Maison des Lavandières
Probablement construite ou remaniée dans la deuxième moitié du 19e siècle, l’imposante maison des Lavandières a pendant plus d’un siècle abrité des activités de blanchisserie.
Le démantèlement de la tenue de la Trémissinière
La maison des lavandières est située au bord de l’Erdre et rue de la Trémissinière, dans le quartier du même nom. L'origine de ce nom provient de la tenue de la Trémissinière et de ses terres, un ensemble qui faisait environ 25 hectares en 1844. Cette ferme, qui a aujourd’hui disparu, était initialement située au niveau de l’impasse Madame, donnant sur la rue des Roches Grises.
Le paysage était vallonné et constitué de versants enherbés exposés plein sud. En 1860, la propriétaire, la baronne de Charrette, commence à vendre des parcelles. Des carrières sont ouvertes et des voies privées ou vicinales sont établies. La rue de la Trémissinière devient alors une rue de statut privé, propriété commune et indivis de ses propriétaires.
Le 10 novembre 1888, elle est cédée à la Ville de Nantes malgré les protestations de plusieurs propriétaires de la tenue de la Trémissinière. Au début de 1884, une pétition adressée par plusieurs d'entre eux à la Ville de Nantes contre le classement du chemin de la Trémissinière et la privation de l'accès à l'Erdre donne des indications sur les mutations du paysage environnant cette demeure rurale. Il est indiqué que le chemin de la Trémissinière est situé « entre le chemin vicinal n°36, près de la Grande Vigne, et le boulevard de ceinture, à 100 mètres à l'est du pont de la Tortière ».
Photographie aérienne du pont de la Tortière et la Trémissinière, détail
Date du document : vers 1958
L’activité des lavandières de l’Erdre
Lors de la vente des parcelles de terre par la baronne, la maison des lavandières est déjà construite et participe au développement d'une des activités qui fera la réputation du quartier, la blanchisserie.
Cette dernière se développe à partir du début du 19e siècle car il était dit que l'eau de la rivière de l'Erdre « passe pour être plus propre qu'une autre à laver le linge, et attribue cette propriété à un principe mucilagineux provenant des plantes en décomposition » (Edouard Richer). Le quartier de la Trémissinière a compté quatre blanchisseries, avec ses prés de blanchiment et ses ateliers de plierie. La blanchisserie de la rue de la Trémissinière jouissait d’espaces enherbés sur le coteau, à l'arrière du bâtiment, où était étendu le linge propre. C'est la raison pour laquelle les habitants du quartier l'ont surnommée « la maison des lavandières ».
La Trémissinière
Date du document : vers 1885
Elle est aujourd’hui encore la propriété des Retailleau, une dynastie de blanchisseurs, qui par le jeu des alliances est devenue en 1957 les Retailleau-Dupas. Ils arrêtent leurs activités seulement en 1991. Les deux autres familles de blanchisseries étaient les Caillé et les Martin.
Une maison toujours visible aujourd’hui
La maison est aujourd’hui visible depuis le pont de la Tortière. Par son architecture extérieure, elle semble avoir été remaniée lors de la seconde moitié du 19e siècle. Les murs sont couverts d'un enduit au ton clair qui s'harmonise avec le harpage des pierres d’encadrement des baies en tuffeau. Les neuf fenêtres et les trois portes ouvrant sur la façade, côté Erdre, sont disposées de manière symétrique.
Maison des lavandières et son parc
Date du document : 24-09-2019
La présence de harpages sur les deux façades distingue les deux travées du corps central, pouvant faire apparaître trois unités de logement. Sur la façade arrière, deux oculi présents au 1er étage ajourent probablement les cages d'escalier. Deux annexes de plain-pied attenantes prolongent le bâtiment principal, de chaque côté.
Vue de la Trémissinière depuis le pont de la Tortière
Date du document : 10-08-2020
Une ancienne carrière creusée dans la roche, au fond du jardin, a servi d'abri pendant la Seconde Guerre mondiale. Selon les souvenirs de certains anciens, le souterrain faisant une dizaine de mètres et pouvait contenir plusieurs centaines de personnes.
Amélie Decaux, Chloé Rouillon
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2021
En bref...
Localisation : Trémissinière (rue de la) 87, NANTES
Typologie : architecture agricole
En savoir plus
Bibliographie
Cabanas Eric, La maison des lavandières, revue 303, n°130 « Affluents de la Loire », 2014, p.211
Collectif d'auteurs, Dictionnaire de Nantes, Presses Universitaires de Rennes, hors collection, 2013
Morineau Yves, Mémoires d’un quartier nantais : la Trémissinière, l’Eraudière, le Port Boyer, le Croissant, le Plessis Tisson, la Marrière, éd. SEHL, 1996
Richer Edouard, Voyage pittoresque dans le département de la Loire-Inférieure, Imprimerie Mellinet, Nantes, 1840
Pages liées
Tags
Contributeurs
Rédaction d'article :
Amélie Decaux, Chloé Rouillon
Vous aimerez aussi
Nantes la bien chantée : Ah ! Les civelles !
Société et cultureBien des chansons traditionnelles citant la ville de Nantes vantent la beauté de ses habitantes mais rares sont celles qui prennent le temps de promouvoir les plaisirs de la table qui...
Contributeur(s) :Hugo Aribart
Date de publication : 25/04/2022
1618
Cités ouvrières des Batignolles
Architecture et urbanismeEn 1920, la Société de Constructions des Batignolles (SCB) vient d’ouvrir ses ateliers nantais. Elle va loger une partie de ses salariés dans 450 maisonnettes en bois préfabriquées...
Contributeur(s) :Louis Le Bail
Date de publication : 18/11/2020
3596
Jules Bonhomme, est né à Nantes en 1810. En 1836 il exerce la profession de « négociant assureur » lorsqu’il épouse Marie Adèle Rose Colin, fille du conserveur nantais réputé...
Contributeur(s) :Laurent Venaille
Date de publication : 06/06/2024
149