
Le dessous des sols : fouille archéologique au 6-7 boulevard Van Iseghem
Le diagnostic archéologique réalisé par la Direction du Patrimoine et de l'Archéologie (DPARC) au 6-7 boulevard Van Iseghem, au mois de février 2014, a été entrepris suite au développement d’un projet de construction de logements collectifs dans un secteur de la ville relativement méconnu archéologiquement parlant, en rive droite de l’Erdre.
Commentaire historique
La chaussée de Barbin, qui barrait le cours de l’Erdre quelques mètres en aval de l’actuel pont de la Motte-Rouge, est depuis longtemps considérée par les archéologues et historiens nantais comme un point de passage utilisé depuis l’Antiquité pour franchir l’Erdre depuis le centre-ville et rejoindre la route en direction de Blain, Rennes et Vannes.

Plan des faubourgs et lieux de Richebourg, Saint-Donatien, Saint-André, Barbin
Date du document : 1711
L’historiographie locale attribue volontiers, et sans grand fondement, sa construction à Saint Félix, évêque de Nantes entre 548 et 582, mais en réalité l’époque de son édification reste pour le moment inconnue. Ses états les plus tardifs du début du 19e siècle, visibles sur les plans anciens de la ville, laissent voir une levée de pierre à une arche surmontée d’un simple pont en bois, resserrant artificiellement le cours de l’Erdre afin de réguler le niveau de la rivière en amont. La construction du pont de la Motte-Rouge, inauguré en 1886, entraîne non seulement la disparition de l’ancienne chaussée en 1890, mais aussi un décalage vers le nord de l’axe de franchissement de l’Erdre.

Chaussée de Barbin et pont de la Motte Rouge
Date du document : 1885
Ce désaxement s’accompagne de l’aménagement de la rive droite du cours d’eau et de la création des quais du boulevard Van Iseghem, où est localisée l’opération qui nous occupe.
En-dehors de cette chaussée, seules deux petites carrières d'extraction de granite, au comblement récent, ont été localisées boulevard Orieux, quelques centaines de mètres plus au nord.
Commentaire archéologique
Lors de la réalisation du diagnostic, les constructions préexistantes étant toujours en élévation et occupées par leurs habitants, seuls deux sondages mécaniques de taille restreinte ont pu être réalisés dans les jardins situés en arrière des bâtiments. Les résultats de l’opération s’avèrent assez maigres, puisque la stratigraphie du site se résume à des remblais contemporains posés directement sur le terrain naturel. Les deux sondages présentent toutefois une stratigraphie différente, sur laquelle il convient de s’arrêter un instant. Dans le premier sondage, au nord-est, le terrain semble avoir fait l’objet d’un léger décaissement si l’on en juge par la relative faible épaisseur du niveau d’altérite, puis d’un remblaiement massif à l’aide, notamment, de matériaux de démolition. Ce décaissement peut trouver une explication avec l’établissement des bâtiments perceptibles sur le cadastre de 1835, alors que la nature des remblais et le mobilier découvert renvoient à leur destruction, sans doute à l’occasion de la construction des bâtiments actuels durant l’entre-deux-guerres.

Détail du mobilier récent mis au jour au sein du premier sondage
Date du document : 04-02-2014
Le second sondage a quant à lui révélé un important creusement, de 3,20 m de profondeur.

Vue de la paroi nord-est du second sondage
Date du document : 04-02-2014
Les données livrées par la première tranchée, ainsi que les résultats obtenus par le biais de six sondages géotechniques réalisés avant le début de l’opération, indiquent qu’il s’agit là d’un décaissement assez limité dans l’espace. Son comblement, en particulier une couche de déchets de taille redéposés dans le creusement afin de niveler le terrain préalablement à son occupation, l’identifie à une carrière d’extraction de blocs de schiste, d’ampleur limitée et de datation inconnue, le mobilier étant totalement absent des comblements.
Aucun vestige archéologique n’a donc été découvert lors de cette opération, à l’exception de cette petite carrière d’extraction de schiste, matériau que l’on retrouve très fréquemment dans les constructions nantaises, quelles que soient les époques. Ce résultat n’est pas sans rappeler les conclusions des recherches archéologiques récentes conduites sur le boulevard Eugène Orieux, qui ont révélé ce même type de structure en lien avec une recherche de matériaux, dans ce cas du granite.
Christian Le Boulaire, Karine Prêtre
Direction du Patrimoine et de l’Archéologie, Ville de Nantes / Nantes Métropole
2014
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Rédaction d'article :
Christian Le Boulaire, Karine Prêtre
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