qui n’y est pas né. D’une famille d’origine charentaise, René Waldeck-Rousseau voit le jour à Avranches et n’arrive à Nantes qu’en 1833. Avocat peu fortuné, il complète ses revenus en donnant des cours de droit commercial au Collège royal (l’actuel lycée Clemenceau) dans les classes préparatoires aux Grandes Écoles de 1840 à 1843. Élu en avril 1848 député de Loire-Inférieure, il est après le coup d’État de décembre 1851 le seul opposant élu au Conseil municipal de Nantes en 1852. Démissionnant au bout de trois mois, il poursuit sa carrière d’avocat, défendant Le Phare de la Loire contre la censure impériale.
À nouveau élu conseiller municipal d’opposition en 1865, il devient maire de Nantes après les élections municipales d’août 1870, avec Ange Guépin comme premier adjoint. À la chute de l’Empire, il proclame la République le 4 septembre à l’Hôtel de ville. Après les élections municipales d’avril 1871, il est confirmé comme maire de Nantes mais, hostile à la création d’établissements scolaires laïques et gratuits dans les six cantons de la ville, démissionne en juillet. Il redevient maire de Nantes en décembre 1872 jusqu’en juin 1873, date à laquelle il démissionne pour raison de santé. Très catholique, il marque son opposition à la politique anticléricale des républicains en allant donner le bras au supérieur des jésuites de Nantes à la sortie du couvent, lors de leur expulsion en 1880.
Pierre Waldeck-Rousseau (1846 – 1904)
Chrétien social et libéral, René Waldeck-Rousseau n’a pas été sans influencer son fils Pierre, né à Nantes en 1846. Celui-ci commence ses études à l’Externat des enfants nantais avant d’être contraint d’en démissionner après avoir été surpris à tricher. Il ne joue ensuite plus aucun rôle dans l’histoire de Nantes, faisant ses études de droit à Poitiers puis à Paris avant d’ouvrir un cabinet d’avocat à Saint-Nazaire en 1870. C’est à Rennes, où il se fixe en 1873, qu’il commence une longue et brillante carrière politique qui en fait un ministre de l’Intérieur, puis un président du Conseil. À sa mort en 1904, seule la presse républicaine nantaise salue en Pierre Waldeck-Rousseau un grand homme d’État. La presse catholique et monarchiste ne voit au contraire en lui que le père de la loi sur les associations de 1901, le quotidien monarchiste L’Espérance du Peuple estimant que « son nom restera cloué au pilori de l’histoire parmi ceux des hommes qui firent le plus de tort à la France et à l’Église ».
Jean Guiffan
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d’auteurs réservés)
En savoir plus
Bibliographie
Ravilly Étienne, Sallier Dupin Jacques-Yves de, « René Waldeck-Rousseau, 107e maire », dans La Ville de Nantes de la monarchie de Juillet à nos jours, tome 1, Reflets du passé, Nantes, 1985, p. 81-99
« René Waldeck-Rousseau 1809-1882 », Assemblée nationale [En ligne], mis à jour en décembre 2015 [consulté le 24/01/2020], disponible ici
Sorlin Pierre, Waldeck-Rousseau, A. Colin, Paris, 1966
« Waldeck-Rousseau Pierre : ancien sénateur de la Loire », Sénat, un site au service des citoyens [En ligne], mis à jour le 24 janvier 2020 [consulté le 24 janvier 2020], disponible ici
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Rédaction d'article :
Jean Guiffan
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