Félix Fournier (1803 – 1877)
Issu d’une famille de colons de Saint-Domingue ruinée par la Révolution, Félix Fournier (Nantes 1803 -Rome 1877) étudie au Petit puis au Grand séminaire où il enseigne la philosophie avant même son ordination, en 1827.
Attaché à l’autorité romaine et donc à cet égard minoritaire dans un clergé nantais bien plus gallican qu’ultramontain, il se lie d’amitié avec dom Guéranger, le restaurateur de l’abbaye de Solesmes. L’évêque Joseph de Guérines nomme à Saint-Nicolas, sa paroisse de naissance, ce prêtre d’un rare dynamisme, qui se fait remarquer par ses talents de conférencier. Promu curé en 1836, il crée l’année suivante la première conférence Saint-Vincent de Paul du diocèse.
Portrait de Félix Fournier, évêque de Nantes, après restauration
Date du document : 05-11-2019
L'édification de Saint-Nicolas (1844-1876)
La grande affaire de son ministère est la réalisation de la nouvelle église Saint-Nicolas, conçue en style néogothique par Jean-Baptiste Lassus, élève de Labrouste. La construction de l’édifice, qui s’échelonne de 1844, quand est posée la première pierre, à 1876, année de la consécration, coûte près de deux millions de francs (un montant correspondant à un ordre de grandeur d’entre 6 et 7 millions d’euros).
Place Royale
Date du document : 1993
Fournier se livre également à des travaux intellectuels d’ordre littéraire ou historique. Il participe aux travaux des sociétés savantes de la ville, préside la Société archéologique et historique en 1854 (il en est président d’honneur en 1870) et la Société académique en 1857-1858.
Il s’engage également en politique, de manière significative mais brève. Lors de la révolution de février 1848, il bénit un arbre de la liberté place Royale. Élu député à l’assemblée Constituante en avril, il y représente un conservatisme modéré, mais cesse toute activité politique après la répression du mouvement populaire lors des journées de Juin, et se rallie ensuite au parti de l’Ordre puis à l’Empire.
Un évêque controversé mais dynamique (1870-1877)
En mai 1870, il succède sur le siège épiscopal de Nantes à Alexandre Jaquemet. Due à des appuis ultramontains, dont celui de dom Guéranger, cette nomination suscite d’assez vives oppositions dans le clergé, mais le nouvel évêque se montre particulièrement actif. Dès septembre 1870, il publie une lettre pastorale qui promulgue la consécration solennelle du diocèse au Sacré-Cœur, une décision au retentissement national. Dans le même esprit, en janvier 1871, il formule le vœu de construire une basilique si le diocèse échappe à l’occupation prussienne.
Il crée des écoles primaires et agit, en vain, pour obtenir une université catholique à Nantes. Il favorise l’installation de nouvelles congrégations religieuses, tels les Franciscains à Saint-Nazaire (1870), les Capucins à Nantes (1874), les sœurs franciscaines à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu (1870) et les sœurs de la Sainte-Famille à Teillé (1873). Il contribue aussi au développement des cercles catholiques d’ouvriers, une démarche sociale non dénuée de paternalisme et aux effets très faibles dans la grande industrie.
Tombeau de Monseigneur Fournier, église Saint-Nicolas
Date du document : 1885-1905
Son décès, survenu lors d’un pèlerinage à Rome, souligne symboliquement l’engagement ultramontain d’un prêtre qui a joué un rôle essentiel dans l’histoire de l’Église nantaise au 19e siècle.
Marcel Launay
Extrait du Dictionnaire de Nantes
2018
(droits d'auteur réservés)
En savoir plus
Bibliographie
Aussel Michel, « L'abbé Fournier, homme d'influence », dans Nantes sous la monarchie de juillet : 1830-1848 du mouvement mutualiste aux doctrines utopiques, Ouest éd. Nantes, 2002, p. 157-169
Ganuchaud Georges, « La basilique Saint-Nicolas : le rêve du père Félix Fournier », Les annales de Nantes et du pays nantais, n°246, 1992, p. 12-14
Marionneau Charles, « Eloge funèbre de Mgr Fournier », Bulletin de la Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique, n°16, 1877, p. 201-209
Pothier (abbé), Monseigneur Fournier, évêque de Nantes, sa vie, ses oeuvres, Libaros, Nantes, 1900
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Rédaction d'article :
Marcel Launay
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