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Pascal Laporte (1876-1947)


Véritable figure du rugby nantais mais aussi brillant chef d’entreprise, Pascal Laporte œuvra sans relâche pour le développement du sport dans sa ville d’adoption et de cœur, Nantes.

La jeunesse bordelaise

Pascal Laporte naît le 13 avril 1876 à Bordeaux, la veille du dimanche de Pâques, qui aurait inspiré son prénom. Orphelins très jeunes, lui et son frère héritent d’une importante fortune, leur permettant de vivre confortablement. Le jeune Pascal Laporte s’adonne ainsi à son loisir favori : le sport.

Athlète accompli et typique de la charnière des 19e et 20e siècles, il pratique plusieurs sports à la fois. Il triomphe en athlétisme, en tennis, en cyclisme et même en natation. Il est récompensé à de nombreuses reprises pour ses performances sportives. Pour autant, c’est avec le rugby que Pascal Laporte se démarque.

En 1894, Pascal Laporte intègre le Stade Bordelais Université Club (SBUC) peu après sa création en 1889. Capitaine, il occupe le poste de trois-quarts aile puis celui de centre. Il mène son équipe à la finale du championnat de France et décroche le titre à cinq reprises : 1899, 1904, 1905, 1906 et 1907.

De Liverpool à Nantes

À partir des années 1890, le SBUC est présidé par l’Écossais James Smith Shearer. Ce dernier travaille pour la compagnie de navigation anglaise Hutchinson. Il décèle chez le jeune Pascal Laporte de véritables qualités professionnelles, l’emploie puis lui propose d’aller se former en Angleterre, à Liverpool. Le Bordelais accepte et part en 1895, pour deux ans. Il n’y oublie pas le rugby et se distingue dans l’équipe locale des Liverpool Old Boys. À son retour, il reste environ dix ans à Bordeaux puis part pour Nantes en 1907, où il est nommé directeur du bureau local de la société Hutchinson. Pascal Laporte développe la ligne Liverpool – Nantes. De deux à trois navires à vapeur par mois à son arrivée, le chiffre passe de quatre à cinq juste avant la Première Guerre mondiale.

Son dynamisme ne le fait pas seulement se distinguer dans la sphère commerciale. Dès son arrivée, il rejoint l’équipe de rugby du Sporting Club Universitaire Nantais (SCUN). Il obtient de son coéquipier du Stade Français, Charles Bernard, président du Rugby-Club de Basse-Indre Couëron, la fusion de ces deux clubs. Le Stade Nantais Université Club (SNUC) est créé.

Le développement du SNUC

Pascal Laporte prend le capitanat de l’équipe première du SNUC, la meilleure du club, et attire à Nantes plusieurs de ses amis bordelais : Jean Hélier Tilh, Henri Lacassagne, Gabriel Hourdebaigt… Il fait également venir des joueurs internationaux comme le Gallois Percy Bush, considéré comme le cinquième meilleur demi d’ouverture du siècle. Cette nouvelle équipe évolue rapidement dans l’élite régionale puis nationale du rugby français. Dès 1912, Pascal Laporte devient le président du SNUC.

Il œuvre pour le développement de son club, qui pratique alors le rugby mais aussi le tennis, l’athlétisme… En 1919, il est à l’initiative de la création d’une société civile immobilière regroupant tous les membres du SNUC. Cette société achète une ferme à Malville, en lisière de la ville, pour y faire construire un équipement sportif d’ampleur et propre au club. Aujourd’hui situé sur le boulevard des Anglais, il est renommé stade Pascal-Laporte en l’honneur de son fondateur en 1950. À sa création, l’ensemble comprend un terrain de football, un de rugby,  une piste d’athlétisme, de grandes tribunes, plusieurs courts de tennis, ainsi qu’un fronton de pelote basque, le seul au nord de la Loire, aujourd’hui disparu. Aidé de ce nouvel équipement, le club connaît un développement important. Le nombre de ses licenciés s’accroît véritablement. Le niveau des différents sports qui y sont pratiqués atteint bientôt l’élite nationale.

Une véritable figure du sport nantais

Pascal Laporte marque le paysage sportif, il est un des notables nantais de ce début du siècle. Son travail accompli avec le SNUC inspire. La presse parle d’un « pionnier du sport français ». Au début des années 1920, il est président du SNUC mais aussi du Comité de l’Atlantique de rugby et de la Société d’encouragement aux Sports de l’Ouest. On lui propose la direction de la Fédération française de rugby à sa création, mais refuse pour pouvoir se concentrer sur son entreprise et son club. Il continue de nourrir son amour du terrain et du ballon ovale. À 40 ans passés, le « vieux lion bordelais », comme le surnomme son ami le Docteur Yves Thomas, est toujours au capitanat de l’équipe de vétérans du SNUC.

« Ce n’est pas tout. Ennemi des banquets ou des réunions de ce genre, Pascal Laporte pratique encore, malgré ses 97 kilos… comme trois-quarts centre dans la célèbre équipe des vétérans du S.N.U.C., vainqueur chaque année des vétérans parisiens...et aussi de pas mal de jeunes équipes régionales. […] Pascal Laporte, grand sportsman, est un des plus grands pionniers du sport régional et français et on peut dire aussi que c’est grâce à lui, dans une large mesure, que le sport nantais s’est fait un nom dans notre pays. » (La Dépêche de Brest, La Dépêche sportive & touristique, 7 février 1923)

Récompensant son investissement pour le développement des sports, Pascal Laporte est nommé chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur, au titre de l’éducation physique, dans le Journal Officiel du 7 décembre 1923. Le 18 décembre, un banquet est organisé à son honneur aux salons Mauduit. La soirée est présidée par Paul Bellamy, maire de Nantes.

Des années difficiles

Gravement malade, Pascal Laporte ne peut plus assurer la présidence du SNUC. Il démissionne en 1933, mais revient en 1939, ne pouvant ignorer l’appel de ses amis.

C’est alors qu’éclate la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle Pascal Laporte joue un rôle très flou à Nantes. Certaines sources abordent son aide pour ravitailler l’Armée anglaise en France au début de la guerre, grâce à sa connaissance de la langue anglaise. Certains évoquent également son engagement dans la Résistance. Il aurait fermement refusé de s’incliner face à l’occupant allemand, et aurait contribué à camoufler les capitaux de ses associés anglais. Il aurait également été nommé parmi les nombreux otages quotidiens. Pascal Laporte aurait également été membre et aurait financé le Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France. Toutes ces informations étant difficilement vérifiables, il est impossible d’affirmer tout cela. Il souffre cependant des bombardements alliés de septembre 1943. Son domicile, dans le quartier Graslin, son bureau, quai de la Fosse, mais aussi le stade de Malville, foyer de son club, sont gravement endommagés.

En 1944, il se retire de la présidence du SNUC. Trois ans plus tard, le 6 avril 1947, il succombe à la maladie et s’éteint, à l’âge de 71 ans.

Il est enterré au cimetière Miséricorde, à Nantes. La presse se fait l’écho du souvenir de cette figure nantaise, qui laisse derrière lui le souvenir d’un homme au fort caractère, s’emportant parfois, mais aussi d’un ami dévoué et sympathique, passionné et grand blagueur.

Léa Grieu
Direction du patrimoine et de l’archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2023



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En savoir plus

Bibliographie

Callède Jean-Paul, Histoire du sport en France, Du Stade Bordelais au SBUC (1889-1939), Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, collection Sport et société, Pessac, 1993, 238 pages

Webographie

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Léa Grieu

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