
Pont Saint-Mihiel
Le pont Saint-Mihiel enjambe l’Erdre. Il permet de relier la place Chateaubriand à la place de la Bonde. Il est le trait d’union entre le quartier Hauts-Pavés-Saint-Félix et celui de Malakoff-Saint-Donatien.
Les plans du pont Saint-Mihiel actuel furent dressés par l’entreprise de M. Charrière. Il présente le projet comme un pont métallique continu à trois travées, long d’environ 30 mètres et large de 10. Le tablier métallique est en acier, il repose sur deux piles et deux culées en maçonnerie.
Avant la construction de la première passerelle à la fin du 19e siècle, il n’existe aucun moyen de franchir l’Erdre entre le pont Barbin et le pont Morand. Ces deux ponts sont éloignés d’1 kilomètre l’un de l’autre, ce qui en ville représente une distance importante lorsqu’on se déplace à pied ou en véhicule à traction animale. Par conséquent les habitants des deux rives réclamaient depuis longtemps un pont charretier pour faciliter les communications.
En 1874, le service de la voirie propose la construction d’un pont à cet emplacement, mais rien n’est fait par la mairie. L’année suivante, face au manque de réactivité de la Ville, les habitants décident de financer eux-mêmes la construction d’une passerelle en bois.
En 1892, la passerelle est déjà obsolète car trop vétuste : la nécessité de sa reconstruction est admise par la municipalité. Débute alors une campagne ardente pour la construction d’un nouveau pont auprès des particuliers et des élus. Elle est conduite par Jules Polo, soutenu par le conseiller municipal Thouvenin. Au cours des deux années suivantes, ce dernier propose au conseil plusieurs projets de ponts, tous étudiés par la ville qui hésite devant le coût important d’une telle construction. Les élus estiment que les bénéfices apportés par la construction d’un pont à cet endroit ne sont pas suffisants pour justifier une telle dépense. En 1894, l’ingénieur des Ponts et Chaussées, avec le soutien du conseil municipal, demande à ce que la hauteur du pont soit revue à la hausse pour ne pas gêner la navigation fluviale. Cela entraînerait un surcoût et des modifications sur les édifices alentours et risquerait de faire abandonner tout projet de pont charretier.
Dès le lendemain de cette décision, les habitants du quartier se sont alarmés et ont protesté. En février, ils décidèrent d’adresser une pétition au ministre des Travaux publics pour défendre leurs intérêts. Mais le 27 décembre 1894, la Ville annonce la construction prochaine d’une passerelle métallique pour piétons dont la durée de vie prévue est de 100 ans.
Jules Polo fait en sorte de devancer le chantier en menant une souscription auprès des habitants pour la construction d’une nouvelle passerelle en bois, d’une durée de vie estimée à 15 ans, sans participation de la mairie.
Heureuse d’économiser la construction d’une passerelle métallique, la Ville décide d’abandonner son projet au profit de celui financé par les habitants mais qui ne peut être qu’une solution provisoire. Les riverains peuvent donc toujours espérer la construction d’un véritable pont.
En 1911 la passerelle est en mauvais état : il faut songer à la remplacer.
La Ville, dans un contexte financier plus favorable, décide la construction d’un pont pour 198 000 francs et en confie la réalisation à l’entreprise Charrière. Le pont est achevé en 1913.
Au départ, les habitants souhaitèrent appeler le pont Saint-Mihiel, « pont Polo » en l’honneur de celui qui a défendu leurs intérêts. Mais le pont ne fut nommé qu’après 1914. À cette époque, les villes épargnées par les combats de la Première Guerre mondiale choisissent des villes de l’Est touchées par la guerre comme filleules. Nantes avait choisi Saint-Mihiel. Ce nom fut donné au pont pour rappeler ce souvenir.
Auparavant, les deux passerelles portèrent le nom de passerelle de Versailles ou de passerelle Barbin, en référence à leur environnement géographique et urbain.
Antoine Pouponneau
Archives de Nantes
2014
En bref...
Date de construction : 1913
Auteur de l'oeuvre : Charrière
Typologie : architecture civile publique et génie civil
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Rédaction d'article :
Antoine Pouponneau
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