Logements et équipements cheminots de Doulon
Avec le développement des infrastructures ferroviaires, le quartier de Doulon voit l’arrivée de nombreux cheminots. Après l’installation dans des logements précaires, de véritables cités cheminotes sont construites, accompagnées d’équipements sportifs, sociaux et culturels.
Entre 1861 et 1875, la population doulonnaise double. En 1890, elle a triplé. Cet essor démographique est dû à l’arrivée d’ouvriers liés au chemin de fer ou à la manufacture des tabacs ouverte en 1862.
Les premiers Doulonnais revendiquant un lien avec le chemin de fer apparaissent dans les recensements en 1851. À l’époque, les employés des compagnies de chemin de fer forment une population considérée comme « instable » à cause de leurs déménagements fréquents au gré de l’avancée des rails. Les premiers cheminots s’installent dans le quartier de Toutes-Aides où ils bénéficient du tramway à partir de 1879 et de la halte de chemin de fer (puis gare) à partir de 1885.
Logés dans les baraquements de l’hôpital américain
Les modifications réalisées au Grand Blottereau font passer ce poste au premier plan des installations ferroviaires, entraînant un apport d’ouvriers pour lesquels aucun logement n’existe sur place. La Ville de Nantes décide donc de réutiliser les baraquements de l’hôpital américain installé en 1917 dans le parc du Grand Blottereau pour loger les personnes déplacées par la guerre et les ouvriers du chemin de fer.
À partir de 1925, une véritable cité voit le jour avec ses allées, son poste de police et même son école. Comme souvent, cette cité qui devait être provisoire perdure jusqu’à la fin des années 1920 puis les habitants sont relogés en dehors du quartier.
La construction des cités cheminotes
Quelques années plus tard, en juin 1943, les bombardements alliés jettent à la rue des milliers de Nantais. En parallèle, des centaines de nouvelles familles cheminotes arrivent sur Doulon pour travailler au centre de triage. La SNCF achète les terrains de Beausoleil, proches du parc du Blottereau, ayant appartenu aux HBM et pose un ambitieux plan immobilier comprenant deux grandes cités et des équipements sociaux.
Dès 1944, la construction de la cité des Enklays-ciment est lancée le long de l’actuelle rue de la Rivière. Puis, en 1948, la construction des maisons individuelles de la cité Marin-Poirier débute. Les premiers habitants s’y installent en 1951. Au cours des années 1950, la société développe aussi une série de logements « prioritaires » rue des Forges, le long de la ligne Nantes-Châteaubriant, et rue de la Pâture, à quelques mètres du centre de triage.
En parallèle pour absorber l’afflux des familles, des cités en bois sont élevées. La première est la cité Marin-Poirier provisoire qui sort de terre dès 1945. Elle est entièrement dédiée à la population cheminote et sera démantelée en 1968.
Vers 1950, l’État réimplante à la demande de la Ville la cité du Grand-Blottereau. Cette fois, des maisons individuelles avec jardin construites en fibro-ciment remplacent les baraquements militaires longitudinaux en bois. La voirie et les réseaux d’eau sont réutilisés et de nouveaux équipements sont mis en place (électricité, assainissement et station d’épuration). Cette cité n’est pas entièrement réservée aux cheminots mais quelques familles du rail y habitent jusqu’à son démantèlement en 1973. Elles sont peu à peu transférées dans les nouvelles tours de la cité Marin-Poirier mises en chantier en 1960.
Une fois les ouvriers logés, la SNCF lance, en 1976, la construction d’un lotissement pour ses cadres rue de la Pâture. Le projet prévoit tout d’abord des maisons isolées sur leur parcelle de jardin puis évolue pour aboutir à une série de neuf maisons jumelles reliées par leur garage. De niveau T5 ou T6, elles ont un rez-de-chaussée pour les pièces de jour (entrée, vestiaire, cuisine et salon double) et un étage dédié aux pièces de nuit (salle de bain et chambres). Elles ont une superficie de 100 m2.
En 1984, l’ancienne cité des Enklays-Ciment est détruite pour faire place à une cité renouvelée en 1988.
Les équipements sociaux, sportifs et culturels
Dès la fin de la guerre, le plan immobilier projeté par la SNCF sur son domaine de Doulon comporte nombre d’équipements sportifs et culturels. Un terrain de sports est prévu dès l’origine sur les terrains aujourd’hui occupés par le Racing Athlétique Club Cheminot (RACC). Le projet comprend dès 1947 des terrains de football, de basketball et de handball ainsi qu’un boulodrome. Il prévoit également la construction à la Noë-Garreau d’un centre social avec des bureaux d’assistance sociale, d’un « centre du jeudi » pour accueillir les enfants lors du jour de coupure scolaire hebdomadaire, d’une école de « débrouillage » auxquels serait adjoint un terrain scolaire d’éducation physique.
Cet ensemble est mis en place en 1950, le terrain de football du RACC en 1962.
En 1971, un complexe sportif complémentaire est aménagé sur l’emplacement de l’ancienne cité de bois, face aux Enklays. Une piscine de plein air est creusée en 1971, puis des cours de tennis sont créés en 1976. Ce nouvel équipement offre à toutes les familles la possibilité de pratiquer un loisir sportif. Il est abandonné au début des années 2000 et rapidement envahi par la végétation.
En revanche, le centre de loisirs et le RACC ont prospéré témoignant jusqu’à nos jours des sociabilités cheminotes et de l’effort d’aménagement consenti par la SNCF sur le domaine ferroviaire de Doulon.
Julie Aycard
Dans le cadre de l’inventaire du patrimoine du quartier de Doulon
2021
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Dossier : Inventaire du patrimoine de Doulon
Dossier : PPP Doulon / Toutes-Aides
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Rédaction d'article :
Julie Aycard
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