Mona Rosalba (1910-1996)
Figure majeure de la danse nantaise, Mona Rosalba reste peu connue du grand public. Son parcours, rare pour une femme de sa génération, mérite pourtant d'être mis en lumière.
Mona Rosalba est née Simone Jeanne Hilda Clémentine Brochet le 19 août 1910 à Nantes. Elle est la fille de Marie Brochet, mère célibataire originaire d'une famille modeste des Sables-d'Olonne en Vendée.
Dès l'âge de 16 ans, une fois sa scolarité au Conservatoire et aux Beaux-Arts terminée, Mona Rosalba intègre le cours de danse du théâtre Graslin. Victor Natta, maître de ballet du Capitole à Toulouse, remarque son talent.
Danseuse-étoile, puis maîtresse de ballet du théâtre Graslin
Au grand théâtre de Nantes, elle gravit tous les échelons. Sous la houlette de Simon Borelli, elle devient danseuse-étoile, une position qu'elle occupe pendant huit années. Elle se perfectionne, deux fois par an, à Paris, en suivant les cours donnés à l'Opéra Garnier par Serge Lifar et Rozanne du Théâtre impérial de Moscou. Mona Rosalba aiguise également sa connaissance de l'école russe en suivant pendant un mois les répétitions du ballet du Bolchoï à Moscou et à Leningrad, actuelle Saint-Pétersbourg.
Puis, un soir, alors que la maîtresse de ballet est tombée malade, Jacques Rousseau, devenu directeur de Graslin, lui demande de la remplacer. Elle reste à ce poste jusqu'en 1954. Puis elle décide de quitter Graslin pour créer sa propre école de danse classique, ce qui constitue un événement rarissime à l'époque. Son école est, en effet, la première du genre à Nantes et devient très vite respectée des plus grands noms de la danse parisienne.
Professeure de danse aux élèves prestigieux
À travers ses cours, repartis en quatre différents niveaux (préparatoire, élémentaire, moyen et supérieur) et qu'elle assure tous personnellement entre Nantes et Ancenis, elle forme de très nombreux élèves. Régulièrement, elle présente certains d'entre eux au très prestigieux concours national de danse à Paris. Deux de ses élèves, Jacques Garnier, en 1962, et Isabelle Richard, en 1969, obtiennent le premier prix. Deux ans après sa victoire, Isabelle Richard reçoit également un diplôme d'excellence, en danse classique comme en danse de caractère, à ce même concours.
Quant à Jacques Garnier, après avoir obtenu ce premier prix à l'unanimité, il intègre le corps de ballet de l'Opéra de Paris, où il est très vite nommé sujet. Il poursuit sa carrière en passant par les États-Unis, où il acquiert les techniques de la danse moderne, puis il étudie l'art dramatique. Danseur complet, il devient ensuite chorégraphe et crée sa propre compagnie de danse contemporaine à La Rochelle. Ses créations enthousiasment notamment le public du Palais des Papes au festival d'Avignon. Décédé à seulement 48 ans, son avant-gardisme aura néanmoins permis l'explosion de toute une jeune génération de danseurs français.
Une carrière poursuivie jusqu’à la fin de sa vie
Si Mona Rosalba suit, elle aussi, une formation de danse moderne en Angleterre, elle continue de consacrer son enseignement uniquement à la danse classique. En parallèle, elle règle la chorégraphie de multiples ballets, dont certains inspirés de pièces de Molière ou encore la Damnation de Faust, joué le soir en plein air au Château des ducs de Bretagne. Elle participe aussi aux revues présentées à Graslin à la période de Noël, y côtoyant de nombreux invités célèbres, comme André Bourvil et Annie Cordy.
Au cours d'une carrière qui aura duré plus de soixante-cinq années, elle a été honorée de plusieurs distinctions prestigieuses, dont les Palmes académiques, les Palmes d'or de la Grande Chancellerie de Bruxelles et la médaille grand or de la société académique Arts, Sciences et Lettres. Elle siège également au conseil d'administration de la Fédération de danse à Paris.
Infatigable, Mona Rosalba n'envisage pas, à 83 ans, de prendre sa retraite tant qu'elle demeure en bonne santé. Elle raccroche finalement ses chaussons et ses pointes après un dernier récital en juillet 1993.
Mais elle ne quitte pas le quartier nantais Graslin et son domicile de l'avenue René-Bazin où elle vit jusqu'à son décès, le 14 février 1996. Mona Rosalba repose au cimetière ancien des Sables-d'Olonne.
Talentueuse, créative et précurseuse, Mona Rosalba laisse un souvenir ému à nombre de ses élèves.
Cécile Gommelet
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2021
En savoir plus
Bibliographie
Annales de Nantes et du Pays Nantes : le quartier Graslin, Revue de la Société académique de Nantes et de Loire-Atlantique, n°252, 2e trimestre 1994, page 13. Consultable en ligne
Nouveau dictionnaire national des contemporains, 4e édition, 1966
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Contributeurs
Rédaction d'article :
Cécile Gommelet
Anecdote :
Isabelle Richard
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