Solidarité pendant la Première Guerre mondiale
Le 1er août 1914, le gouvernement français annonce la mobilisation générale. La guerre, que les soldats voyaient terminée avant l’automne, ne prend fin qu’en 1918. Elle entraîne dans son sillage son lot d’horreurs, mais elle fait naître aussi des initiatives solidaires en faveur des civils français et belges sinistrés.
La solidarité autour des réfugiés
Les 250 premiers réfugiés fuyant les combats et l’occupation par l’armée allemande de la Belgique et des territoires du Nord de la France arrivèrent à la gare de Nantes dans la soirée du 26 août 1914. Ils furent bientôt suivis d’autres convois arrivant presque chaque jour durant le mois de septembre jusqu’à la mi-octobre. Le maire de Nantes, Paul Bellamy, estima que durant cette période 2500 réfugiés furent accueillis.
Réfugiés de la Guerre Européenne
Date du document : 1914
La municipalité organisa un accueil d’urgence pour nourrir, vêtir, soigner et loger ces populations démunies grâce à ses services des Restaurants municipaux, du Bureau de l’hygiène, de l’Économat et aux dortoirs ouverts pour les femmes et les enfants et aux cantonnements pour les hommes dans des établissements, dont des écoles, appartenant à la Ville.
En même temps, elle mit en place un bureau spécial pour accueillir les propositions généreuses des Nantais de logements, d’offres de travail, de dons en nature, vêtements et objets mobiliers. Dès les premiers jours, ce bureau immatricula toutes les familles arrivant à Nantes avec un état civil.
La création du comité de secours aux réfugiés
La municipalité ouvrit également une souscription pour parer aux dépenses immédiates et institua une commission pour gérer et distribuer les sommes recueillies. Cette commission municipale, rapidement trop nombreuse, proposa de nommer une sous-commission qui se dénomma Comité de secours aux réfugiés, composée de trois membres : MM. Giraud-Mangin, bibliothécaire de la ville, qui fut remplacé, quand il s’engagea fin 1914, par Gabory, archiviste départemental ; Sigrist, agent maritime et Douillard, représentant de commerce. Chacun des membres eut la charge d’un service, le bureau des réfugiés et les allocations, la caisse, le logement et les secours, l’achat et la distribution de vêtement. Mais le comité fut aussi amené à s’occuper du placement des travailleurs, de la recherche des disparus et de la réception des lettres destinées aux réfugiés.
Dessin de réfugies dans une école nantaise
Date du document : 1914-1917
Présidé par le secrétaire général du Département et le maire de Nantes, le comité fut installé à l’Hôtel de ville où l’administration municipale lui mit à disposition un bureau et du personnel d’exécution.
Venir en aide à une ville sinistrée
La ville lorraine de Saint-Mihiel a été occupée par les Allemands pendant la Première Guerre mondiale et a été très touchée par les bombardements. Ville martyre, elle est libérée par les troupes américaines lors de la bataille de Saint-Mihiel les 12 et 13 septembre 1918. Nantes, en choisissant Saint-Mihiel comme filleule, l'aide à se reconstruire en envoyant des convois de denrées et de matériel, ainsi que des fonds financiers.
L'idée de ce parrainage est lancée en avril 1917 par Le Petit Journal. Le maire de Lyon, Édouard Herriot, et le maire de Nantes, Paul Bellamy, se prononcent d'emblée en faveur de ce projet. La proposition est reprise par L’Écho des Gourbis, journal publié dans les tranchées, qui souligne l'importance de souder le pays face à l'ennemi allemand. À Nantes, une campagne de souscription est lancée et le maire fait appel aux Nantais pour récolter des fonds et du matériel à envoyer à la ville de Saint-Mihiel. L'opération de solidarité est un succès, car de nombreux Nantais versent une somme, même modeste, pour venir en aide aux Sammiellois. Au total, 73 000 francs sont récoltés. De nombreux industriels nantais envoient des stocks de denrées diverses : Amieux-frères envoie des conserves de poisson par exemple.
Affiche Nantes adopte Saint-Mihiel
Date du document : 1918
En hommage, le pont de Barbin est dénommé pont de Saint-Mihiel dès le le 30 décembre 1918. Depuis, les liens entre Nantes et Saint-Mihiel ont été entretenus. Saint-Mihiel a invité le maire nantais à l'inauguration du monument aux morts, le 11 novembre 1925. Plus tard, le 8 septembre 1958, Henri Orrion s'est rendu à Saint-Mihiel lors de la commémoration du 40e anniversaire de la libération du village. Il a déposé une gerbe de fleurs au monument aux morts de la ville.
Archives de Nantes
2022
Album « Solidarité pendant la première Guerre mondiale »
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Bibliographie
Bellamy Paul, Guerre 1914-1919 La Municipalité et son œuvre : rapport présenté au conseil municipal par le maire de la ville de Nantes, Nantes, 1920, rapport en ligne disponible ici
Gabory Émile, Les réfugiés chez nous, Nantes, 1921
Ressources Archives de Nantes
Le fonds du Comité de secours aux réfugiés
Rapports annuels des écoles publiques nantaises rédigés entre 1914 et 1919
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Archives de Nantes
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