Bandeau
Salle à tracer des Anciens Chantiers Dubigeon Institution Livet

3094

Hôtel Deurbroucq


La « maison » Deurbroucq a été bâtie sur le quai de l’île Gloriette, au cœur du port maritime de Nantes dans la seconde moitié du 18e siècle. Sa façade répond aux autres « maisons » de négociants construites autour de la pointe orientale de l’île Feydeau. De part et d’autre de l’île artificielle, les maisons de la Bourse et celle de Gloriette se répondent et créent une nouvelle place, porte d’entrée dans la ville, dans laquelle le fleuve est l’élément principal.

Une construction en harmonie avec les immeubles des autres rives

Peu avant 1769, Dominique Deurbroucq achète des terrains appartenant aux héritiers Laurencin sur l’île Gloriette. Ces terrains sont bâtis de plusieurs maisons et magasins qui s’échelonnent le long du quai. Le courtier et armateur souhaite les détruire pour bâtir une maison unique ; il demande pour cela à la Ville de lui préciser l’alignement auquel il devra se conformer.

Bourse de Nantes

Bourse de Nantes

Date du document : 18e siècle

Jean-Baptiste Ceineray, architecte-voyer de la commune, dresse cet alignement en fonction des bâtiments qui encadrent la parcelle. Les travaux commencent dans la foulée et le bâtiment semble achevé en 1773. A cette date, le nouvel habitant de l’île demande à la Ville de mettre en œuvre, devant sa demeure, une cale pour parachever le quai que la commune construit au fur et à mesure des installations depuis plusieurs décennies.

Plan d'élévation du quai de la cale à construire vis-à-vis de la maison Deurbroucq sur l'île Gloriette

Plan d'élévation du quai de la cale à construire vis-à-vis de la maison Deurbroucq sur l'île Gloriette

Date du document : vers 1772

Une succession de propriétaires pendant près de 130 ans

A la succession de la veuve de Dominique Deurbroucq en 1784, l'hôtel est scindé en deux lots : le grand et petit hôtel. Le grand hôtel reste la propriété des quatre filles de Dominique Deurbroucq. En 1821, il est vendu par leurs héritiers à un négociant en charbons, Paul Métois. En 1844, celui-ci le revend à la famille Dupuy qui le revendra en 1874 à la famille Godard, importatrice de charbon. Ces négociants et industriels nantais l'habitent pour partie et louent le reste pour appartements ou locaux à usage commercial. La famille Grandjouan, son dernier propriétaire privé, l'acquiert en 1920 et en reste propriétaire jusqu'à la guerre.

En septembre 1943, l’hôtel Deurbroucq est bombardé et la totalité de l'aile orientale du bâtiment est détruite ainsi qu’une partie des murs de façades arrière. En 1945, l’Etat inscrit l’immeuble à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques afin de favoriser une reconstruction respectueuse du projet originel.

Hôtel Deurbroucq détruit, île Gloriette

Hôtel Deurbroucq détruit, île Gloriette

Date du document : 09-1943

Le petit hôtel est acheté par la société Peugeot. Devenu immeuble de bureaux, cette portion de l’hôtel est revendue en 1986 au Centre hospitalier régional qui la transforme en logements pour les cadres administratifs.

Après la Seconde Guerre mondiale, siège des tribunaux administratifs et de commerce

En 1949, le « grand » hôtel est acheté par le Département de Loire-Atlantique à la famille Grandjouan pour y installer le tribunal de commerce au rez-de-chaussée et le conseil de préfecture, ancêtre du tribunal administratif, au premier étage. D’importants travaux sont effectués : les façades arrières sont rebâties en totalité, une partie de la charpente est reprise pour pouvoir utiliser les combles. En 1975, la cour latérale est fermée et bâtie en partie par l’ajout d’un bureau pour le greffe. En 1982, ce bureau est agrandi dans la cour latérale qui se réduit à un simple espace d’entrée. En 1987, les toitures sont restaurées par l’ACMH, Serge Amineau, qui supervise également la restauration des balcons et ferronneries en 1992. En 1998, la façade et le fronton sommital sont restaurés.

Reconstruction partielle de l'hôtel Deurbroucq

Reconstruction partielle de l'hôtel Deurbroucq

Date du document :

Depuis le 1er janvier 2006, le bâtiment est occupé entièrement par le tribunal administratif. En 2009, pour pouvoir organiser la juridiction de manière plus rationnelle et regrouper l’ensemble du personnel sur un même site, il subit une transformation importante pour porter sa surface totale à 2 600 m² : sa grande cour arrière est fermée et couverte d’un toit terrasse pour devenir la grande salle d’audience ; le rez-de-chaussée sur rue est transformé pour accueillir la seconde salle d’audience et l’accueil ; les bureaux sont reconfigurés dans les étages et une cafeteria est créée au-dessus du nouveau mur de fond de la grande salle d’audience. Les nouveaux locaux de la juridiction sont inaugurés par le Vice-président du Conseil d’Etat le 5 juillet 2010.

Un témoin de l’architecture de la fin du 18e siècle

De l’ancienne « maison » Deurbroucq seuls sont conservés les façades, le passage couvert de la porte cochère, l’escalier d’honneur et ses mosaïques et quelques cheminées.

Aujourd’hui tournée vers le parking de la Petite Hollande, sa façade principale s'étend sur plus de 45 mètres de long. Ses étages en tuffeau sont élevés sur un rez-de-chaussée faisant office de soubassement en granit. Sa composition est symétrique selon un axe constitué par le corps central. Celui-ci, en léger ressaut, a trois travées. Son rez-de-chaussée est percé d’une porte cochère en arc plein cintre et de deux petites fenêtres rectangulaires à plates-bandes. Le premier niveau, légèrement plus haut que le second, est percé de portes-fenêtres rectangulaires, encadrées de bandeaux plats, dont les plates-bandes portent une clef hypertrophiée en forme de volute. Au-devant de ces trois ouvertures, un balcon ouvragé court d’un seul tenant sur la façade. Les niveaux sont séparés par un bandeau mouluré. Le second niveau reprend les mêmes dispositions mais les balcons sont séparés. Ce corps central est bordé par des pilastres bosselés et couronné par une frise de triglyphes et un fronton triangulaire armorié. De part et d’autre, les ailes latérales ont cinq travées et reprennent les dispositions du corps central.

Les façades en retour sont bâties en moellons de schiste enduit de mortier sur un soubassement en garnit. Les fenêtres rectangulaires sont soulignées par un encadrement plat en pierre mais ne possèdent pas de balcons, les niveaux sont séparés par un cordon plat. Elles se signalent uniquement par la présence de lucarnes sur les toitures.
Au-devant de la façade occidentale, un espace d’entrée agrémenté d’un petit jardin japonisant rappelle la présence d’une ancienne cour latérale.

L’entrée dans le tribunal s’effectue par la porte cochère de la façade principale. Celle-ci ouvre sur l’ancien passage couvert. Celui ne débouche plus dans la cour principale mais dessert le hall d’accueil et la grande salle d’audience.

La montée aux étages s’effectue par l’escalier d’honneur auquel on accède au moyen d’un premier palier ornée d’une mosaïque.

Au moyen d’une volée de marches, un second palier à mosaïque permet d’emprunter l’escalier suspendu à retour sur voûtes. Jusqu’au premier étage, les paliers sont ornés de mosaïques puis, le décor disparaît marquant ainsi la hiérarchie des étages et de leurs habitants. L’escalier est éclairé par des baies percées dans les murs extérieurs et par une cage d’ascenseur. Des demi-lunes, aujourd’hui obturées, sont percées dans les murs intérieurs pour apporter un second jour dans le couloir qui dessert l’aile en retour.

Chaque palier dessert un niveau de bureaux. Les accès depuis l’escalier ont été modifiés : les portes originelles, ouvertes sur les murs latéraux, ont été obturées pour être agrandies et ouvertes sur les murs qui font face aux paliers.

Dans le corps principal et dans l’aile orientale, les bureaux sont organisés en enfilade le long de chaque façade et desservit par un couloir central.

L’entrée dans l’aile orientale du corps principal s’effectue par une petite porte percée en façade.

Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole ; Service du Patrimoine, Inventaire général, Région Pays de la Loire
Inventaire du patrimoine des Rives de Loire
2021

Aucune proposition d'enrichissement pour l'article n'a été validée pour l'instant.

En bref...

Localisation : Ile Gloriette (quai de l') 6, NANTES

Date de construction : 1769

Auteur de l'oeuvre : Ceineray (architecte)

Typologie : architecture domestique

En savoir plus

Pages liées

Île Gloriette

Bombardements

Tags

Gloriette - Feydeau Hôtel particulier Négociant et marchand Île

Contributeurs

Rédaction d'article :

Julie Aycard

Vous aimerez aussi

Groupe scolaire des Marsauderies

Architecture et urbanisme

Située dans une partie de la ville restée longtemps rurale, l’école des Marsauderies prend le nom d'un des lieux-dits qu’elle occupe. Jusqu’au milieu du 20e siècle, « les Marsauderies »...

Contributeur(s) :Salomé Pavy , Irène Gillardot

Date de publication : 18/01/2023

1894

Piscine Léo-Lagrange

Architecture et urbanisme

Seconde piscine publique de Nantes, la piscine Léo-Lagrange est érigée sur l’ancienne île Gloriette disparue dans les comblements des deux bras de la Loire entre 1926 et 1946. Bâti...

Contributeur(s) :Julie Aycard

Date de publication : 05/03/2021

6306

Marin Poirier (1903-1941)

Personnalité nantaise

Né le 9 avril 1903, Marin Poirier était un cheminot et militant de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO). Engagé dans la résistance dès 1940, il fut arrêté par la...

Contributeur(s) :Quentin Gasteuil , Delphine Leneveu , Annie Pennetier ...

Date de publication : 27/08/2021

2104