Église Notre-Dame-de-Lourdes
L’église Notre-Dame-de-Lourdes, située à l’embranchement entre la route de Rennes et la rue du Chanoine-Poupard, présente une architecture intrigante. Entièrement faite de béton armé, elle n’a toutefois pas toujours eu cet aspect-là...
Une première chapelle avant l’église
En 1882, Jeanne de Rincé soumet à l’évêque de Nantes la construction d’une chapelle au Pont du Cens car ce secteur est trop éloigné des églises paroissiales. Elle lance une souscription. La demande de construction est acceptée mais suscite une vive polémique sur son lieu d’implantation et sur son financement. Un terrain de 83 ares situé Pont du Cens, propriété des « Douves de la Vallée » et appartenant à la famille Decrais de Laval est acheté par cinq familles pour la somme de 25.000 Francs.
Pont-de-Cens et la chapelle Notre-Dame-de-Lourdes
Date du document : vers 1920
Le 21 novembre 1886, la chapelle est ouverte au culte. Elle est dédiée à Notre-Dame-de-Lourdes en 1896. Le jour de son ouverture, les copropriétaires de la chapelle et du terrain alentour en font don à l’évêché, à condition que des messes soient célébrées chaque dimanche. L’évêque de Nantes désigne alors la fête de l’Apparition de Notre-Dame-de-Lourdes comme fête patronale célébrée chaque année le 11 février.
Bâtir une église en béton armé
Dans l’entre-deux-guerre, alors que la chapellenie est érigée en paroisse, le diocèse veut agrandir l’église ; ce qui est rendu possible par le don d’un particulier. La construction d’une nouvelle église est confiée à l’architecte-conseil de l’évêché, Jean Liberge, dont le projet initial est de bâtir une église en béton armé brut de décoffrage.
Le choix du béton, outre la prouesse architecturale, est aussi d’ordre économique. Liberge entend construire une église qui accueillerait près de 2000 personnes et les matériaux doivent être peu coûteux pour réaliser un édifice d’une telle envergure. Le béton armé répond à cette contrainte. Depuis son brevetage par François Hennebique en 1892, il est de plus en plus utilisé pour de grandes constructions publiques.
Plan de l'église Notre-Dame-de-Lourdes
Date du document : 02-1927
Le rôle de l’abbé Léon Poupard
La construction de l’église Notre-Dame-de-Lourdes doit beaucoup à l’abbé Léon Poupard (1875-1944). Il est le fondateur et le curé de la paroisse du Pont-du-Cens de 1925 à 1935 puis il est nommé curé archiprêtre de la Cathédrale et enfin vicaire à Saint-Similien. Il fait ériger canoniquement la chapellenie Notre-Dame-de-Lourdes en paroisse le 23 avril 1926.
Dès mai 1926, Jean Liberge dresse un avant-projet de la future église en lien étroit avec l’abbé Poupard. Celui-ci joue un rôle important dans le projet de construction de l’église, par son implication, mais aussi dans la structuration globale et dans sa vision du quartier. Il a ainsi porté des projets de construction d’une école de garçons en 1926, sur des plans dressés par l’architecte Marcel Manceau, ainsi qu’un dortoir, des logements pour instituteurs, et une bibliothèque paroissiale. Pour l’ensemble de ces projets et pour pouvoir déposer les permis de construire, il créé la Société anonyme immobilière du Pont-du-Cens qu’il préside. La salle de spectacle du Pont du Cens de la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes sera construite à l'initiative de l'Union paroissiale sur des plans dressés le 25 octobre 1941 et le cinéma Ciné-Cens aussitôt après la guerre.
Un second projet resté inachevé
La « première pierre » de l’église paroissiale est posée le 25 octobre 1931 et l'ancienne chapelle est démolie au mois de novembre. En 1936, la grotte, située à 200 mètres vers la vallée du Cens, est créée dans une ancienne carrière par l’abbé Ollivier, nouveau curé de la paroisse. Ce lieu de procession et de dévotion est une réplique en miniature de la grotte de Massabielle à Lourdes. La grotte est inaugurée le 6 septembre 1936 en présence de près de 2000 fidèles.
Grotte de Notre-Dame de Lourdes
Date du document : 24-07-2021
L’église est finalement bénie le 31 janvier 1937 par Monseigneur Villepelet, assisté de l’abbé Poupard et de l’abbé Olivier. Toutefois, cette même année, après 5 ans de travaux, le projet est suspendu faute de crédits suffisants. Une des travées de la nef, la façade occidentale et le clocher restent inachevés.
De nouveaux remaniements dans l’après-guerre
Après la guerre, l’église et sa paroisse Notre-Dame-de-Lourdes jouent un rôle fédérateur pour les nouveaux habitants de ce vaste quartier, alors en cours d’urbanisation. Ainsi, de la vie religieuse, naît une dynamique associative et de solidarité sous le patronage de l’Étoile du Cens, créée après la guerre par l’Abbé Agaisse.
En mars 1951, la façade provisoire est détériorée par un violent cyclone. Les travaux d’achèvement de l’église reprennent en 1957 sous la coordination de Yves Liberge, fils de l’architecte concepteur d’origine. Celui-ci modifie les plans de la façade pour faire référence à la grotte de Massabielle de manière symbolique. Il confie le traitement du tympan de ce porche imposant aux lignes épurées au sculpteur Jean Mazuet.
Le 25 octobre 1958, année du centenaire des apparitions de Marie à Bernadette de Lourdes, l’église est consacrée par Monseigneur Villepelet. La Vierge du tympan de la façade est bénie le 12 février 1959 à l’occasion de la fête patronale. Chaque année, depuis 1958, a lieu le « pèlerinage des malades » à la grotte du Pont-du-Cens, l’un des deux dimanches les plus proches du 8 septembre.
Des choix architecturaux audacieux
Le projet architectural des Liberge est audacieux. Liberge père préfère un plan en T au modèle en croix et le choix du béton permet des formes épurées. La luminosité intérieure de la nef est permise par des dalles de verre serties dans une résille de béton.
Église Notre-Dame-de-Lourdes
Date du document : 03-02-2019
L’église reprend toutefois certains éléments du vocabulaire architectural traditionnel comme le narthex, c’est-à-dire le vestibule d’entrée, la nef et le transept. Le clocher, qui couvre le narthex, est triangulaire et est surmonté d’une croix. Il parachève l'imposante façade de l'église. Cette dernière intègre en renfoncement un porche surmonté d'un arc parabolique. Le porche est percé de trois ouvertures et est surmonté d’un tympan décoré en son centre par une sculpture de la Vierge Marie en mandorle, Notre Dame de Lourdes. A lui seul, le portail d'entrée constitue l'élément visuel le plus marquant de cette église.
Une église toujours en service
Aujourd’hui, Notre-Dame-de-Lourdes forme avec les églises de Saint-Dominique et de Saint-François d’Assise la paroisse Sainte-Catherine-du-Petit-Port. Elle est surtout visible de la route de Rennes, en quittant Nantes.
En 1984 et 1985, des travaux de réfection ont lieu à l’intérieur de l’église : peinture, éclairage, amélioration de la sonorisation, rénovation complète du chœur, remise en valeur de l’autel en marbre, travaux d’accessibilité. En avril 1989, la crypte a été rénovée pour servir de lieu de prières.
Amélie Decaux, Chloé Rouillon
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2021
En bref...
Localisation : Rennes (route de) 26, NANTES
Date de construction : 1931
Auteur de l'oeuvre : Liberge, Jean (architecte) ; Liberge, Yves (architecte)
Typologie : architecture religieuse
En savoir plus
Bibliographie
Collectif (auteur), Dictionnaire de Nantes, Presses Universitaires de Rennes, hors collection, 2013
Kahn, Claude, Landais, Jean, « L'église Notre-Dame de Lourdes », Les Annales de Nantes et du Pays Nantais, revue de la société académique de Nantes et de la Loire-Atlantique, n°282, 4ème trimestre 2001, p. 29-32
« La première église nantaise en béton », Ouest-France, 8 septembre 1995
« Notre-Dame-de-Lourdes s’adapte aux nouvelles pratiques », Ouest-France, 24 décembre 2011, n° 412, p. 14
Pages liées
Tags
Contributeurs
Rédaction d'article :
Amélie Decaux, Chloé Rouillon
Vous aimerez aussi
Julien Lanoë (1904 – 1983)
Personnalité nantaiseJulien Lanoë est un industriel et homme de lettres nantais, proche des artistes français majeurs de l’entre-deux-guerres.
Contributeur(s) :Chloé Voirin
Date de publication : 10/10/2019
3557
Charette
Personnalité nantaiseLa rue des Sept maires Charette, dans le quartier Monselet, et la notoriété de leur lointain cousin dans la contre-Révolution témoignent de la place sans égale de cette famille dans...
Contributeur(s) :Jean-Clément Martin , Guy Saupin
Date de publication : 21/01/2020
4762
Foyer Sonacotra
Société et cultureÀ partir de 1947, la France connaît un courant important d'immigration des « Français musulmans d'Algérie » (FMA) soit 185 000 entre 1947 et 1953. Bien que Nantes soit restée...
Contributeur(s) :Nathalie Barré , Jean-Claude Valomet , Paul Bouyer ...
Date de publication : 02/11/2022
5894