Jean Chabot (1914 – 2015)
Jean Chabot est un peintre attachant, authentique et talentueux qui a animé pendant des décennies, avec d’autres peintres de sa génération, la vie artistique nantaise.
Les débuts d’une carrière prometteuse
Jean Chabot est né le 4 février 1914 à Cerizay dans les Deux-Sèvres, d’une famille vendéenne originaire de Talmont-Saint-Hilaire depuis de nombreuses générations.
Très vite l’adolescent montre des prédispositions pour la peinture. Il entre en octobre 1932 à l’école des Beaux-Arts de Nantes, rue Fénelon, dirigée Par Paul Deltombe.

Portrait de Jean Chabot
Date du document : 1934
En 1934, Jean Chabot reçoit le prix de Nantes décerné par le journal Le Phare pour le portrait à l’huile de son frère Louis. Il expose, pour la première fois, en 1935 avec ses amis du Groupe Régional Indépendant chez Paul Goulet, rue Racine.
En 1935, la galerie Mignon-Massart l’accueille pour la première fois dans une exposition qu’il partagera avec son ami Jacques Philippe.
Démobilisé après la débâcle, il regagne la maison de ses parents, rue des Chalâtres. En avril 1945, il se marie à Nantes avec Marie Gervier et reprend ses activités artistiques en travaillant, principalement, à Saint-Jean-de-Monts où ses parents ont une villa et dans le marais Challandais.
En janvier 1947, Jean Chabot retrouve pour la seconde fois les cimaises de la galerie Mignon Massart tenue désormais par Albert Mignon-Massart. La même année, la Société des Amis du Musée des Beaux-Arts de Nantes fait l’acquisition d’une toile représentant le port de Nantes.

Jean Chabot avec son épouse Marie Gervier
Date du document : 1946
Un inspirant séjour en Algérie
C’est en juillet 1947 que Jean Chabot se porte candidat pour le prix du Gouvernement Général de l’Algérie. En octobre de la même année, il est classé au premier rang pour l’attribution d’une des deux bourses de séjour à la villa Abd-el-Tif à Alger.
Jean Chabot vécut ainsi à Alger en 1948 et 1949 en compagnie de son épouse et de ses confrères Boitel, Beaucé et Ragueneau et d’un cinquième pensionnaire invité, le sculpteur Damboise.
Jean Chabot ne se contentera pas d’observer et de peindre à Alger et ses environs. Il prendra aussi la direction du sud algérien, à la découverte de Ghardhaïa, Touggourt, Biskra, Ouargla pour d’autres paysages et d’autres cultures.
En 1949, il participe à l’exposition regroupant les œuvres des pensionnaires, salle Pierre Bordes. En 1951 le Musée d’Alger fera l’acquisition d’une de ses toiles : « Scène Algérienne ».

Jean Chabot avec son épouse à la villa Abd-el-Tif à Alger
Date du document : 1948
Une affection particulière pour les paysages
De retour en France, Jean Chabot est toujours inspiré par les mêmes thèmes de prédilection : il plante son chevalet le long des rives des fleuves nantais, près des ponts de Nantes. Il produit une multitude d’œuvres des ports bretons, vendéens ou nantais et s’essaie également à quelques impressions nocturnes de sites nantais, tandis qu’apparaissent les natures mortes.
Il se voit ouvrir en 1952 les portes de la grande galerie parisienne Marcel Bernheim où il présente sa première exposition personnelle bien accueillie par la critique. Il renouvelle l’expérience en 1954 avec son ami Paul Nassivet, seul en 1956 et, à nouveau avec Nassivet, en 1959. Dès lors, l’État et la Ville de Paris acquièrent plusieurs de ses œuvres.
1960 est une année importante. Il se présente au prix de Pont-Aven créé l’année précédente, il participe à l’exposition. Le jury le désigne comme lauréat et lui permet ainsi de séjourner un mois dans la cité et de parcourir la côte. En 1962 la galerie des Beaux-Arts et l’hôtel de ville de Pont-Aven lui consacrent une exposition particulière.
Son épouse Marie décède en 1963 d’un cancer diagnostiqué lors du séjour en Algérie.
L’artiste se remarie en 1965 avec Marthe Priou, modiste à Nantes qui pratique, avec bonheur, la peinture « naïve ».
En 1968 il est nommé professeur à l’école des Beaux-Arts de Nantes où il assurera jusqu’en 1979 des cours de dessin et de peinture.

Jean Chabot dans son atelier, rue des Châlatres
Date du document : 1964
Un peintre reconnu en quête de nouvelles inspirations
Jean Chabot renoue également avec la Vendée et participe régulièrement, à partir de 1974 aux expositions des « 12 amis de la côte de lumière », salon annuel organisé au Palais des Congrès de Saint-Jean-de-Monts.
En 1976 il découvre le Pays Basque. C’est pour lui l’occasion d’adapter sa palette, avec succès, à cette lumière différente de celles qui l’avaient inspiré jusqu’alors.
1980 est l’occasion d’une autre découverte : Le Marais Poitevin avec sa végétation luxuriante de marais mouillé et son atmosphère si particulière.
En 1982, la ville de Saint-Jean-de-Monts lui rend hommage par une exposition qui lui est consacrée au Palais des Congrès durant tout l’été.
Il devient sociétaire de la Société Nationale des Beaux-Arts en 1983. La même année la galerie Mignon-Massart organise une exposition mélangeant des œuvres récentes et des œuvres des années 1950.
En 1984, un jury formé d’écrivains, de critiques, de libraires et d’artistes de la région nantaise attribue à Jean Chabot le prix du « Bois des Dons » qui avait récompensé avant lui le peintre Edmond Bertreux en 1980 et le sculpteur Jean Fréour en 1982.
En 1986, paraît le livre de Michel Maison, objet du prix du « Bois des Dons ». C’est aussi l’année de la fermeture de la galerie Mignon-Massart à Nantes et la dernière exposition de Jean Chabot qui met un terme à un demi-siècle de fidèle collaboration.
En 1987, il découvre Belle-Île et cette lumière si particulière des îles du Morbihan. Comme beaucoup d’autres peintres avant lui, il sera pris sous le charme du petit-port de Sauzon.
En 1991, la Vendée lui rend un nouvel hommage avec la magnifique l’exposition rétrospective qui lui est consacrée à la galerie d’histoire de la Vendée au château du Puy du Fou, sous le patronage de Philippe de Villiers, président du conseil général de la Vendée.
En 1994, l’exposition chez Moyon-Avenard (son nouveau galeriste depuis 1988) est l’occasion de fêter les soixante ans de peinture de Jean Chabot.
De nouveaux séjours à la Trinité chez son ami Hervé Le Calvez lui permettront de peindre, sur ce site qu’il affectionne particulièrement, de nouvelles variations sur le thème de la mer et des bateaux. Mais c’est désormais à la Guittière dans le marais vendéen, où il possède sa résidence d’été qu’il trouvera l’essentiel de son inspiration. Pas besoin d’aller bien loin, en effet :
• sa maison et son jardin lui permettent de réaliser des scènes intimistes intégrant souvent les proches, les amis ou les voisins, et des natures mortes en extérieur comme en intérieur,
• Le marais, en bas de son jardin, lui offre la possibilité de décliner, presque à l’infini, sur son thème de prédilection, l’eau, la terre et le ciel.
C’est aussi à cette période qu’il « se remettra » à la gouache qu’il va travailler, comme l’huile à la brosse et à larges touches. Cette technique qu’il avait pratiquement abandonnée depuis les années 1950 deviendra son principal moyen d’expression et l’occasion de peindre des compositions florales éclatantes de couleur et de lumière, des paysages de marais, des marines et même de retravailler d’anciennes aquarelles.

Jean Chabot avec son épouse Marthe, et les auteurs Alain-Pierre Daguin et Alain Moyon-Avenard
Date du document : 1998
En 1996, la boucle est (presque) bouclée, il participe à la galerie des Arts de Nîmes à une exposition consacrée aux « anciens » de la villa Abd-el-Tif.
En 1998 paraît, chez Coiffard, un nouveau livre consacré à Jean Chabot sous la plume de Alain-Pierre Daguin écrivain nantais et journaliste à Presse Océan. Très bel ouvrage, ce livre bien illustré, bien documenté et truffé d’anecdotes recueillies par l’auteur auprès du peintre, vient comme une consécration de son travail d’artiste.
En 2000, c’est la dernière exposition chez Moyon-Avenard qui a décidé d’arrêter son activité. C’est désormais à la galerie Nadine Moineau que Jean Chabot confiera ses dernières expositions nantaises.
La retraite après une carrière prolifique
En 2005, l’heure de la retraite a sonné, il décide de ranger ses pinceaux. Ainsi se termine la carrière d’un peintre authentique et talentueux, porté par le bonheur de peindre, sûr de la route à prendre et insensible aux sirènes de la mode. En regardant derrière lui, il peut-être légitimement fier du chemin parcouru, fier de la reconnaissance des critiques et des collectionneurs, fier de l’accueil du public à chacune de ses expositions, fier des distinctions obtenues, fier, aussi, de son exceptionnelle longévité : plus de 70 ans passés devant un chevalet, sans doute pas loin d’un record dans l’histoire de la peinture…
En 2007 Jean Chabot cède, gracieusement, son fond d’atelier d’environ deux cents tableaux à la galerie Nadine Moineau qui présentera, au public nantais, trois expositions en 2008, 2009 et 2010. A la fin de l’année 2007, son épouse décède brusquement à 90 ans ce qui le plonge dans une profonde détresse.
En 2008 il entre à la résidence de La Chézalière près du parc de Procès à Nantes.
La tristesse, l’absence de projet, le grand âge, conduiront inexorablement à un déclin progressif.
Parenthèse heureuse en 2014, ses neveux, ses amis et la direction de La Chézalière, lui offrent une fête pour son centenaire. Une exposition privée réunissant une trentaine de tableaux est ainsi organisée à l’intérieur de l’établissement. Le vernissage qui réunit une centaine de proches et d’amis est l’occasion pour Jean-Louis Jossic, adjoint au maire de Nantes, chargé de la Culture, de lui remettre la médaille d’honneur de la ville. C’est aussi l’occasion pour Jean Chabot de retrouver, à chaque fois avec une surprise heureuse, des amis ou des connaissances qu’il avait un peu perdus de vue.

Portrait de Jean Chabot
Date du document : 05-02-2014
Sa santé décline fortement, nécessitant plusieurs séjours en clinique et des opérations invalidantes. Il décède en 2015, peu après son cent unième anniversaire.
2021
Album « Nantes vue par Jean Chabot »
Album « De nombreuses sources d'inspiration »
En savoir plus
Bibliographie
Martini Jean, Vital Christophe, Catalogue raisonné de Jean Chabot, éd. Coiffard, parution en septembre 2021
Belbéoch Henri, Sauzon : Le regard des peintres, Presses bretonnes de Saint-Brieuc, 1990
Cazenave Elisabeth, La villa Abd-el-Tiff, un demi siècle de vie artistique en Algérie (1907-1962), éd. Abd-El-Tif, 2002
Daguin Alain Pierre, J. Chabot, peintre nantais, éd. Coiffard, 1998
Hervouët Philippe, Nantes, de mémoire de peintres, éd. Société Nantaise d’Edition et de Réalisations, 2011
Kervarec Michel, Histoire de l'École régionale des beaux-arts de Nantes 1757-1968, éd. Coiffard, 2004
Maison, Michel, Jean Chabot, éd. Pierre Gauthier Éditeur, 1986
Vital Christophe, Le groupe de Saint-Jean-de-Monts – Deux générations d'artistes dans le marais vendéen 1892-1950, éd. Somogy, 2005
Webographie
Site internet du collectif Les Amis de Jean Chabot
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Rédaction d'article :
Jean Martini
Témoignage :
Yves Cosson, Henri Bouyer, Julien Lanoë
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