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Jules Piedeleu (1841-1912) Julie Charles (1784 – 1817)

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Club Léo-Lagrange Nantes Aviron


Le Club Léo-Lagrange Nantes Aviron est né d’une scission avec le Cercle de l’Aviron de Nantes (CAN) en 1973. Depuis 1986, il développe ses activités de compétition et de loisir sur l’Erdre, depuis la base nautique du chemin de Belle-Île.

Marcel Vandernotte, un rameur de talent

La naissance du Club Léo-Lagrange Nantes Aviron, en 1973, est indissociable du parcours d’un rameur d’exception, Marcel Vandernotte. Né en 1909, Marcel Vandernotte a fait toute sa carrière sportive sous les couleurs du Cercle de l’Aviron de Nantes (CAN), alors seul club nantais. Avec son frère Fernand, en deux de pointe sans barreur, il est champion de France en 1927, 1928 puis en 1938, et participe en 1932 aux Jeux olympiques de Los Angeles. Ce n’est pas une médaille qu’il en rapporte, mais… une photo qui contribuera à sa notoriété : installés dans leur bateau, torse nu, les deux rameurs nantais posent avec Maureen O’Sullivan, la « Jane » de Tarzan dans Tarzan, l'homme singe (1932). En 1933, les deux frères Vandernotte remportent le bronze aux Championnats d’Europe puis s’alignent en quatre avec deux autres Nantais, Cosmat et Chauvigné : vice-champions d’Europe en 1934 à Berlin, champions de France en 1935 et, surtout, médaillés de bronze aux Jeux olympiques de Berlin en 1936 (sur un quatre barré par Noël Vandernotte, le fils de Fernand). Ce palmarès donne à Marcel Vandernotte toute légitimité pour encadrer les compétiteurs du Cercle de l’Aviron et amener le club au plus haut niveau.

Marcel Vandernotte, créateur du club Léo-Lagrange Nantes Aviron

Marcel Vandernotte, créateur du club Léo-Lagrange Nantes Aviron

Date du document :

La scission au sein du Cercle de l’Aviron de Nantes

Les années passent, l’aura de Marcel Vandernotte pâlit un peu au sein du Cercle de l’Aviron. 1968 est passé par là, son « autorité naturelle » est remise en cause, ses méthodes ne font plus l’unanimité auprès d’une nouvelle génération de rameurs : fin 1972, alors qu’il se présente au bureau du club, il est mis en minorité. Il claque alors la porte du CAN pour créer un nouveau club, emmenant avec lui quelques fidèles dont Henri Grassi qui, à ses côtés, partageait son temps entre l’entraînement des jeunes et l’entretien des bateaux. Il sera l’un des principaux piliers du Club Léo-Lagrange Nantes Aviron.

L’installation du club sur l’île de Versailles

Figure historique du sport nantais, Marcel Vandernotte réussit à convaincre la municipalité d’André Morice de le suivre dans sa démarche : la Ville met à sa disposition des bâtiments désaffectés au bout de l’île de Versailles. L’île est alors couverte de maisons et de hangars, desservis par une route qui serpente au milieu des bâtiments. Le nouveau club se voit attribuer par la Ville de Nantes une vieille construction en bois toute noire, très sale, couverte de lierre, un ancien hangar précédemment occupé par un charbonnier. Il est flanqué d’un côté d’un petit chantier naval et, de l’autre, d’une sorte de garage. La petite quinzaine de personnes qui ont suivi Marcel Vandernotte passe les premiers mois à nettoyer et déblayer les locaux et démolir les parois intérieures afin d’avoir l’espace nécessaire pour y stocker des bateaux d’aviron.

La création du club Léo-Lagrange Nantes Aviron

Un peu plus tard, le club récupère une maison désaffectée pour y aménager ses premiers vestiaires. Parallèlement, Marcel Vandernotte reçoit le soutien de Gaëtan Chénard qui, tout en laissant au nouveau club une grande autonomie financière, fait de l’aviron une nouvelle section au sein de l’association Léo Lagrange Omnisports qu’il préside. Début 1973, le nouveau Club Léo-Lagrange Nantes Aviron est créé. Il lui reste à trouver des bateaux. Les premiers, retapés par Henri Grassi, lui sont donnés par des clubs voisins, notamment d’Orléans. Arrivent ainsi une première yolette (un bateau d’initiation), un huit, un ou deux skiffs (bateaux solos de compétition).

Huit du club Léo-Lagrange Nantes Aviron

Huit du club Léo-Lagrange Nantes Aviron

Date du document :

Une des chances du nouveau club, c’est d’avoir embarqué, outre une dizaine de bénévoles adultes, un petit groupe de quatre jeunes rameurs très compétitifs. Parmi eux Benoît Moussé, champion de France junior 1972 en skiff (et toujours membre du club) et Marc Grassi, qui fut ensuite pendant de longues années entraîneur salarié du club. Au départ, les déplacements se font avec un minimum de moyens : en voiture, avec un skiff sur la galerie. Fin 1973, première régate du club, au Mans, et première victoire, en skiff minime pour Marc Grassi. Sous les couleurs du Club Léo-Lagrange Nantes Aviron, Benoît Moussé retrouve dès 1973 les podiums du Championnat de France (bronze en skiff junior, bronze en double senior avec Alain Labasque). Il intègre l’équipe de France et remporte le titre de champion de France poids léger en 1979.

Les toutes premières années, le Club Léo-Lagrange Nantes Aviron multiplie les bons résultats et enclenche ainsi une spirale ascendante : un nombre croissant de bons rameurs sont formés à Léo qui devient « club fanion » de la ville de Nantes… avec subventions correspondantes qui lui permettent de s’équiper. Le club, qui peut aligner des « huit » dans quasiment toutes les catégories, s’ouvre aussi aux comités d’entreprise, notamment ceux d’EDF et de l’Ifremer.

Palmarès des cadets du club Léo-Lagrange Nantes Aviron

Palmarès des cadets du club Léo-Lagrange Nantes Aviron

Date du document : 1974

Il trouve là, outre de nouveaux pratiquants, des ressources qui lui permettent d’étoffer le parc à bateaux. Léo-Lagrange Nantes Aviron est aussi le premier club nantais à créer une section féminine. Dès 1977, il voit deux de ses membres, Sylvie Boulord et Françoise Dreno, vice-championnes de France, intégrer l’équipe de France junior.

Le déménagement au chemin de Belle-Île

Le Club Léo-Lagrange Nantes Aviron grandit et se retrouve à l’étroit dans ses locaux de bric et de broc. Parallèlement, la municipalité Chauty, élue en 1983, réfléchit à l’aménagement de l’île de Versailles. Le club espère un nouvel équipement sur place. La Ville de Nantes en décide autrement. Les anciennes constructions sont rasées pour laisser la place à un jardin d’inspiration japonaise et c’est un restaurant où officiera pendant dix ans le grand chef japonais Shigeo Torigaï, aujourd’hui « La Cocotte solidaire », qui est édifié tout au bout de l’île, là où se trouvait le club d’aviron.

Locaux du club Léo-Lagrange Nantes Aviron sur l’île de Versailles

Locaux du club Léo-Lagrange Nantes Aviron sur l’île de Versailles

Date du document : 1980

Léo Lagrange Omnisports a une solution de relogement : l’association possède un terrain sur la rive gauche de l’Erdre, chemin de Belle-Île, avec un ponton de location de « pénichettes » et un chantier naval. L’association sportive compte y installer ses propres bureaux, à l’étage d’un bâtiment dont le rez-de chaussée (hangar, bureau d’accueil, atelier, vestiaires et salle de musculation) serait laissé à la section aviron. C’est sur ce projet que Léo Lagrange Omnisports obtient de la Ville de Nantes qu’elle construise là un nouvel équipement municipal.

Le projet est confié au cabinet d’architecture M.B.C. En juin 1986, Léo-Lagrange Aviron déménage dans un bâtiment tout neuf qu’il sera finalement seul à occuper au sein d’un quartier de l’Éraudière, truffé de chantiers de construction d’immeubles et de maisons et où l’essentiel de la voirie reste à faire.

Une centaine de rameurs en moins

L’installation dans un nouveau quartier encore périphérique ouvre une période difficile pour un club qui est né et a grandi en plein centre-ville. Marcel Vandernotte, qui regrettera toujours l’île de Versailles (et ce qu’il estime être pour Léo la possibilité d’une réelle émulation avec le CAN) fulmine dans la presse contre le manque de transports en commun, l’absence de signalisation depuis la route de Saint-Joseph, les déviations multiples et le chemin de Belle-Île, transformé en bourbier quand il pleut. Suite à son déménagement, en une année, le Club Léo-Lagrange Nantes Aviron perd une centaine de rameurs et ne dispose plus du vivier de compétiteurs lui permettant, comme auparavant, de briller dans les compétitions en bateaux longs.

Quelques talents marquants

Le club garde cependant dans son ADN le goût de la compétition et fait émerger quelques talents marquants. C’est le cas de Vincent Lepvraud qui collectionne les titres et podiums : champion de France junior en skiff en 1987 et 1988, troisième place aux championnats de France senior en 1990 et 1993, deuxième en 1994, 1995 et 1998. Il participe également aux Jeux olympiques d’Atlanta de 1996 sur le quatre de couple français.

Un peu plus tard, dans les années 2000-2004, c’est surtout Virginie Chauvel qui fait briller les couleurs de Léo-Lagrange Nantes Aviron. Plusieurs fois vice-championnes de France en double (dont, en 2001, avec une autre rameuse et future présidente du club, Melinda Le Poëc), elle est championne de France en double de pointe en 2002, 2003 et 2004. Sur le même bateau, elle décroche, en 2003, le titre de championne du Monde des moins de 23 ans et participe aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004.

Le club Léo-Lagrange Nantes Aviron aujourd’hui

Dans le paysage de l’aviron nantais, le club Léo-Lagrange Nantes Aviron se distingue peut-être d'abord par son implantation, dans le quartier de l’Éraudière, à l’est de Nantes. Cette situation excentrée a des répercussions sur son recrutement : si les adhérents du club habitent très majoritairement à Nantes et dans la métropole, ils sont particulièrement nombreux à résider dans les quartiers est de la ville. Le club affirme aussi son implantation dans le quartier par ses relations privilégiées avec les établissements scolaires du secteur (collège Rutigliano, Lycée maritime, collège La Colinière où a été créée avec le club en 2023 une section sportive scolaire aviron).

Association autonome depuis 2015, toujours soutenue financièrement par la Ville de Nantes, le club a, au fil des ans, affirmé son attachement aux valeurs du « sport pour tous » prônées par Léo Lagrange. Il tient à ce que toutes les pratiques puissent continuer à s’y épanouir : compétition (des catégories jeunes aux « masters »), loisir, randonnée, scolaires, aviron santé, aviron entreprises, aviron indoor (Avifit, pratiqué sur un ergomètre d’aviron). C’est une volonté affirmée dans les statuts du club et dans son projet.

Locaux actuels du club Léo-Lagrange Nantes Aviron, chemin de Belle-Île

Locaux actuels du club Léo-Lagrange Nantes Aviron, chemin de Belle-Île

Date du document : septembre 2023

Les plus jeunes des adhérents ont à peine terminé l’école primaire, les plus âgés ont dépassé les 70 ans. Les femmes représentent environ 40% des quelques 270 adhérents du club et c’est la tranche d’âge des 40-59 ans qui est la plus fournie avec 40% des effectifs. 24% des rameurs ont moins de 25 ans ; le solde est constitué à peu près à égalité de plus de 60 ans et de 26-39 ans.

De son fondateur, Marcel Vandernotte, le club Léo-Lagrange Nantes Aviron a gardé le goût de la compétition. Malgré un effectif limité, il réussit régulièrement à faire émerger des talents pour faire briller ses couleurs sur les pontons nationaux. Mais l’esprit de Léo, ce n’est pas « Tout pour la gagne ». Ainsi, le club développe une importante activité d’aviron « loisir » qui touche un public adulte intéressé par une pratique tournée vers la détente et l’entretien physique ainsi que par la randonnée. Les rameurs « loisir » constituent aujourd’hui environ 70% des adhérents et le club jouit d’une excellente réputation auprès des clubs d’aviron français grâce à sa randonnée « Entre 2 Rivières » : cinq jours d’aviron (et de vélo) entre La Roche-Bernard et Nantes, sur la Vilaine, le canal de Nantes à Brest et l’Erdre.

Le Club Léo-Lagrange Nantes Aviron garde l’ambition d’être un club ouvert à tous, dans une dynamique de vie associative démocratique favorisant le lien social, le bien-être, l’épanouissement et la progression sportive, dans le respect des motivations de chacun.

Club Léo-Lagrange Nantes Aviron
2023

Lexique de l’aviron :

• Embarcation de couple : les rameurs ont un aviron dans chaque main.
• Embarcation en pointe : les rameurs tiennent à deux mains un seul grand aviron.
En deux, en quatre, en huit : il existe différents types de bateaux d’aviron de longueur et de poids différents. Ces caractéristiques sont déterminées par le nombre de rameurs (un, deux, quatre ou huit). Le skiff est un bateau d’aviron pour une personne, assez court et large.
Barreur : membre d’équipage chargé de diriger le bateau, de coordonner le rythme et la force des rameurs, et de faire le lien avec l’entraîneur.

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