Danse
Pendant longtemps, seul le ballet de l’opéra-ballet a été le représentant de la vie chorégraphique à Nantes. Il participait aux différents opéras et opérettes proposés par le théâtre Graslin. Le répertoire : essentiellement des reprises de pièces anciennes, des ballets classiques.
Des noms sont ainsi fortement liés au Théâtre Graslin et au ballet de l’opéra. D’abord celui de Marius Petipa, qui a chorégraphié à Nantes ses premières œuvres en 1838 et 1839 : Le droit du seigneur, La petite bohémienne et La noce à Nantes. Au siècle suivant, celui de Jean-Paul Gravier, directeur du ballet de l’opéra en 1985, qui, auparavant, avait dansé comme soliste à l’opéra de Paris, puis comme étoile du ballet national du Rhin. Il impulse un nouvel élan, invite quelques grands chorégraphes comme, en 1986, Bertrand d’At, aujourd’hui directeur du ballet du Rhin.
Le nom de Jacques Garnier est également indissociable de la danse à Nantes. Né à Saint-Gilles-Croix-de-Vie en 1940, il suit les cours de Mona Rosalba, ex-maîtresse de ballet à Graslin, puis danseuse dans le corps de ballet de l’opéra de Paris. Si la carrière de Jacques Garnier est davantage liée à La Rochelle et à l’Opéra de Paris dont il intègre le corps de ballet en 1963, il est revenu plusieurs fois danser à Nantes. Une salle du centre chorégraphique porte d’ailleurs son nom.
Bal du dimanche à Chantenay
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Le paysage change en 1989 avec la fin du ballet de l’opéra et l’arrivée, en 1990, de la compagnie Claude Brumachon. Elle devient, en janvier 1992, sous la direction de Claude Brumachon et de Benjamin Lamarche, le Centre chorégraphique national de Nantes. Il tourne un peu partout à travers le monde et avec lui le nom de Nantes.
De nombreuses autres compagnies sont nées. Toutes tendances confondues, on en compte une trentaine. Parmi les plus connues : la compagnie Kossiwa de Flora Théfaine (créée à Nantes en 1989) qui mêle influences africaines et danse contemporaine ; la compagnie NCG 25 (1998) d’Hervé Maigret, un ancien du Centre chorégraphique national de Nantes.
Le hip-hop a fait une entrée en force, grâce notamment à Yasmin Rahmani, jeune danseur du quartier Bellevue, qui a découvert le hip-hop à quinze ans, s’est ouvert au classique et au jazz, a effectué un séjour aux États-Unis, puis a fondé HB2 à Nantes (1991). Depuis, Yasmin Rahmani a suscité de nouvelles vocations et formé de jeunes pousses, comme le chorégraphe de la compagnie LKP (2003).
Le monde de la danse s’est encore étoffé avec l’arrivée récente de Loïc Touzé (2010), de la compagnie Chute libre (2005), de François Grippeau (2000)… Les uns et les autres n’hésitent pas à travailler ensemble, à bousculer les frontières entre les disciplines. Un exemple : la collaboration de Loïc Touzé et de Yasmin Rahmani pour Gomme (2011) ou Braille, toujours de Loïc Touzé avec le musicien et vidéaste nantais Gaétan Chataignier et le chanteur Philippe Katerine. La palette de spectacles s’est aussi développée. L’ouverture d’Onyx (1988), à Saint-Herblain, y a largement contribué. Scène conventionnée danse, la salle a accueilli découvertes et artistes prestigieux. Le Grand T, le Lieu Unique, le Théâtre universitaire font aussi la part belle à la danse dans leur programmation.
Cette vitalité chorégraphique se retrouve chez les amateurs aussi. Pas moins de 153 structures privées ou associatives proposent des cours de danse : jazz, claquettes, classique, danses orientales, danses de salon…
C’est peut-être là une manière de renouer avec une vieille tradition. On a en effet beaucoup dansé à Nantes. Sous l’Ancien Régime les bals animent la vie sociale. Ils se développent au 19e siècle. Fédérations, syndicats professionnels, sociétés diverses en organisent régulièrement. On vient danser aux salons Piou, qui ouvre en 1888 au Croissant, près de la route de Paris ; au Turcaud, rue Voltaire ; à l’Excelsior, rue Franklin ; aux salons Mauduit ; au Tourbillon, boulevard Dalby, mais aussi au Chalet suisse place Zola, ou encore salle d’Alger. En 1918, les Nantais découvrent le jazz avec l’arrivée des militaires américains : James Reese Europe, du 369e régiment d’infanterie, et sa formation donnent un grand bal place Graslin. Dès lors, aux airs d’accordéons s’ajoutent ragtime, jazz, charleston… Nantes regorge alors de salles qui accueillent bals et après-midi dansants. Julien Moreau évoque ces lieux dans ses romans sur les années folles à Nantes et nous avons trace, en 1901, d’un monsieur Brunet, « président du groupe amical des maîtres de danse et agilité de la ville de Nantes »…
Rien de mieux que ces bals et après-midi dansants pour se divertir, faire des rencontres, mêler les générations. Cette pratique culturelle reste vivace jusqu’à la fin des années 1960.
Extrait du Dictionnaire de Nantes
(droits d'auteurs réservés)
2018
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