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Benjamin Péret (1899 – 1959) Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul (2/2)

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Le dessous des sols : fouille archéologique de la place Athimon


Le diagnostic archéologique réalisé par la DPARC place Athimon, au cours du mois de mai 2013, a été entrepris suite au développement du projet de construction d’un restaurant dans un secteur archéologiquement sensible, puisque situé au cœur de la ville antique et médiévale de Nantes.

Commentaire historique

La zone d’intervention se situe dans le prolongement de la rue du Vieil Hôpital, à proximité de la confluence de deux anciens cours d’eau, la rivière d’Erdre à l’ouest et le bras de Loire de la Bourse au sud. Le contexte archéologique de la place Athimon est donc tout à la fois celui du cœur historique de la ville et des bords de l’Erdre.

Les premières occupations humaines du secteur sont attribuées à la période antique, mais il faut rappeler les carences des observations archéologiques faites à Nantes, particulièrement en ce qui concerne les périodes pré et protohistorique. La place Athimon occupe alors un espace délimité par les marais de l’Erdre à l’ouest et l’enceinte de l’Antiquité tardive à l’est.

Carte du tracé des enceintes antique et médiévale de Nantes

Carte du tracé des enceintes antique et médiévale de Nantes

Date du document : 30-11-2017

Cette dernière, observée en plusieurs endroits de la ville, longe à proximité de la zone investiguée l’actuelle rue de la Paix, probable voie du Haut-Empire donnant accès à la ligne de ponts qui permet le franchissement de la Loire vers le sud. De même, son tracé a été reconnu sous le château du Bouffay lors de sa destruction en 1847 ; une tour en petit appareil avec arases de briques a notamment été mise au jour, qui marque l’angle sud-ouest du castrum antique. A cette occasion, quatre blocs de calcaire sculptés d’une scène d’Amazonomachie ont été découverts en remploi dans les fondations du rempart.

Bas-relief du combat des Grecs contre les Amazones

Bas-relief du combat des Grecs contre les Amazones

Date du document :

Il s’agit là de la représentation d’un épisode mythologique grec, le combat des Amazones, très certainement récupérée sur une stèle funéraire du Haut Empire, dont la localisation exacte nous est inconnue. Outre cet ouvrage défensif, quelques découvertes de la même époque sont à signaler aux abords de l’emprise de l’opération : les travaux réalisés au 19e siècle rue de la Marne et place Sainte-Croix ont ainsi révélé des salles chauffées par hypocauste appartenant à un édifice plus vaste, probablement des thermes publics, tandis qu’une construction antique faite de murs maçonnés au mortier hydraulique a été observée rue des Halles.

Néanmoins, les historiens nantais s’accordent traditionnellement pour dater l’occupation dense de la rive gauche de l’Erdre du 13e siècle, à la faveur de l’extension de la ville close opérée par Pierre de Dreux, duc de Bretagne de 1213 à 1237. La création d’une nouvelle enceinte de ville, qui reprend peu ou prou le tracé de l’enceinte antique mais englobe en sus le quartier Saint-Nicolas, aurait en effet suscité l’aménagement et l’occupation des bords du cours d’eau [fig. 1]. Cette occupation est bien entendu maintenue durant la période moderne, qui se caractérise notamment par la construction, entre 1503 et 1508, du premier hôpital de Nantes, sur la rive de l’Erdre ; il sera délaissé pour celui de l’Hôtel-Dieu, érigé au 17e siècle sur l’île Gloriette. La chenalisation de l’Erdre et l’établissement de quais maçonnés interviennent à partir de la fin du 18e siècle, et auront cours jusque dans le second quart du 20e siècle, période à laquelle l’embouchure de l’Erdre est alors progressivement comblée, laissant place à l’actuel cours des Cinquante Otages.

Commentaire archéologique

Trois sondages ont été réalisés sur la parcelle investiguée, à l’aide d’une pelle mécanique et jusqu’à 2 m de profondeur environ. Toutefois, n’y ont été rencontrés que des couches de remblai et des constructions modernes et/ou contemporaines (maçonneries, sols pavés) ; aucun vestige archéologique ancien n’a été mis au jour. En effet, la stratigraphie du secteur s’est révélée profondément bouleversée par des caves récentes, ainsi que par des remblais qui sont venus les masquer ou les condamner lors de la reconstruction d’après-guerre.

Sondage archéologique, place Athimon

Sondage archéologique, place Athimon

Date du document : 19-06-2013

Pour exemple, la cave mise au jour dans le troisième sondage semble avoir été construite à la fin du 18e siècle ou au siècle suivant, comme le laissent envisager son niveau de sol en carreaux de terre cuite, très proche du niveau actuel, et la présence d’un bloc de tuffeau gris, matériau fréquemment employé dans les constructions nantaises contemporaines. Le cadastre « napoléonien » de 1835 figure effectivement, sur la place Athimon, des constructions dont on sait qu’une partie a disparu lors des bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Il est probable que cette construction appartiennent à l’une d’entre elles.

Plan du bâti actuel, place Athimon

Plan du bâti actuel, place Athimon

Date du document : 03-09-2013

De même, la niche de cave découverte au sein du deuxième sondage, dans le mur sud du bâtiment adjacent à la parcelle diagnostiquée est apparue à un niveau cohérent avec la construction précédemment évoquée.

Sondage archéologique, place Athimon

Sondage archéologique, place Athimon

Date du document : 19-06-2013

Elle permet tout au plus de confirmer le caractère bouleversé des niveaux supérieurs dans ce secteur de la ville.

Mathieu Laurens-Berge
Direction du patrimoine et de l'archéologie, Ville de Nantes/Nantes Métropole
2018

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En savoir plus

Bibliographie

Amouroux Dominique, Croix Alain, Guidet Thierry, Guyvarc'h Didier. Dictionnaire de Nantes. Rennes : Presses universitaire de Rennes, 2013. 1119 p.

Laurens-Berge Mathieu. Nantes (44). Place Athimon. Rapport de diagnostic archéologique. Nantes : DPARC, 2013. 35 p.

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Rédaction d'article :

Mathieu Laurens-Berge

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